La chanteuse saoudienne Shams Bandar rejette les notions politiques et religieuses traditionnelles : Des Vierges aux yeux noirs ? Dieu n’a pas ouvert un hôtel au Paradis

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La chanteuse saoudienne Shams Bandar, également connue sous le nom de « Shams la Koweïtienne », a rejeté l’idée que l’expression « hur al-ayn » fasse référence aux vierges aux yeux noirs du Paradis, disant : « Il est inconcevable que [Dieu] crée l’homme, le choie, et lui construise un Paradis avec des vierges aux yeux noirs dans le style de Bollywood. […] Notre Dieu n’a pas ouvert d’hôtel là-bas. »


Dans l’interview, diffusée le 2 novembre 2016 sur la chaîne égyptienne Al-Nahhar, Shams a déploré que les Arabes reportent tous leurs problèmes sur « les autres », et proposé que l’Égypte s’isole du monde arabe pour se concentrer sur la résolution de ses problèmes économiques.

Extraits :

Shams Bandar : L’esprit collectif arabe a un problème. Si nous ne reconnaissons pas l’existence de ce problème, nous ne pourrons jamais le régler. La première étape vers une solution est d’admettre qu’il y a un problème. Nous, Arabes, sommes très forts pour reporter nos problèmes et nos inquiétudes sur les autres. Si nous ne pouvons trouver quelqu’un sur qui reporter nos problèmes, nous les reportons sur les jinns et les démons. il nous faut toujours un « autre ». Je ne suis pas une adepte de la controverse, mais je dis ce que les autres gens du spectacle ont peur de dire. […]

Le gouvernement saoudien ne s’oppose pas à ce que les femmes conduisent. Ma chanson sur le sujet n’était pas dirigée uniquement contre l’Arabie saoudite. Nous avons des coutumes et des traditions, et si l’Egypte succombe à l’idéologie extrémiste, elle affrontera la même situation, car la première chose que l’idéologie extrémiste fait, c’est de prendre les coutumes et les traditions et de les incorporer à la religion. […] Le gouvernement du royaume d’Arabie saoudite soutient les droits des femmes et la libération naturelle des femmes, mais le problème est celui de la population, non du gouvernement. […]

C’est comme si 1 400 ans de religion islamique – ou disons de religion en général – reposaient sur les 16 cheveux que les femmes ont ici, et c’est tout ; il n’y pas eu de mensonges, d’assassinats, de pillage, pas de corruption. C’est comme si on n’avait de comptes à rendre sur rien dans l’islam – hormis la situation des femmes et leur libération.

Journaliste : Tous les autres problèmes… tout va bien…

Shams Bandar : Exact. Il n’y a rien d’autre – pas de pauvreté, pas de famine. Rien de tout cela ne pose problème. Tout ce qui compte, c’est que la femme ne soit pas libérée. […]

Toutes les chanteuses et actrices sont filmées dansant entre femmes lors des mariages, mais puisque certains me voient comme une provocatrice, je suis la seule qui leur pose un gros problème quand je danse. De toutes façons, quel est le problème avec  le fait de danser ? Quand quelqu’un compte 1-2-3-4 [ébauche de mouvements de danse], c’est exactement comme de faire du sport. Vous ne pouvez juger mon cerveau par le fait que je danse. Vous ne pouvez me persécuter parce que je danse. Je danse, d’autres gens dansent, et le monde entier dansera. J’espère que le jour viendra où nous n’aurons plus parmi nous un seul extrémiste qui nous fasse pleurer… Espérons que la vie ne sera que danse plutôt que pleurs, problèmes, guerres et révolutions, et toute la saleté de la vie dans le monde arabe. Revenons aux temps de la danse. […]

Il est dit, de bout en bout du Coran, que [les hommes et les femmes] sont égaux. Il est inconcevable que [Dieu] crée l’homme, le choie et lui construise un Paradis avec des vierges aux yeux noirs dans le style de Bollywood…

Journaliste : Les vierges font penser à un film de Bollywood ?

Shams Bandar : Absolument, notre Dieu n’a pas ouvert d’hôtel là-bas. Il est honteux de dire une chose pareille. Allah est trop noble pour considérer un type qui se fait exploser juste pour voir des filles. Il pouvait voir des filles ici-bas et nous laisser tranquilles, dans ce cas. Vous comprenez ?

Journaliste : Mais beaucoup de ceux qui y croient le comprennent de cette façon.

Shams Bandar : Ce n’est pas de la compréhension. C’est une idéologie qui leur a été injectée. Malheureusement, si vous regardez les programmes scolaires, vous verrez que c’est ce qu’ils vous disent. Mais si vous examinez la philosophie du Coran et les vraies paroles d’Allah… C’est un Dieu, pas juste quelqu’un qui vous dit : Si tu arrives au Paradis, on te préparera quelques filles. C’est honteux.

Journaliste : Mais les hur al-ayn [vierges aux yeux noirs] sont mentionnées dans le Coran.

Shams Bandar : Mon cher Khaled, si vous examinez la langue arabe, vous voyez que les mots ayn et hur ne peuvent se rapporter à des femmes. C’est honteux.

Journaliste : Alors, cette interprétation est aussi le résultat d’une idéologie extrémiste ?

Shams Bandar : Non, c’est un appât. Si je veux vous mener quelque part, la première chose que je fais, c’est vous interdire tout contact avec les femmes, déclenchant ainsi chez vous une frustration [sexuelle]. Comment vous libérer de cette frustration ? En créant une illusion. […] Comment vais-je compenser votre frustration ? En inventant l’histoire selon laquelle le grand Seigneur, qui a créé l’univers, le ciel et les étoiles, a placé quelques filles pour vous accueillir lorsque vous vous ferez exploser ou deviendrez martyr… Vous avez dit que vous avez un problème avec la signification de « hur al-ayn », mais n’avez-vous pas de problème avec le sens du martyre ? Aujourd’hui, si vous faites sauter des innocents de quelque religion que ce soit, vous devenez un martyr. […]

Journaliste : Vous n’êtes donc pas d’accord avec tous les jurisconsultes qui ont interprété les mots hur al-ayn

Shams Bandar : Peu m’importe…  « Consultez votre cœur, même si vous êtes consulté par d’autres. » D’ailleurs, le Coran n’a pas d’interprètes, car notre Seigneur est trop grand pour qu’un esclave l’interprète.

Journaliste : Pas d’interprètes…

Shams Bandar : Bien sûr que non, c’est la parole de notre Dieu, si quelqu’un avait le droit d’interpréter le Coran, c’était le Prophète Mahomet. […]

Journaliste : Alors ces commentateurs coraniques ne jouent aucun rôle dans votre vie ?

Shams Bandar : Je ne suis que des considérations humaines. Mon cœur me dit si quelque chose est vrai ou faux. […] Le mot « exégèse » n’apparaît pas dans le Coran. Ce ne sont que des théories. […] Il est illogique d’appliquer à ma personne une théorie datant de 1 400 ans. […] Dans le Coran, seules 14 choses sont interdites. Or nous avons 7 millions d’interdictions. Nous saluons toutes les interdictions. Tout nous est interdit. […]

Journaliste : Comment voyez-vous l’Egypte aujourd’hui ? Est-elle sur le point de prendre feu, ou quoi ?

Shams Bandar : L’Egypte… Voulez-vous la vérité ?

Journaliste : Non. Mentez-moi. [rires]

Shams Bandar : Je suis affectée, car pour moi, l’Egypte est la « porte sûre » du monde arabe, et même du monde islamique, d’ailleurs, car l’islam de l’Egypte a toujours été modéré et beau. […] À mon humble avis, et j’espère ne pas être attaquée demain comme toujours… Ce qui est arrivé est une affaire intérieure. L’Egypte a davantage d’ennemis à l’intérieur qu’à l’extérieur. […] Si vous résolvez votre problème économique, vous n’aurez pas d’autres problèmes. Depuis les années 1970, vous aviez un problème économique que vous dissimuliez. Vous vous êtes mêlés à toutes ces guerres panarabes. Vous devriez vous isoler de tout cela, travailler pour votre propre compte, laisser de côté le panarabisme – allez-y, attaquez-moi pour ces propos…

Journaliste : Vous ne voulez pas de panarabisme ?

Shams Bandar : Non.

Journaliste : Le panarabisme a été la chute de l’Egypte…

Shams Bandar : Bien sûr. […]

Journaliste : Alors l’Egypte devrait s’isoler…

Shams Bandar : Bien sûr !

Journaliste : L’Egypte devrait se focaliser sur son industrie et laisser de côté le panarabisme… Et si l’Iran envahit le Golfe…

Shams Bandar : Regardez, le Golfe a suffisamment de force militaire et idéologique pour se défendre. Les choses sont différentes à présent. Les guerres ne sont plus combattues par des soldats contre des soldats. Les guerres sont désormais menées par des moyens technologiques, via Internet. L’Amérique n’envoie plus d’armées. Au contraire, ils font une crise d’épilepsie lorsqu’ils entendent le mot « guerre » car cela menace leurs politiques, leurs sièges parlementaires et leurs partis politiques. Ils ne peuvent pas gagner les élections à cause des guerres. Leur nation n’accepte plus cet état de fait. Alors ne reportons pas nos problèmes sur le monde.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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