L’ancien président libanais Émile Lahoud révèle comment le Droit de retour des Palestiniens a été inséré de force au Plan de paix saoudien en 2002

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L’ancien président libanais Émile Lahoud a révélé l’existence de négociations en coulisses lors du sommet arabe de 2002. L’initiative initiale du Prince Abdallah d’Arabie saoudite, soumise au sommet arabe, n’incluait pas le droit de retour des réfugiés palestiniens, lequel fut ajouté lors du sommet, sous la pression de Lahoud lui-même et de plusieurs autres délégations arabes, transformant ainsi le Plan de paix saoudien en « Plan de paix arabe », son appellation actuelle. L’interview a été diffusée sur la chaîne libanaise OTV  le 11 décembre 2014. Extraits : 

Émile Lahoud : Le sommet arabe de Beyrouth se basait sur l’initiative du prince [héritier] Abdallah.


Journaliste : Nous parlons de mars 2002.

Émile Lahoud : Exact, de 2002. [Le ministre saoudien des Affaires étrangères] Saud Ben Fayçal est venu me rendre visite. Il m’a dit : « Voici l’initiative du prince Abdallah. Je vous la montre une semaine avant [le sommet], car vous êtes le président du sommet et donc vous devriez la voir à l’avance ». J’ai lu l’initiative du prince Abdallah comme ceci, puis j’ai dit [à Saud Ben Fayçal] : « Mais où est le droit de retour ? »

Journaliste : Le droit de retour des Palestiniens…

Émile Lahoud : Il m’a dit : « Quel droit ? C’est quelque chose dont personne ne parle ». Je lui ai dit : « Regardez, il y a une Résolution. La première d’entre elles, la Résolution 194… » Je lui ai dit : « Elle doit être incluse, si vous voulez faire la paix ». Il m’a dit : « Parlez à vos amis ». Comme s’il laissait entendre que nous recevions des ordres…

Journaliste : … de votre protecteur, le président syrien…

Émile Lahoud : Le président syrien nous respectait et protégeait nos intérêts, car il avait tout intérêt à ce que le Liban soit fort. C’est ce qu’ils n’avaient pas compris. J’ai dit [à Saud Ben Fayçal] : « Nous ne parlerons à personne ». J’ai demandé un exemplaire de la constitution [libanaise] et je lui ai dit : « Voilà. Dans le préambule, il est dit : pas de naturalisation [des Palestiniens] et pas de partition [de la Palestine]. Cette [initiative] implique une naturalisation ».

« Vous ne voulez parler à personne ? », a-t-il demandé. J’ai dit : « Non ». Il a dit : « Mais le monde entier et tous les Arabes l’ont acceptée ». Je lui ai dit : « Je suis le président du sommet, et je ne peux l’accepter ». Il a répondu : « Bon. Je retourne voir le prince Abdallah. Il arrivera un peu plus tôt et discutera avec vous. Après tout, c’est son initiative ». « Je n’ai aucune objection », ai-je dit.

Lorsque les dirigeants sont arrivés, leurs avions ont atterri un à un. J’accordais à chaque dirigeant cinq minutes pour l’accueillir, conformément au protocole, puis il s’en allait. Le seul qui est resté 40 minutes fut le prince Abdallah.

Je lui ai dit : « Prince Abdallah, si vous voulez cette initiative, ajoutez-y cette clause ». Il m’a dit : « Vous savez combien j’aime le Liban. Lorsque j’étais jeune, j’allais à Bhamdoun [ville touristique du Liban] ». Il aimait réellement le Liban. Avant cela, en 2000, il était venu [nous aider sur] les problèmes d’électricité. « Mais cette initiative est une affaire internationale », a-t-il dit. Cela a duré environ 40 minutes. A la fin, il a dit : « Saud est responsable de cela. Il va venir vous parler ». « Quand va-t-il venir ? », ai-je demandé. « Ce soir, vers 22 heures », a-t-il dit. Mais la cérémonie d’ouverture devait avoir lieu le lendemain. Je n’aurais pas eu le temps. Puis j’ai été informé par les renseignements de pourparlers entre Saud, Amr [Moussa] – je ne me souviens pas exactement – et la délégation palestinienne, indiquant qu’il devait dire dans son discours : « Nous soutenons l’initiative ».

Journaliste : Vous parlez de Yasser Arafat.

Émile Lahoud : Oui, Yasser Arafat. Ainsi, si le chef [palestinien] était satisfait de l’initiative…

Journaliste : L’initiative serait adoptée.

Émile Lahoud : Puis, tout le monde applaudirait et s’en irait. De cette façon, je n’aurais rien pu faire.

Journaliste : Vous avez refusé…

Émile Lahoud : J’ai dit : Pas question ! Puis ils ont divulgué des informations selon lesquelles les Syriens [étaient intervenus]. C’était faux. Le second jour – je ne l’oublierai jamais – les deux derniers dirigeants qui devaient arriver étaient le président Bachar et le prince Abdallah. Ils sont arrivés, et quelqu’un se trouvait derrière le prince Abdallah… Je ne me souviens plus de qui il s’agissait. Peut-être [d’un agent des] renseignements… Son assistant… Puis il y a eu une histoire avec [le prince], et ils l’ont transporté à l’hôpital…

Journaliste : Oui, il a eu un problème [cardiaque] à l’hôtel.

Émile Lahoud : Il m’a dit : « Abou Ammar doit prononcer son discours immédiatement ». Il a pointé son doigt sur moi comme ceci. Je lui ai dit : « Qui diable êtes-vous ? » Tout le monde m’a entendu, puis a poursuivi son chemin. […] Puis [Walid Al-Muallem] est arrivé et a demandé : « Y a-t-il un problème ? »

Journaliste : Le ministre [des Affaires étrangères syrien] Al-Muallem ?

Émile Lahoud : Oui. J’ai dit : « Allez-y, lisez-la. Où est le droit de retour ? »

Journaliste : Depuis la cérémonie d’ouverture, vous n’en aviez parlé à personne… ?

Émile Lahoud : Je n’en avais parlé à personne. Personne ne  savait. Je ne l’ai dit à personne. J’ai agi… J’ai décidé d’écouter ma conscience, peu importe à quel prix. Il l’a regardée et a fait cela. (Il fait le geste de rendre le document). Puis, j’ai dit : « Maintenant, c’est au tour du [représentant du] Soudan [de parler] ». Arafat devait passer avant. Une équipe de télévision de LBC devait diffuser son discours d’abord. A ce moment, quatre délégations se sont levées et sont parties : les Palestiniens, les Jordaniens, les Saoudiens et les Emirats arabes unis ont quitté la salle de conférence. […]

Le lendemain matin, pendant que je revoyais mes papiers pour la réunion, arrivent à ma porte Amr Moussa, Saud Ben Fayçal, le ministre des Affaires étrangères jordanien, le ministre des Affaires étrangères égyptien, et notre ministre [des Affaires étrangères] Mahmoud Hamoud.

Journaliste : Je comprends.

Émile Lahoud : Le soir, ils avaient rédigé un document… J’ai toutes les preuves… Je veux juste vous donner une idée de la manière dont les choses se passaient avec les gens du Golfe. C’est la raison pour laquelle ils étaient fâchés contre nous et contre le président Assad. Quoi qu’il en soit… Je l’ai lu et j’ai pensé qu’ils me trompaient. J’ai toujours le document sur lequel ils ont écrit noir sur blanc que s’il y avait d’autres questions, elles seraient traitées par la suite, l’une d’entre elles portant sur la Résolution 194. J’ai dit : « Vous vous moquez de moi ? » Saud Ben Fayçal m’a dit : « Attendez un instant ». Il s’est rendu dans une autre pièce et a parlé à Colin Powell.

[Le Secrétaire d’Etat américain Powell] lui a répondu et [Saud Ben Fayçal] est revenu et m’a dit : « Nous devons le faire ». [Les dirigeants présents] ont répété : « Non, non, non » encore et encore. Puis il fut 10h, 10h30, 11h… [Saud Ben Fayçal] m’a dit : « Ils vont dire que vous avez échoué ». J’ai dit : « Non, l’initiative du prince Abdallah a échoué. Je ne l’annoncerai même pas ». Ils en ont parlé et ont dit : « D’accord, nous allons le placer en dehors de la résolution, l’ajouter dans les notes ». J’ai dit : « Non. Si vos intentions sont sincères, insérez-le dans le texte. Sinon, le lendemain, vous direz que ce qui compte est la résolution, non les notes. Vous devez l’inclure ».

Ils l’ont introduit sous l’Article n° 4.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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