On affirme hâtivement, depuis quelques années, que «la droite a gagné la bataille des idées», ce qui, bien entendu, satisfait ceux qui se disent de droite, même s’ils sont convaincus, n’étant pas des gramsciens orthodoxes, qu’il ne suffit pas de prendre le pouvoir culturel pour parvenir au pouvoir politique. Les résultats de la dernière élection présidentielle en témoignent avec éloquence. Mais le cliché circule aussi à gauche, du moins dans certains milieux de la gauche intellectuelle résiduelle qui ont professionnalisé l’observation des droites, dites extrêmes, réactionnaires ou conservatrices.
Cette gauche intellectuelle et culturelle, habituée depuis l’ère mitterrandienne à fréquenter les lieux du pouvoir, s’est sentie menacée durant les pitoyables dernières années du hollandisme. Poursuivant sa lente et inexorable sortie de l’Histoire, cette gauche a été saisie par la conscience malheureuse. Elle s’est découverte sans doctrine ni chef. Elle qui se célébrait en tant que gardienne de l’intelligence et de la pensée critique, porte-parole des vertus morales et civiques, porteuse d’un avenir radieux, elle qui se glorifiait d’attirer tant de scientifiques, de philosophes, d’artistes et d’écrivains, a dû reconnaître qu’elle ne rayonnait plus.
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