La députée yézidie irakienne Vian Dakhil : Nous avons racheté 2 750 femmes et enfants yézidis à l’EI ; le gouvernement irakien n’a pas fait assez

Por:
- - Visto 112 veces

Voir les extraits vidéo sur MEMRI TV

Dans une récente interview télévisée, la députée yézidie irakienne Vian Dakhil a déclaré que le gouvernement régional kurde avait racheté 2 750 femmes et enfants yézidis à l’Etat islamique (EI), mais que le gouvernement irakien avait peu fait pour soutenir cet effort. « Voyons ce que le gouvernement [irakien] a fait. Nous avons un ministère de la Migration et des déplacés, qui est censé s’occuper de ces affaires. Qu’a fait ce ministère ?… Le ministre est un Kurde. Mais  qu’a-t-il fait ? »


Dakhil a ajouté que la bataille pour reconstituter le tissu social de Mossoul après sa libération et restaurer ce qui a été détruit par l’EI serait plus ardue que celle pour Mossoul elle-même, « car nous avons perdu toute confiance ». Elle était interviewée sur la chaîne irakienne Beladi le 19 janvier 2017. Extraits :

Vian Dakhil : Lorsque l’EI a pris d’assaut Sinjar, a commencé à kidnapper les femmes et les enfants, et à massacrer les hommes, le Premier ministre du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) a décidé de créer un bureau, appelé « bureau des affaires des kidnappés ». Ce bureau aide les familles à récupérer leurs filles ou – disons les choses clairement – les aide à racheter leurs filles. Jusqu’à présent, nous avons racheté plus de 2 750 femmes, enfants et familles à l’EI. Bon nombre d’entre eux ont été rachetés de Mossoul, Tal Afar et Al-Baaj – de gens qui étaient nos voisins, nos amis, notre peuple.

Journaliste : Seigneur.

Vian Dakhil : Nous les leur avons rachetés. Certains d’entre eux ont été vendus pour 3 000 à 5 000 dollars. Après l’intervention du Gouvernement régional du Kurdistan pour apporter son aide, ils ont monté le prix à 10 000 dollars par famille. En dépit de la crise économique en Irak en général, et notamment au Kurdistan, le GRK a investi de gros efforts là-dedans. Personne ne devrait penser que racheter 2 750 personnes est chose facile. Il y a beaucoup de difficultés : comment les transporter, comment les faire venir ? et tous les médiateurs… Ce n’est pas une affaire facile. Tous nos camps de réfugiés se trouvent dans la région du Kurdistan, et ils fournissent défense, sécurité, eau, électricité et aide. Il est vrai que l’aide provient d’organisations internationales, des Nations unies etc., mais c’est aussi un fardeau de taille pour le Kurdistan. Aujourd’hui, le nombre de personnes déplacées dans le gouvernorat de Duhok a égalé celui des résidents. Ils ont tous besoin de services, d’infrastructures, de protection, etc. Tout cela doit être pris en considération. Voyons ce qu’a fait le gouvernement [irakien]. Vous avez le ministère des Migrants et des Déplacés, qui est censé s’en occuper. Qu’a-t-il fait ?

Journaliste : Le ministre lui-même est du Kurdistan…

Vian Dakhil : Le ministre est kurde. C’est vrai… Mais qu’a-t-il fait dans cette affaire ? […]

Je dis toujours que la bataille pour Mossoul ne sera pas aussi ardue que la bataille de l’après Mossoul. Je ne dis pas cela parce que je suis une députée de Mossoul, mais parce que Mossoul est dotée d’une plus grande diversité ethnique et religieuse que d’autres régions, et que plus de transgressions se sont produites à Mossoul qu’ailleurs – dont des attaques contre les femmes yézidies. La bataille de l’après Mossoul sera la plus dure. Le tissu social du Gouvernorat de Ninive a été réduit en pièces. Des voisins… Appelons un chat un chat… Nous parlons de villages d’Arabes musulmans sunnites, avec lesquels nous vivions depuis des siècles en voisins, frères et amis. D’un coup, quand l’EI est arrivé en Irak, ils ont rejoint les rangs de ces étrangers, et se sont retournés contre leurs compatriotes irakiens, leurs voisins, leurs amis, leurs frères pour perpétrer ces actes criminels – ces massacres, meurtres et enlèvements. On ne peut facilement réconstituter un tissu social qui a été déchiré. […]

Ce sont des crimes, et le système judiciaire irakien doit punir ces criminels. Cependant, il serait injuste de confondre ces gens avec tout un secteur. Si nous assimilons ces gens à l’islam [nous commettrions une injustice] envers tous les musulmans qui nous ont soutenus et se sont tenus à nos côtés dans les moments difficiles. Comment pourrions-nous les assimiler à ces criminels  ? Ce ne serait pas juste. Nous devons fairela différence.

Le système judiciaire irakien doit punir ces criminels. C’est la seule solution. Je ne peux convaincre un Yézidi qui a perdu sa femme et ses filles, dont les enfants ont été massacrés, dont la famille a été tuée et dont la maison a été détruite… Je ne peux lui dire de retourner à Sinjar vivre avec les voisins qui ont perpétré ces actes. C’est  déraisonnable. C’est impossible. Le processus de restauration de ce qui a été détruit par l’EI, après [la libération de] Mossoul, sera le plus difficile. Nous devons bâtir des ponts de confiance, car nous avons perdu toute confiance. Je ne peux me sentir rassurée et retourner à Sinjar. Qui peut garantir que ces événements ne se reproduiront pas dans cinq ans ? Je ne blâme pas les étrangers de l’EI. Ce ne sont pas les membres tunisiens, saoudiens, tchétchènes ou chinois de l’EI que je blâme, mais les terroristes immergés dans leur idéologie de meurtre. J’accuse en premier lieu les gens de ma propre ville, de mon propre village.

Les Tchétchènes n’auraient pu identifier les Yézidis par eux-mêmes. Quelqu’un de mon village les a désignés. Les Chinois n’auraient pu savoir quelles maisons appartenaient aux chrétiens. Quelqu’un de mon village les a désignées. Ils marquaient les murs des maisons chrétiennes à Mossoul, et ces maisons devenaient ensuite la propriété de l’EI.

Journaliste : Etes-vous optimiste face à l’avenir ? [silence] Votre silence est éloquent. Soutiendrez-vous les Kurdes s’ils déclarent leur propre Etat ?

Vian Dakhil : Oui.

Journaliste : En tant que Yézidie ?

Vian Dakhil : En tant que Yézidie.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

Deja tu Comentario

A fin de garantizar un intercambio de opiniones respetuoso e interesante, DiarioJudio.com se reserva el derecho a eliminar todos aquellos comentarios que puedan ser considerados difamatorios, vejatorios, insultantes, injuriantes o contrarios a las leyes a estas condiciones. Los comentarios no reflejan la opinión de DiarioJudio.com, sino la de los internautas, y son ellos los únicos responsables de las opiniones vertidas. No se admitirán comentarios con contenido racista, sexista, homófobo, discriminatorio por identidad de género o que insulten a las personas por su nacionalidad, sexo, religión, edad o cualquier tipo de discapacidad física o mental.


El tamaño máximo de subida de archivos: 300 MB. Puedes subir: imagen, audio, vídeo, documento, hoja de cálculo, interactivo, texto, archivo, código, otra. Los enlaces a YouTube, Facebook, Twitter y otros servicios insertados en el texto del comentario se incrustarán automáticamente. Suelta el archivo aquí

Artículos Relacionados: