* Par : E.B. Picali
Ces deux dernières années, des voix chiites libanaises se sont fait entendre ici et là pour exprimer critiques et ressentiment face au Hezbollah, suite à son implication militaire en Syrie. Depuis août 2012, les chiites libanais anti-Hezbollah expriment une désapprobation discrète à l’égard du Hezbollah dans la presse libanaise, pour avoir pris part aux combats en Syrie. Les médias affiliés au Hezbollah ont fustigé ces critiques, accusant même ces chiites de trahison et les qualifiant de « chiites de l’ambassade américaine ».
Peu à peu, ce mouvement de désapprobation a pris de l’ampleur, même au sein de la population chiite pro-Hezbollah, et notamment des familles dont des membres sont tombés au combat. Les médias font état de fissures au sein de l’organisation sur la question. Une journaliste chiite libanaise qui se présente comme une adepte de la résistance a même écrit dans un récent article que le Hezbollah est une organisation « immorale et meurtrière ».
Ces voix issues de la communauté chiite, et les articles sur les jeunes chiites peu motivés à rejoindre les rangs du Hezbollah, reflètent un manque de confiance en l’organisation et indiquent que son statut s’est détérioré auprès d’une population qui lui était traditionnellement fidèle.
Dans ces circonstances, les adversaires chiites du Hezbollah, politiciens ou journalistes, se sont mis à exprimé plus librement leur point de vue. Devant le nombre très élevé de victimes civiles tombées dans les combats pour la prise d’Alep et ses environs opposant les deux parties – le régime Assad, le Hezbollah et d’autres milices contre les rebelles – une nouvelle vague de critiques a vu le jour.
Divers articles et témoignages, ainsi que les discours du secrétaire général Hassan Nasrallah, indiquent que même la population chiite libanaise, qui a toujours soutenu le Hezbollah, est désormais moins convaincue de la justesse de sa voie en Syrie, découragée aussi devant le nombre de morts et de blessés de l’organisation qui retournent au Liban, alors qu’aucune issue à la guerre ne se profile à l’horizon. Selon les médias, environ 1 500 membres auraient déjà été tués. Selon un article, de jeunes chiites – y compris des fils de responsables du Hezbollah – fuient vers l’Europe, de peur d’être recrutés au combat.
Les résultats des dernières élections dans les bastions du Hezbollah au Sud-Liban, Dahiya, et au nord de la Bekaa montrent également que certains parmi les pro-Hezbollah sont mécontents des représentants de l’organisation.
* E. B. Picali est chargée de recherche à MEMRI.
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