Séquestration, violence, viol : le jeune couple de Créteil, agressé lundi 1er décembre, comme le vieil homme roué de coups au début du mois de novembre dans cette même ville du Val-de-Marne, ont été visés parce que juifs. Leurs agresseurs présumés ont été mis en examen pour violences « en raison de l’appartenance religieuse ». Ils ne semblent pas avoir agi pour des raisons idéologiques, liées à quelque situation géopolitique, circonstances qui ont pu « expliquer » – si tant est qu’on puisse trouver une explication à la barbarie – la tuerie du Musée juif de Belgique en mai dernier ou les assassinats de Toulouse en 2012. Ils auraient choisi leurs victimes au nom d’un insupportable cliché : les juifs auraient de l’argent et seraient à ce titre des cibles prioritaires pour des cambrioleurs ! Ces stéréotypes ethniques ou religieux sont le ferment nauséabond de tout racisme.
Les responsables politiques ont exprimé leur indignation. Sans attendre, l’Union des mosquées de France a également condamné « avec la plus grande vigueur » l’agression de Créteil, s’inquiétant d’une recrudescence des actes de racisme et d’antisémitisme. Les musulmans français savent bien, en effet, qu’eux-mêmes portent le soupçon d’être intolérants à l’égard des juifs et ils connaissent la réalité du regard négatif des autres sur eux et sur l’islam, dans un contexte international marqué par les dérives djihadistes.
Les agresseurs et les agressés habitaient dans un même quartier d’une ville de banlieue parisienne aux populations mélangées. Cet antisémitisme « de voisinage » détruit ce que les habitants, dans leur grande majorité, essaient de partager. Sera-t-il le déclencheur d’un mouvement de solidarité et d’entraide ? Sera-t-il, au contraire, une incitation à se replier sur soi et sa communauté, à bâtir des murs ? Les signaux et les images de haine venus d’ailleurs sont inquiétants ; comment agir pour ne pas les importer dans notre pays, comment protéger l’envie de vivre ensemble, de connaître l’autre, différent, au-delà des idées reçues que l’on peut avoir sur lui ? La réponse – indispensable sursaut – est en chacun de nous, comme elle est entre les mains de tous les responsables politiques et religieux.
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