Ibrahim Al-Ajlouni, intellectuel et auteur jordanien employé au ministère de la Culture, ancien rédacteur en chef des pages culturelles du quotidien gouvernemental Al-Rai, écrit aujourd’hui une tribune régulière pour le journal. Dans celle du 19 avril 2017, intitulée « Du sang palestinien pour la matsa sioniste », Al-Ajlouni a repris à son compte l’accusation de meurtre rituel de Damas, selon laquelle les Juifs auraient tué un moine chrétien à Damas en 1840 et utilisé son sang pour fabriquer les matsot de Pâque. Al-Ajlouni a déclaré qu’il mentionnait cette affaire au regard du « sang des Arabes et des Palestiniens versé dans toutes les parties de la Palestine » et au regard de l’influence considérable des sionistes sur les pays occidentaux et leurs gouvernements, influence qui place la oumma arabe dans un état de faiblesse et de frustration. Il a prédit, cependant, que cette situation prendrait fin tôt ou tard et appelé les Arabes à reconnaître leurs ennemis comme tels, malgré leurs objections, et à compter sur leur propre force pour s’opposer à eux et améliorer leur situation. Extraits : [1]
Un événement historique bien connu de 1840 était [l’incident dans lequel] un groupe de Juifs a tué un prêtre chrétien français à Damas avec son garde du corps syrien et a distillé leur sang, pour faire des matsot pour une fête talmudique [c’est-à-dire juive]. Les criminels ont été capturés et condamnés à mort. Mais la peine n’a jamais été appliquée, en raison de l’intervention de politiciens français que Mohammed Ali Pacha, gouverneur d’Egypte (qui gouvernait également Damas), voulait apaiser… Les gens qui sont intervenus avec le gouverneur égyptien [en faveur des criminels] ont exigé de juger à nouveau les criminels qui avaient avoué leur crime. Mohammed Ali Pacha ne s’est pas contenté d’essayer d’apaiser [les Français], mais a émis un décret pardonnant [aux criminels].
Malgré cela, des documents indiquent que les dirigeants sionistes ont refusé d’autoriser que le pardon apparaisse dans le décret des gouverneurs égyptiens. Ils ont exigé de le rayer, car sa mention constituait la preuve que le crime avait eu lieu et ils étaient déterminés à n’en laisser aucune trace et à ce que l’histoire l’occulte.
Fait encore plus étrange, les sionistes ont retrouvé un livre [en français écrit] à propos de cette affaire et ont acheté [chaque] exemplaire disponible sur le marché. [2] Mais Allah a permis à un copte égyptien [de trouver un exemplaire de celui-ci], et il l’a traduit [en arabe]. Un célèbre érudit syrien, Mustafa Al-Zarqa, a écrit une introduction au livre [3], dans laquelle il évoque la tradition talmudique de verser le sang des « goyim », en particulier des chrétiens, pour préparer cette étrange matsa que les Fils de Jéhovah [les Juifs] trouvent exécrable lorsqu’elle n’est pas [parfumée] du sang de non-Juifs, notamment de sang des disciples de Jésus.
Je le dis cela au regard du sang des Arabes et des Palestiniens qui a depuis toujours été versé ou répandu dans toutes les parties de la Palestine, dans le but [de fabriquer] une matsa sioniste dont les dimensions sont celles de la terre occupée. Je le dis aussi à la lumière de l’influence considérable que les sionistes exercent dans les pays occidentaux, [pays] qui se disent chrétiens, mais qui camouflent en réalité une croyance au Talmud, et devant l’impact que cela a sur notre Mashreq arabe et islamique [les pays du bassin oriental de la Méditerranée]. Je le dis surtout au regard de la tendance [des Arabes] à se soumettre et à être dupés, [ce] qui frappe notre nation de faiblesse, de frustration, d’embarras et de confusion.
Le sionisme a réussi à se dépeindre [non comme] un loup, mais comme un agneau innocent et victimisé, et a gagné tant de force qu’il détient à présent les rênes du pouvoir dans de nombreux gouvernements orientaux et occidentaux. Mais tout cela finira tôt ou tard. Lorsque la nation arabe retrouvera la santé mentale et spirituelle, tout cela disparaîtra. Certaines personnes intelligentes, même parmi les Juifs eux-mêmes, saisissent ce que nous comprenons et prédisent que la tentative d’assaut des sionistes contre nos pays connaîtra un terme avant le milieu de ce siècle ou à la fin de ce siècle, au plus tard. Que ces Juifs intelligents croient que le royaume de Jérusalem existe dans le ciel et non sur la terre, ou qu’ils croient que les Juifs doivent rejoindre les nations [du monde et adhérer] aux valeurs de fraternité et d’égalité – chassant [leur] arrogance et leur racisme – [ces juifs intelligents] représentent une réalité que nous, Arabes et musulmans, devons utiliser à notre avantage. Mais cela [n’arrivera que] si nous réussissons à nous départir de la désastreuse confusion qui tue nos esprits, [confusion] qui a quasiment plongé notre réalité culturelle et politique dans l’obscurité et a rendu l’oumma tout entière faible et dépendante à tous égards, face aux ennemis qui sont à l’affût.
Les implications de ces faits pointent vers deux directions. Tout d’abord, elles nous permettent de comprendre clairement qui sont nos ennemis, même s’ils prétendent [le contraire]. Deuxièmement, elles nous incitent à puiser dans nos propres forces et sources de libre arbitre, afin de nous départir de cette [impuissance] et de chasser ceux qui la renforcent, [en les poussant à faire marche-arrière] dans l’humiliation.
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Al-Rai (Jordanie), 19 avril 2017.
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