Le journaliste saoudien renommé Al-Rashed : L’Union internationale des savants musulmans d’Al-Qaradawi encourage le discours djihadiste, soutient les terroristes et combat l’islam modéré

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Dans le cadre du boycott contre le Qatar déclaré il y a six mois par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis (EAU), Bahreïn et l’Egypte,[1] ces pays ont établi trois listes d’organisations et de personnes qui, selon eux, entretiennent des liens avec le terrorisme et sont soutenues par le Qatar. L’une des organisations figurant sur la troisième liste, publiée en novembre dernier, est l’Union internationale des savants musulmans (UISM), dirigée par cheikh Youssef al-Qaradawi, qui est une importante source d’autorité pour les Frères musulmans.[2] Al-Qaradawi lui-même, né en Egypte, mais résidant au Qatar depuis les années 1960, figure sur la première liste, publiée en juin l’an dernier.[3]

Dans son éditorial paru dans le quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat, l’ancien rédacteur en chef du journal, Abd Al-Rahman Al-Rashed, a justifié l’inclusion de l’UISM dans la liste des organisations terroristes, soulignant que cette mesure aurait dû être prise depuis longtemps.[4] Il a accusé l’UISM et le Qatar qui la sponsorise, de diffuser un discours djihadiste et d’encourager les organisations terroristes en fournissant une justification idéologique à leurs actions et en combattant les voix de l’islam modéré. A titre d’exemple, il a observé que, à la différence des religieux salafistes saoudiens, qui ont interdit les opérations terroristes dès les années 1990, l’UISM et son dirigeant, Al-Qaradawi, ont justifié ces opérations et continuent de le faire. Il a ajouté que, sans cet encouragement ou le soutien du Qatar, des organisations comme Al-Qaïda et l’EI ne seraient plus.

Il convient de mentionner que MEMRI a publié des rapports très complets sur l’extrémisme de cheikh Youssef Al-Qaradawi. Le Conseil européen pour la Fatwa et la Recherche,[5] fondé en 1997 par Al-Qaradawi et son adjoint d’alors, cheikh Faisal Maulawi,[6] incitait à commettre des opérations suicides [7]. Al-Qaradawi a approuvé en personne de telles opérations et a exprimé l’espoir de « mourir d’une mort vertueuse comme un combattant du djihad, la tête séparée du corps ». [8] Al-Qaradawi et le Conseil étaient soutenus par l’ancien maire de Londres Ken Livingstone, qui a défendu le cheikh et affirmé que son idéologie n’était nullement extrémiste.[9] Extraits : [10]


L’Arabie saoudite, l’Egypte, les EAU et Bahreïn ont ajouté deux organisations islamiques extrémistes et 11 individus extrémistes sur leur liste des entités terroristes. En réalité, la désignation [comme organisation terroriste] de l’Union internationale des savants musulmans [UISM], fondée par les Frères musulmans et entretenue par le Qatar, arrive très tard. On aurait pu attendre [des pays] qu’ils interdisent tout contact avec ces deux organisations bien auparavant, notamment [tout lien] avec l’UISM, qui pose un danger aux sociétés musulmanes dans le monde entier depuis sa création même. La date de sa fondation, qui coïncide avec celle d’Al-Qaïda, [11] son emplacement [le Qatar] et l’identité de ses dirigeants constituaient une déclaration de guerre manifeste contre l’islam traditionnel et modéré dans la région et dans le monde.

L’UISM est née dans le cadre d’un plan de conquête mené par des organisations religieuses extrémistes… qui opéraient sur plusieurs niveaux : [en diffusant] un discours politique djihadiste incendiaire et en [créant] des organisations armées et des institutions religieuses parallèles qui légitiment leur activité et réfutent [les positions des] institutions modérées. En 2004, alors même qu’Al-Qaïda bombardait et tuait, et que le [commandant violent d’Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, décapitait des gens au nom de l’islam, l’UISM a émergé au Qatar pour servir le même but, à savoir le même projet islamique extrémiste. Au nom de [ce plan,] les membres de [l’UISM] ont préparé des fatwas, justifié la violence, lancé une guerre idéologique et discrédité les décisionnaires et les savants qui étaient acceptés dans leurs pays, en les tournant en ridicule par le biais de leurs fatwas.

N’oublions pas que, dès les années 1990, les savants saoudiens salafistes traditionnels avaient jugé que les opérations de djihad étaient interdites, car elles défiaient le dirigeant, c’est-à-dire l’Etat. [Cette décision] avait enragé le décisionnaire de l’UISM [Al-Qaradawi], affilié aux Frères musulmans et au Qatar, qui justifiait les opérations de martyre, cherchant à leur donner un fondement religieux. L’UISM s’attelait à détruire [la réputation des] grands instituts de jurisprudence dans le monde musulman, tels que le Conseil suprême des religieux saoudiens et Al-Azhar en Egypte.

Historiquement, l’émergence de l’entreprise terroriste, qui se drape elle-même d’un manteau islamique, coïncide avec le renforcement de toutes les fatwas extrémistes. Et tout comme Al-Qaïda et l’Etat islamique, ces organisations de jurisprudence ont déclaré leur opposition à [l’affiliation] locale et se sont proclamées intercontinentales et mondiales.

La création d’Al-Qaïda en Afghanistan coïncide avec celle du Conseil européen pour la Fatwa [et la Recherche] en 1997 à Londres. Est-ce une coïncidence que cette organisation soit, elle aussi, dirigée par Al-Qaradawi et son adjoint Ali Qaradhaghi,  deux personnalités ayant été impliquées dans la  [diffusion] de l’idéologie extrémiste au cours des 20 dernières années ? Et tout comme Al-Qaïda a créé des branches à travers le Moyen-Orient et l’Europe, les unions et associations de jurisprudence extrémistes ont ouvert des branches dans les EAU, en Irak, au Liban, en Afrique du Nord, en France, Allemagne, Belgique, Grande-Bretagne et Irlande.

L’emplacement [de l’UISM, à savoir le Qatar], la diversité nationale de ses membres, et ses positions, annonces et activités reflètent toutes la manière dont, durant les dangereuses années de chaos, elle a rempli le rôle d’autorité religieuse au service des organisations extrémistes…

Si nous saisissons que l’aspect le plus dangereux du terrorisme est la pensée extrémiste, nous devons [également] comprendre que [cette pensée] n’aurait jamais émergé, essaimé et engendré des organisations armées dans le monde entier, sans ces cheikhs, unions et conseils qui exploitent les décisionnaires extrémistes.  [De même, cela ne serait pas arrivé] sans le Qatar, qui a offert à ces [cheikhs, unions et conseils] un refuge et qui continue de leur verser des montants astronomiques, qui leur ont permis de se propager dans les médias, de [promouvoir] leur idéologie et d’obtenir un soutien, y compris auprès de gens qui ne sont pas d’accord avec eux ou qui craignent leur influence.

Lien vers le rapport en anglais

Notes :

[1] Sur le contexte du boycott, MEMRI en français, Tollé dans les pays du Golfe suite aux déclarations attribuées à l’émir du Qatar louant l’Iran, le Hezbollah, les Frères musulmans et le Hamas, 28 mai 2017.

[2] Selon des informations récentes, Al-Qaradawi ferait même partie du conseil d’administration de l’université des Frères musulmans, fondée à Istanbul avec le soutien du Qatar. Al-Yawm Al-Sabi (Egypte), 11 septembre 2017.

[3] Sur ces listes de terroristes, voir Al-Riyad (Arabie saoudite), 9 juin 2017 ; Okaz (Arabie saoudite), 25 juillet 2017 ; Al-Masri Al-Yawm (Egypte), 23 novembre 2017. En réponse à la publication de la troisième liste, Al-Qaradawi a tweeté sur son compte personnel : « Au cours des dernières décennies, nous avons assumé [la tâche de] nous opposer aux tendances extrémistes… qui créent le chaos dans l’arène islamique, et aujourd’hui nous sommes inclus dans les listes terroristes ? » Twitter.com/alqaradawy, 24 novembre 2017.

[4] Rashed a écrit contre l’extrémisme d’Al-Qaradawi pendant des années. Voir par exemple MEMRI en français, Les réactions à la fatwa du Cheikh Al-Qaradhawi appelant à l’enlèvement et au meurtre de civils américains en Irak, 6 octobre 2004.

[5] Organisation basée à Dublin qui vise à rassembler des savants islamiques en Europe et à émettre des fatwas pour les musulmans qui y vivent, entre autres objectifs.

[6] Le cheikh libanais Faysal Maulawi (1941-2011) fut également dans les années 1990 secrétaire général d’Al-Jamaa Al-Islamiyya au Liban, et l’idéologue des organisations islamistes en France. Voir Aljazeera.net, 3 octobre 2004.

[7] Sur l’incitation aux opérations suicides par ce conseil et Al-Qaradawi, voir les rapports de MEMRI : Al-Qaradhawi favorable aux opérations suicides lors d’une conférence islamique en Suède, 28 juillet 2003 ; Al-Qaradhawi défend le djihad et le martyre, 28 mai 2013 ; Des officiels des pays du Golfe s’attaquent au cheikh Qaradhawi : Il est le « mufti des attentats-suicides » et devrait être traduit en justice, 25 juillet 2016.

[8] Voir MEMRI en français Al-Qaradhawi lors de la « Conférence de solidarité » : J’espère connaître une mort vertueuse comme les guerriers du djihad. Les autorités qataries n’interfèrent pas dans mes sermons, 28 février 2005.

[9] Livingstone était maire de Londres de 2000 à 2008. Sur ses liens avec Al-Qaradawi, voir le clip MEMRI n° 497, , London Mayor Ken Livingstone On Memri And Sheik Al-Qaradhawi, 17 janvier 2005.

[10] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 26 novembre 2017.

[11] Sic. En réalité, l’UIMS a été fondée en 2004 et Al-Qaïda en 1988.

 

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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