Il y a 33 ans, le tueur de Kansas City avait déjà la haine

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Reportage de Robert Satloff, Directeur du Washington Institute for East Policy, publié dans le Washington Post le 15 avril 2014

Lorsque j’ai appris que l’homme accusé d’avoir tué des innocents dimanche dernier dans un centre communautaire et une maison de retraite juifs à Kansas City était un ancien membre du Ku Klux Klan nommé Glenn Miller, mon sang s’est glacé. Il y a 33 ans, lorsque j’étais étudiant à l’Université Duke, j’ai lu un jour dans le Raleigh News & Observer un petit article qui parlait de Miller, à l’époque “grand dragon” des Chevaliers du Ku Klux Klan en Caroline. Il dirigeait un camp d’entraînement paramilitaire dans une zone rurale en Caroline du Nord.

Je n’arrivais pas à comprendre comment, à la fin du XXe siècle aux États-Unis, le KKK pouvait opérer au grand jour à mois d’une heure de route des prestigieuses universités. J’écrivais pour le journal de Duke, le Chronicle, et j’avais donc fait donc ce que tout journaliste ferait : j’avais appelé Miller et lui avais demandé de m’accorder une interview. Toujours en quête de publicité, il avait accepté. Mais il avait une condition : “Je vous préviens, nous ne sommes pas de ces employeurs qui favorisent la diversité”, m’informa-t-il. “Alors, ne vous ramenez pas avec un Juif ou un Noir.”


Un entretien en immersion

Je suis juif. Mais avec l’inconscience de la jeunesse, je décidai de mentir et d’accepter sa condition. Pour plus de sécurité, je me fis couper les cheveux en brosse, mis une croix autour de mon cou, me procurai une fausse carte de presse au nom de Robert Statler Jr. et demandai à notre reporter-photographe, Shep Moyle, un grand blond avec une belle gueule, de m’accompagner.

Le samedi matin suivant, nous avons pris la voiture, traversé la petite ville d’Angier et avalé la poussière de la Route 1312 jusqu’à la ferme de Miller. Quelques hommes, la plupart en tenue de combat, vaquaient à leurs occupations. Beaucoup portaient des fusils. Il y avait également une femme blonde, enceinte, avec deux jeunes enfants. Ils jouaient avec une carabine en plastique.

“Ça sent le Juif”

La première chose que Miller m’a dite en me voyant a été : “Vous êtes Juif ?” Non, lui ai-je répondu. “Je ne laisse aucun Juif entrer sur mes terres, alors mieux vaut pour vous que vous ne mentiez pas”, m’a-t-il prévenu. J’ai tenu bon, et nous avons commencé l’interview. Pendant une dizaine de minutes, je lui ai posé des questions banales, lui demandant où il était né, où il était allé à l’école, quelle était son expérience militaire, etc.

Je pensais que nous avions réussi notre coup lorsque soudain, un homme de corpulence moyenne vêtu d’un uniforme nazi a fait signe à Miller. Ils sont partis discuter dans la cuisine. Lorsque Miller est revenu, il s’est mis à renifler. “Ça sent le Juif”, a-t-il dit. J’ai à nouveau nié. Mais son opinion était faite.

J’ai passé les deux heures trente qui ont suivi sous surveillance armée, enfermé dans la voiture qui fumait sous un soleil de plomb, pendant que Shep poursuivait l’interview. Trois hommes, parfois quatre, me tenaient à l’oeil sous les ordres du nazi en uniforme. Toutes les trente minutes, l’un d’eux s’approchait de la voiture pour me mettre une arme sous le nez et vérifier que je ne prenais pas de photos.

Miller a toujours eu un fusil et il s’en est servi

Pour Miller, j’étais une cause perdue, mais il a tenté de recruter Shep. “Il m’a dit : “Je parie que ces Juifs à Duke ne se mélangent pas avec vous autres les Blancs, pas vrai ?” m’a-t-il raconté plus tard.

À 17 heures 30, Shep est sorti de la maison en bois et on nous a ordonné de quitter les lieux. Nous sommes allés directement au village pour parler aux habitants et leur demander ce qu’ils pensaient d’avoir le Klan près de chez eux. Le Sergent Randy Cooke, de la police de Benson, a résumé ce qu’on nous avait dit de Glenn Miller : “Je dirais qu’il est du genre bon voisin”.

À l’époque, je croyais qu’on ne voyait plus ce type de choses aux États-Unis. J’avais tort.

Shep et moi avions de quoi produire d’excellents articles, et ils ont fait le tour des médias. Après les événements de ce week-end, je suis allé chercher dans mes cartons au garage l’exemplaire jauni du journal que j’avais archivé il y a si longtemps. Il date du 15 avril 1981.

Miller était un antisémite raciste et violent lorsque je l’ai rencontré il y a 33 ans et il n’a manifestement jamais changé. Il a toujours eu un fusil. Cette fois, hélas, il s’en est servi.

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