La grave crise économique en Egypte suscite de vives critiques contre la politique du gouvernement et des appels à renverser le régime le 11 novembre

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Par C. Meital*

Ces récentes années, l’Egypte subit une grave crise économique, [1] se traduisant par une forte baisse de la livre égyptienne vis-à-vis du dollar, une augmentation des prix, une pénurie de denrées de base comme le riz, le sucre et les aliments pour enfants, et des spéculations sur ces produits.[2]

Pour surmonter la crise économique, le gouvernement égyptien et les institutions étatiques ont élaboré un plan de réforme économique comprenant une série de mesures, incluant la réduction des dépenses des ministères [3] ; l’interruption des subventions sur l’essence 95-octane, qui a entraîné une hausse brutale des prix de l’essence ;[4] et le flottement de la livre égyptienne, qui a fait chuter encore davantage sa valeur face au dollar.[5]


Ces mesures ont suscité la colère de la population égyptienne et des plaintes concernant la hausse des prix et le niveau de vie peu élevé dans le pays. Ainsi, dans certaines régions d’Egypte, les chauffeurs de transports publics se sont mis en grève pour protester contre les hausses du prix de l’essence, ce qui a irrité le public et déclenché des bagarres entre les conducteurs et les passagers.[6] Des étudiants à l’université américaine du Caire ont manifesté contre le flottement de la livre qui, affirment-ils, a fait augmenter le coût de la vie.[7] Des critiques contre les mesures du gouvernement ont également été émises par les membres de la commission de l’énergie du parlement. Ils ont protesté contre la décision soudaine d’augmenter les prix de l’essence, prise selon eux sans les consulter.[8]

La colère du public égyptien s’est également reflétée dans des vidéos concernant la crise économique qui ont circulé sur les médias et les réseaux sociaux et sont devenues virales. Dans son émission sur la chaîne Al-Hayat, le présentateur Amr Al-Leithy a diffusé une vidéo dans laquelle un chauffeur de tuk-tuk[9] fulminait contre la situation économique. Après la diffusion de cette vidéo, les services de sécurité du gouvernorat de Sohag ont lancé une chasse à l’homme contre le chauffeur, qui avait apparemment disparu, par crainte de poursuites. Une autre vidéo montrait les difficultés d’un commerçant de Port Said.[10] En réaction à ces vidéos, le journaliste Ahmad Moussa, proche du régime, a diffusé une vidéo montrant une interview d’un autre conducteur de tuk-tuk qui niait l’existence d’une crise économique en Egypte. [11]

Une autre expression de la colère populaire contre la politique économique du gouvernement a été la création du mouvement Ghalaba (« Mouvement du pauvre »), qui a appelé les Egyptiens à descendre dans les rues le 11 novembre 2016 afin de renverser le régime, pour protester contre la situation économique.[12]

Dans un post publié le 28 octobre 2016 sur sa page Facebook, le porte-parole du gouvernement, Yasser Al-Omada, a exposé les croyances et les objectifs du mouvement, parmi lesquels celui de « libérer tous les prisonniers politiques et les prisonniers de conscience ; arrêter tous les loyalistes du régime corrompu qui ont volé l’argent et les ressources des pauvres et nationaliser tous les biens de ces criminels… ; abolir la loi sur le service civil et augmenter les salaires des fonctionnaires ; aider les chômeurs ; saisir les terres vendues ou données aux officiers de l’armée et de la police et aux hommes d’affaires proches du régime corrompu et les donner aux jeunes… ; renvoyer l’armée dans ses bases et la confiner au développement et à la fabrication d’armes et à la défense des frontières de l’Egypte, au lieu de l’impliquer dans le régime ou dans des activités politiques, car [l’armée] est une institution publique, et non un Etat dans l’Etat… »[13]

Dans une vidéo postée sur la page Facebook du mouvement, Al-Omada a lu un serment et appelé le public égyptien à le répéter, en tant qu’engagement à rejoindre les activités visant à renverser le régime.[14] Son appel a suscité des réponses positives de nombreux internautes sur Facebook.

Même si le mouvement Ghalaba a souligné que ses membres étaient des « Egyptiens non affiliés à un parti, une organisation ou entité politique en particulier, dont le seul engagement est celui envers leur patrie, dans laquelle ils veulent vivre dans la dignité comme toutes les autres nations », des partisans du régime affirment que les membres du mouvement sont des activistes des Frères musulmans (FM) et des partisans de la révolution du 25 janvier 2011 qui tentent de semer le chaos en Egypte.[15]

Des représentants du régime égyptien ont tenté de repousser ces critiques et d’encourager les citoyens, au regard de la grave crise économique. S’adressant à la Première conférence de la jeunesse, qui s’est tenue à Sharm El-Sheikh sous son patronage, le président égyptien Abd Al-Fattah Al-Sissi a déclaré que, dans son enfance, le réfrigérateur de sa famille ne contenait rien d’autre que de l’eau.[16] Pour disperser les manifestations publiques, l’armée a distribué des colis de nourriture aux citoyens.[17]

Le débat animé sur la crise économique s’est également poursuivi dans la presse égyptienne. De nombreux rédacteurs en chef de journaux égyptiens, y compris certains proches du régime, ont exprimé de vives critiques contre sa politique économique. Dans une interview donnée à plusieurs rédacteurs en chef, Al-Sissi a réagi en accusant les médias de publier des articles fondés sur des informations fausses ou partielles et de porter atteinte à l’Etat, tout en déplorant que le discours dans les médias sociaux semait la frustration parmi les Egyptiens. Il a ajouté que le rôle des médias était de donner de l’espoir aux gens, et non l’inverse.[18]

Le conseil éditorial du quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram, y compris son rédacteur en chef Abd Al-Hadi Allam, a fait écho aux sentiments d’Al-Sissi. Des articles publiés dans le quotidien ont défendu la politique du gouvernement, et affirmé que les vives critiques à son encontre constituaient une incitation visant à susciter des manifestations populaires et à provoquer de nouveaux soulèvements dans le pays.

* C. Meital est chargée de recherche à MEMRI

Lire l’article dans son intégralité en anglais

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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