L’auteur saoudien Turki Al-Hamad : l’islam a besoin d’un Luther ou d’un Calvin ; l’idéologie de la plupart des prédicateurs ressemble à celle de l’Etat islamique

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Dans une interview diffusée le 13 juillet 2015 sur la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya, basée à Dubaï, l’auteur saoudien Turki Al-Hamad déclare  que la plupart « de nos cheikhs et prédicateurs » sont incapables d’avoir un discours modéré, car ils se réfèrent aux mêmes sources idéologiques que l’Etat islamique (EI). Il ajoute que l’islam a besoin de ses propres Luther et Calvin (pour connaître une réforme. Extraits : 


Turki Al-Hamad : Je ne veux pas faire de généralités, mais la plupart de nos cheikhs et prédicateurs – ou ceux qui se font appeler prédicateurs – sont incapables d’avoir un discours qui s’opposerait au discours extrémiste, car le discours extrémiste repose sur les mêmes textes et les mêmes sources que le discours de la plupart de nos cheikhs et prédicateurs. Si leur interprétation peut être différente, la source est unique et identique.

Journaliste : Voulez-vous dire que l’idéologie de l’EI est similaire à celle de beaucoup…

Turki Al-Hamad : D’un point de vue idéologique ? Je répondrai que oui.

[…]

Un nouveau discours moderne qui nous réconcilierait avec nous-mêmes et avec les autres, un discours qui nous réconcilierait avec la vie moderne… ces gens en sont incapables.

Journaliste : Quelles sont les caractéristiques d’un tel discours ?

Turki Al-Hamad : Vous voulez dire d’un nouveau discours ? Laissez-moi vous donner un exemple. L’idéologie est un miroir de l’environnement. Lorsque vous isolez ces gens, et leur idéologie, de leur environnement, et que vous les placez dans un environnement en constante mutation, avec une technologie, des communications modernes, etc., ils ne peuvent s’y adapter. Absolument pas. C’est là que la crise éclate. Notre crise provient de notre incapacité à nous réconcilier avec les autres, avec la vie moderne, et d’abord et avant tout avec nous-mêmes. Même si nous menons une vie moderne, les fondements de notre esprit sont traditionnels, appartiennent à un autre âge. Par conséquent, une certaine sorte de schizophrénie est inévitable.

Journaliste : J’ai rencontré beaucoup d’intellectuels et de philosophes, qui disent que nous vivons à l’ère d’Ibn Taymiyyah. Ils reportent une grande partie du blâme sur Ibn Taymiyyah et ses pensées. Etes-vous d’accord ?

Turki Al-Hamad : Nous ne devons pas faire d’Ibn Taymiyyah un bouc émissaire, que l’on blâmerait de tous nos problèmes. Nous sommes devenus des experts pour trouver de tels boucs émissaires : Ibn Taymiyyah est responsable de tous nos problèmes idéologiques ; les Etats-Unis et le complot sioniste sont derrière notre problème mondial… Il existe beaucoup de boucs émissaires. Ibn Taymiyyah a écrit des textes en réaction aux circonstances de son époque. La faute n’est pas celle d’Ibn Taymiyyah. Elle vient de nous. Pourquoi avons-nous décidé [d’adopter] Ibn Taymiyyah et non, par exemple, Averroès et ses pensées ? Ces décisions nous appartiennent à nous seuls. Nous avons extrait Ibn Taymiyyah des méandres obscures de l’histoire, pour atteindre des objectifs que nous avions déjà fixés. C’est là le problème.

Journaliste : Qu’entendez-vous par « nous » ?

Turki Al-Hamad : Nous en tant que collectivité, soit dans un certain pays, soit les musulmans et les Arabes pris comme un tout… Il semble, cependant, que le problème soit inhérent aux Arabes. Il existe des pays et des groupes islamiques qui se sont réconciliés avec eux-mêmes et avec leur temps. Le monde arabe, en revanche, va de mal en pis.

[…]

Nous avons des intellectuels qui sont même plus progressistes que Mohamed Abduh. Mais si l’un d’eux s’exprime, il est accusé d’hérésie et est excommunié. Ainsi, beaucoup d’intellectuels s’abstiennent de le faire de crainte d’être isolés, de crainte d’être accusés de tout cela. Aujourd’hui, nous devons recommencer à zéro. Il nous faudra une génération entière simplement pour revenir à notre situation d’avant le réveil islamique [du 20e siècle]. C’est là le problème du monde arabe. Nous sommes piégés dans un grand cercle vicieux. Nous sentons que nous progressons, mais en fait, nous n’avançons pas.

[…]

L’une des éventuelles solutions serait d’entamer une critique culturelle du discours religieux prédominant. Nous avons besoin d’un mouvement de réforme religieuse, comme celui qui a eu lieu en Europe. Cela ne fait aucun doute. Je ne dis pas que nous avons besoin seulement d’un Martin Luther ; nous avons besoin d’un Luther, d’un Calvin, nous avons besoin d’un mouvement de réforme religieuse.

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