Le journaliste réformiste Islam Behery dans sa première interview après avoir été gracié et libéré de prison : Al-Azhar me considère comme plus dangereux que l’EI

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L’intellectuel réformiste Islam Behery a accordé sa première interview télévisée deux semaines après sa libération de prison par grâce présidentielle. Behery, condamné en mai 2015 à cinq ans de prison pour blasphème, peine ensuite réduite à un an, a critiqué les membres d’Al-Azhar qui défendent les livres traditionnels dont l’Etat islamique (EI) s’inspire pour ses pratiques, estimant que leur approche de l’EI était très clémente. « Je n’ai pas remarqué de langage aussi doux quand ils parlaient de moi, par exemple. Je suis beaucoup plus dangereux que l’Etat islamique, de l’avis des dirigeants d’Al-Azhar », a déclaré Behery. Extraits :


Islam Behery : Mon crime fut mon émission télévisée, un crime qui n’en est pas vaiment un. Je n’avais pas le sentiment – pas plus que les téléspectateurs de l’émission – de commettre un blasphème, à aucun moment. L’idée de me retrouver en prison a été une crise pour moi, plus que pour d’autres, car je ne comprenais pas ce qui m’avait conduit là. […]

Alors concernant votre question sur la grâce présidentielle, ma gratitude n’a pas été prononcée du bout des lèvres. Elle était bien réelle, car cette grâce est conforme à la constitution. La constitution interdit d’enfermer un intellectuel ou un chercheur. […]

Vous savez que je ne suis pas un hypocrite. En réalité, c’est ce qui m’a conduit en prison. Il aurait été difficile pour tout président passé de m’accorder une telle grâce.

Journaliste : N’est-ce pas la guerre que vous menez contre le mouvement salafiste en Egypte ?

Islam Behery : Pas du tout. La vraie guerre se livre contre les ouvrages traditionnels, que les Salafistes conservent. En tant qu’institution, Al-Azhar est très bien et je n’ai aucun problème avec elle. Al-Azhar a produit des érudits comme Mohammed Abduh, mais pas seulement lui. Il y avait aussi des érudits comme Mohammed Abou Zahra, Mahmoud Shaltut et Abdel Mutaal Saidi. Si vous lisiez leurs travaux, vous verriez à quel point ils étaient éclairés. Ils étaient en avance sur leur temps dans les années 1940 et 1950. Mais Al-Azhar est constituée de personnes, et les personnes vont et viennent.

Les membres actuels d’Al-Azhar défendent ces livres, et affirment qu’ils ne contiennent rien de néfaste. Puis ils condamnent l’Etat islamique en termes très vigoureux. Ils sont vraiment très forts pour émettre des condamnations. Je l’ai déjà dit dans mon émission, et c’est ce qui m’a mis en difficulté : comment pouvez-vous condamner les responsables et non [les livres] sur lesquels ils se basent ? Alors ils disent : ce n’est pas écrit dans les livres. C’est une interprétation erronée. Ce n’est pas une mauvaise interprétation. C’est écrit là-bas, mot pour mot. […]

Même si vous attaquiez [les membres de l’EI] dans le Sinaï, si vous les arrêtiez tous, si vous purgiez totalement le mont Helal [de l’EI] et créiez une zone-tampon de 20 km, il y aurait toujours un attentat par semaine, exactement comme aujourd’hui, car c’est une question de religion. Les livres traditionnels leur disent que selon la religion, ils doivent agir ainsi. Ils agissent de la sorte pour atteindre le Paradis. Rien ne les dérange. Pensez-vous qu’ils agissent par désespoir ou pauvreté ? Pas du tout. Ils ont tout, mais ils vous tueront de la même manière, et se tueront dans la foulée. Cela ne leur pose aucun problème. Ils continueront de combattre les infidèles car ils considèrent que c’est leur devoir dans cette vie. […]

Lorsque vous dites [aux membres de l’EI] dans le Sinaï que le Cheikh d’Al-Azhar a refusé de classer l’EI comme « infidèle », vous incitez ces jeunes hommes à penser : « L’EI, ce sont nos frères en islam. C’est vrai, ils ont commis quelques erreurs, mais ce n’est pas très grave… »

Journaliste : Vous jugez la réaction d’Al-Azhar envers l’EI très clémente.

Islam Behery : Oui. Je n’ai pas remarqué de langage aussi doux quand ils parlaient de moi, par exemple. Je suis beaucoup plus dangereux que l’Etat islamique, de l’avis des dirigeants d’Al-Azhar.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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