Ils arrivent par petits groupes, à pied, sans valises, sans affaires. Sans rien. Nous sommes à Kalak, sur la ligne de front entre l’armée kurde et l’État islamique située à une trentaine de kilomètres d’Erbil. Coincés à Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak située à une trentaine de kilomètres de Mossoul, tombée aux mains des djihadistes de l’État islamique et quasiment vidée de ses 45000 habitants dans la nuit du 7 au 8 août dernier, quelques dizaines de chrétiens ont enfin pu partir. L’État islamique leur a donné le choix : se convertir à l’islam ou quitter leur ville. Ils ont préféré partir, abandonnant tout derrière eux…
Les hommes de Da’ash les ont déposés à Khazer, à dix kilomètres de Kalak. Ils ont fini la route à pied. Une véritable épreuve pour ces gens, souvent âgés ou malades, affaiblis par plus de dix jours d’angoisse sous la coupe des djihadistes. Une femme raconte qu’elle ne sait pas où est sa mère. Elle répète en boucle en se tordant les doigts : «Maryam El Azra, Maryam El Azra», «Vierge Marie, Vierge Marie…» Au fond du bus, une femme seule. Des cernes noirs lui mangent la moitié de son visage amaigri. Elle raconte en pleurant que les hommes de l’État islamique lui ont pris sa fille de trois ans, Cristina, au moment où elle a été chassée de la ville… « Je les ai entendus rentrer avec leur voiture en criant «Allahu Akbar» («Allah est grand», ndlr). Ils ont pris possession (des) lieux pour en faire leurs quartiers généraux… Ensuite, ils ont fait tomber la croix du clocher de l’église…
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