Controverse sur la normalisation : un député égyptien expulsé du Parlement après avoir rencontré l’ambassadeur israélien

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Au cours des derniers jours, le monde politique en Egypte a été ébranlé par une rencontre entre le député et homme de médias égyptien Tawfiq Okasha et l’ambassadeur israélien en Egypte, Haim Koren, ainsi que par des rapports sur des relations entre les deux pays dans le domaine sportif. La controverse se focalise sur la question de savoir si, et jusqu’à quel point, l’Egypte devrait normaliser ses relations avec Israël.

Figure haute en couleurs, Okasha, propriétaire de la chaîne de TV par satellite Al-Farain, est expert pour susciter des provocations qui font la “Une” de l’actualité. Après avoir été élu au Parlement fin 2015, il a annoncé qu’il allait démissionner et quitter le pays, parce qu’il était la cible de menaces d’arrestation et d’assassinat de la part des forces de sécurité égyptiennes.[1] Par la suite, après s’être rétracté, il a présenté sa candidature au poste de président du Parlement, alors même qu’il n’avait guère de chance d’être élu.[2] Il a continué de faire les titres après l’élection du nouveau Parlement : à une occasion il s’est scotché la bouche pour protester contre le fait d’avoir été, d’après lui, interdit de parole au cours de la session parlementaire.[3]

Okasha a une orientation politique bien déterminée. C’est un opposant virulent à la révolution du 25 janvier en Egypte et aux révolutions du Printemps arabe en général ; dans un livre à paraître, il les décrit comme la conséquence d’un plan ourdi par les sionistes, les francs-maçons et la droite chrétienne américaine, afin de détruire les pays arabes.[4] Au vu de ce qui précède, l’information publiée le 25 février 2016, selon laquelle il aurait invité à dîner l’ambassadeur israélien, semble encore plus étrange. Pour expliquer cette invitation, il a affirmé qu’il voulait clarifier un certain nombre de points sur son livre, ayant entendu que l’ambassadeur Koren était un universitaire. A ceux qui ont protesté contre sa rencontre avec Koren, Okasha a rétorqué que s’ils y étaient tellement opposés, ils devaient annuler les accords de Camp David.[5]


Après ce dîner, Okasha a rapporté le sujet de ces entretiens. Il a affirmé que l’ambassadeur Koren avait exprimé le souhait de voir s’instaurer de bonnes relations avec les Egyptiens, et qu’il avait répondu par plusieurs demandes : Israël devrait résoudre la question de la construction par l’Ethiopie d’un nouveau barrage, dont l’Egypte craint qu’il ne réduise le débit du Nil dans son pays ; Israël devrait renoncer aux dommages et intérêts que lui a accordés l’arbitrage international suivant l’annulation par l’Egypte en 2012 d’un contrat de gaz naturel, et Israël devrait payer des dommages et intérêts pour le bombardement par ses forces aériennes d’une école égyptienne en 1970.[6]

La rencontre entre Okasha et l’ambassadeur israélien a suscité la fureur des opposants égyptiens à la normalisation avec Israël. A l’approche de la session parlementaire du 28 février 2016, certains des collègues d’Okasha ont appelé à le sanctionner. La question de cette rencontre ne devait tout d’abord pas faire l’objet d’un débat public, pour ne pas embarrasser l’Etat qui entretient des relations diplomatiques avec Israël,[7] mais elle a finalement été portée à l’ordre du jour. Sachant qu’il allait affronter des critiques, Okasha a appelé ses partisans à manifester devant le Parlement.[8] A l’intérieur du bâtiment, le débat a dégénéré, à un tel point que le député nasseriste Kamal Ahmad a frappé Okasha avec sa chaussure. Plusieurs députés ont demandé qu’Okasha soit contraint de démissionner du Parlement, et il a finalement été décidé qu’une commission spéciale serait constituée pour enquêter sur cette rencontre.[9]

La commission a conclu qu’en rencontrant un ambassadeur étranger pour discuter du barrage éthiopien sans autorisation du pouvoir exécutif, Okasha avait enfreint la loi et porté atteinte à la sécurité nationale de l’Egypte et au principe de séparation des pouvoirs. La commission a recommandé de l’exclure des débats parlementaires jusqu’à la fin de la session actuelle, c’est-à-dire pour une période de neuf mois environ. Toutefois, le Parlement a rejeté cette recommandation et, au terme d’un débat houleux le 2 mars 2016, il a décidé de l’expulser du Parlement. La majorité des deux-tiers requise pour cette décision a été obtenue facilement : 465 des 490 députés présents l’ont soutenue, avec 16 opposants et neuf abstentions.

La rencontre d’Okasha avec l’ambassadeur Koren n’est pas le seul événement récent à avoir placé la question de la normalisation en une de l’actualité égyptienne. A la mi-février, le porte-parole de l’Association du football égyptien Azmi Moujahid a affirmé dans son talk-show sur la chaîne Al-Assema qu’il n’y avait aucune raison pour que les équipes égyptiennes ne jouent pas en Israël, et que le Qatar était un plus grand ennemi de l’Egypte qu’Israël. [10]

En outre, le 26 février 2016, le quotidien égyptien Al-Watan a publié des documents qui, selon lui, prouvent que l’équipe de football égyptienne Zamalek SC avait acheté le joueur zambien Emmanuel Mayuka avec la médiation de l’agent israélien Nir Karin, qui aurait reçu 300 000 $ pour cette transaction. Le quotidien a publié un contrat portant la signature de Karin en hébreu, à côté de celle du président du Zamalek SC et du député Mortada Mansour.[11] Mansour a affirmé que sa signature avait été contrefaite, mais le journal a précisé que le contrat avait été déposé auprès de la FIFA.[12]

En plus des protestations et des mesures parlementaires à l’encontre d’Okasha, de nombreux journalistes et personnages publics se sont exprimés sur la question de la normalisation dans la presse égyptienne. Plusieurs des articles parus sur le sujet ont condamné la normalisation, la qualifiant de moralement répréhensible, évoquant la mémoire des soldats tombés dans les guerres avec Israël et affirmant qu’Israël cherchait à nuire aux pays arabes, en soulignant que si les accords de paix pouvaient être contraignants pour l’Etat égyptien, ils ne l’étaient pas pour le peuple égyptien. D’autres ont écrit en faveur de la normalisation, la qualifiant de naturelle et de collaboration utile pour promouvoir des intérêts communs, exprimant en outre le regret que l’Egypte redoute apparemment encore la paix.

Lire les extraits de presse traduits en anglais

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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