Discours de M. le Président de la République

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Palais de l’Elysée, mardi 27 mars 2012

Messieurs les Ministres,


Mesdames, Messieurs,

La France vient de traverser une épreuve terrible.

Un terroriste implacable a semé la mort sur son passage pendant huit jours.

Huit jours de trop, et surtout sept morts de trop.

Ses victimes ont été ciblées avec un soin diabolique ; il voulait tuer des enfants, il voulait tuer des soldats.

Les soldats parce qu’ils avaient choisi de défendre la République,

Les enfants parce qu’ils étaient juifs, tout comme ce père abattu avec eux.

Des enfants, des soldats, la République.

Voilà ce que ce monstre froid a voulu toucher à bout portant.

Pendant ces quelques jours, la France a été la cible d’une véritable attaque terroriste.

Pendant ces quelques jours, la France a retenu son souffle.

Pendant ces quelques jours, la France a été admirable.

Elle aurait pu céder à la panique, à l’amalgame, à la violence.

Quel pays n’aurait pas été profondément déstabilisé par une tuerie d’une cruauté sans bornes ?

Comment ne pas crier vengeance devant trois petits cercueils d’enfants ?

Comment ne pas crier vengeance devant la douleur insondable d’une mère qui a vu son mari et ses deux enfants être assassinés en quelques secondes ?

Et comment ne pas crier vengeance devant des cercueils drapés de nos couleurs ?

La France, au contraire, a tenu, elle n’a pas réclamé vengeance, elle est restée unie et rassemblée.

On dit beaucoup de choses de notre pays, mais lorsque le malheur frappe, la France, ce vieux pays forgé par les épreuves, sait faire taire ses querelles pour faire face.

La France a été digne. La France a été forte.

Si les Français sont restés calmes dans une période aussi angoissante, alors que le danger pouvait être partout et la mort surgir de nulle part, c’est qu’ils savaient pouvoir faire confiance aux forces qui sont chargées de veiller sur eux.

Les Français ne connaissent ni le nom, ni le visage de la plupart d’entre vous, mais ils ont une parfaite conscience du rôle que vous jouez. Ils savent que vous veillez sur leur sécurité autant qu’à la sauvegarde de la République.

Si je vous ai réunis ce matin à l’Élysée, c’est pour vous dire que vous avez été, collectivement, à la hauteur de la confiance de nos compatriotes.

C’est donc au nom des Français que je tiens à vous dire mon estime et la reconnaissance de toute la Nation.

J’ai dit à Claude GUÉANT que la République s’honorait d’un serviteur tel que lui.

Je vous dis, ce matin, que la République s’honore de votre comportement.

L’assassin a été identifié moins de dix jours après son premier meurtre. Souvenons-nous qu’en d’autres temps, sous d’autres gouvernements, il a fallu plus de quatre ans pour ne jamais parvenir à arrêter l’assassin d’un préfet de la République, lui aussi abattu à bout portant.

J’ai déjà eu l’occasion de le dire, pour les victimes, pour leurs familles, ce sont huit jours de trop, sept morts de trop, mais le matin même du jour où il a été encerclé, le tueur avait planifié d’autres crimes, d’autres meurtres. Il voulait tuer plus, plus encore. Tuer pour mettre la France à genoux, a-t-il dit.

La France n’a pas été mise à genoux et, grâce à votre travail, elle a tenu tête.

Je veux féliciter les magistrats qui ont dirigé l’enquête, et saluer le professionnalisme de François MOLINS et Michel VALET.

Je veux féliciter les services de police qui, sous l’autorité de Frédéric PÉCHENARD, Christian LOTHION et Bernard SQUARCINI, ont participé à l’enquête et leur dire combien j’ai apprécié que la direction de la police nationale, la direction centrale de la police judiciaire, la sous-direction de la lutte antiterroriste et la direction centrale du renseignement intérieur aient mobilisé toutes leurs forces et travaillé en étroite collaboration.

Je veux évidemment remercier les membres du Raid qui ont été d’un courage formidable et saluer la parfaite maîtrise d’Amaury DE HAUTECLOQUE, leur patron, qui a tout fait pour essayer de s’emparer de ce terroriste vivant, mais qui n’a jamais pris le risque d’exposer la vie de ses hommes.

Toute vie est trop précieuse pour la risquer dans une mission impossible. En refusant de se rendre après de longues négociations et en tirant à l’arme de guerre sur les hommes du Raid, le tueur savait ce qu’il faisait.

Quatre hommes ont été blessés. Ils sont tous présents, parmi nous. Je veux les remercier pour leur courage, je dirais leur héroïsme. Je veux remercier leurs proches pour le soutien qu’ils leur apportent.

Les opérations de Toulouse étaient à peine terminées que certains allumaient déjà la mèche de polémiques honteuses.

La France était encore glacée d’effroi par la cruauté de ces crimes que certains décidaient de courir les plateaux et de battre les estrades pour dénoncer le travail des forces de l’ordre.

La critique est indissociable du bon fonctionnement de notre démocratie.

La remise en cause permanente et systématique de toute autorité est devenue une constante. Certains croient se grandir en abaissant tous ceux qui attachent au mot « devoir » plus de valeur qu’au mot « dérision ».

Lorsque j’ai appris qu’une manifestation de femmes voilées avait été organisée pour protester contre la mort d’un tueur, j’ai donné des instructions pour qu’elle soit immédiatement dispersée. Nous ne tolèrerons pas sur le territoire de la République de tels agissements.

Et c’est avec indignation que j’ai appris que le père de l’assassin de sept personnes, dont trois soldats et trois enfants, voulait porter plainte contre la France pour la mort de son fils. Faut-il rappeler à cet homme que son fils avait filmé ses crimes et pris le soin diabolique de faire parvenir ces images ignobles à une chaîne de télévision ?

Je demande aux responsables de toutes les chaînes de télévision qui auraient ces images en leur possession de ne les diffuser sous aucun prétexte. Par respect pour les victimes et par respect pour la République. Ces mises en cause de notre pays sont indécentes, elles sont indignes et elles ne resteront pas sans conséquence.

Je ne laisserai pas porter atteinte à l’honneur de ceux qui ont mis un tueur hors d’état de nuire. Je ne laisserai pas porter atteinte à l’honneur de la France.

Je soutiens et j’assume la totalité des décisions qui ont été prises au cours de cette affaire, tant par l’autorité judiciaire que par les services des ministères de l’Intérieur et de la Défense – Gérard Longuet.

Il est toujours facile de donner des leçons. Mais lorsque l’on doit regarder la mort en face, la sienne, ou celle des autres, il en va tout autrement.

Ceux qui sont présents aujourd’hui connaissent le poids de cette responsabilité. Les autres ne font qu’en entendre parler. C’est une immense différence.

Je laisse les polémiques à leurs auteurs et ces mêmes auteurs à leurs contradictions.

Pour l’heure, il faut agir.

Nous avons agi pour mettre un terme à la trajectoire sanglante d’un tueur.

Nous devons agir pour que ce parcours reste un drame isolé.

Nous devons tirer toutes les conséquences d’une trajectoire qui, à un moment donné, permet à un petit délinquant de banlieue de basculer sans étape vers le terrorisme radical.

C’est dans ce but qu’avec le Premier ministre nous avons pris les décisions suivantes:

– Permettre aux enquêteurs et à la justice d’enquêter avec les moyens procéduraux de la lutte antiterroriste sur les sites d’appel au djihad.

– Créer un délit de consultation habituelle de sites Internet qui font l’apologie d’actes de terrorisme et qui peuvent aider à les commettre.

– Nous allons aussi faire accélérer les procédures d’expulsion pour motif d’ordre public. Les extrémistes jouent de notre formalisme administratif. Notre devoir est d’être plus efficaces.

C’est pour cette raison que je suis intervenu directement pour que des prédicateurs qui prennent notre système de valeurs pour cible permanente restent chez eux. Nous n’en voulons pas sur le territoire de la République française.

C’est pour cette raison — je le dis ici avec la plus grande fermeté — que tous ceux qui ont tenu des propos infamants contre la France ou contre les valeurs de la République ne seront pas autorisés à entrer dans notre pays. La France n’a pas vocation à accueillir ceux qui profanent ses valeurs fondamentales.

Par ailleurs, avec le Premier ministre, nous avons demandé au Garde des Sceaux de conduire une réflexion urgente et approfondie pour lutter contre la propagation des idéologies extrémistes en prison. Les prisons sont là pour protéger les citoyens des éléments les plus dangereux de la société. Elles ne doivent pas devenir le terreau fertile de l’extrémisme.

Enfin, j’ai demandé à la DCRI, en lien avec la DGSE, de vérifier de façon approfondie la situation sur notre territoire de toute personne signalée comme représentant un risque potentiel pour la sécurité nationale.

La République française repose sur un socle sacré: la liberté.

Si cette liberté est menacée, la République doit pouvoir se défendre, dans le respect des lois et de nos principes fondamentaux, mais avec efficacité.

Pour cela, elle a besoin de vous.

De votre respect des règles et des procédures, comme de votre détermination sans faille.

Je sais pouvoir compter sur les deux et, au nom de la Nation tout entière, je tenais à vous en remercier.

Vous êtes des femmes et des hommes qui font honneur à la France. Soyez certains que ce que je dis, 65 millions de Français le pensent. N’écoutez pas les polémiques. Vous avez fait votre devoir, vous pouvez être fiers de ce devoir.

Vive la République.

Vive la France.

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