Le professeur qatari Abd Al-Hamid Al-Ansari analyse les racines idéologiques du terrorisme : Quelque chose ne va pas dans notre ordre culturel

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Dans une interview diffusée sur Rotana Khalijiyya le 3 juin 2016, Pr Abd Al-Hamid Al-Ansari, ancien doyen de droit islamique à l’Université du Qatar, s’est penché sur le phénomène du terrorisme et la façon de le gérer. Le terrorisme, a-t-il estimé, se base sur une idéologie, non sur la détresse financière ou sur des circonstances économique difficiles ; « il commence par semer la haine et l’extrémisme » et par « ce discours sur une nation constamment menacée d’attaque ». Selon Pr Al-Ansari, la première étape pour gérer ce phénomène est d’« en finir avec la culture du déni », de « reconnaître que quelque chose ne va pas dans notre ordre culturel » et de « s’ouvrir à d’autres cultures ». Extraits :


Journaliste : Commençons par la question du terrorisme : avons-nous affaire à une crise idéologique ou économique ?

Abd Al-Hamid Al-Ansari : Le terrorisme est enraciné dans l’idéologie. Comme il est dit dans [la constitution] de l’UNESCO, les guerres et la paix se construisent « dans l’esprit des hommes », et se traduisent en comportements seulement après. Le terrorisme se base sur une idéologie extrémiste, qui s’empare du contrôle des esprits sensibles à ce type d’idéologie. Si le terrorisme était effectivement lié au chômage et à l’économie, sujet à une interprétation matérialiste de l’histoire…

Eh bien, beaucoup de nations souffrent énormément, sans pour autant avoir produit du terrorisme. La détresse financière peut provoquer des rébellions, des crimes. Peut-être vous rappelez-vous du film de Farid Shawki I Have Been Made a Murderer [On a fait de moi un assassin]. Il est possible que lorsqu’une personne est persécutée ou qu’elle ne peut trouver de travail, elle se tourne vers le crime et vole, mais seule la religion et la conviction idéologique pourraient la pousser à se faire exploser. Il n’est pas facile pour un être humain de quitter cette vie. On parle de détresse économique…

Journaliste : Cela revient souvent dans les sondages occidentaux.

Abd Al-Hamid Al-Ansari : C’est parce qu’ils ne croient pas aux motivations religieuses et spirituelles. C’est parce qu’ils ne croient pas aux motivations religieuses et spirituelles. Ils adhèrent à des normes matérialistes. Qu’est-ce qui a conduit cette personne à se faire exploser ? demandent-ils. Il doit y avoir des circonstances économiques. Mais une personne peut émigrer pour améliorer sa situation économique. Certains pourraient se retourner contre le régime pour améliorer leur situation économique. Mais de là à se faire sauter ?! Au contraire, les criminels aiment la bonne vie.

[…]

Le terroriste, d’autre part, se moque de la vie pour commencer. Au nom d’une autre vie, qu’il croit meilleure, plus belle. Ainsi, cela repose sur la religion, sur l’idéologie. On parle de circonstances économiques , d’injustice. Mais l’injustice n’incite pas une personne à se faire exploser. Pour transformer une personne en bombe humaine, vous devez… Il faut un mélange idéologique… Un mélange idéologique que vous plantez dans son esprit et qui s’empare de son âme.

[…]

Le terrorisme commence par la dissémination de la haine, la dissémination de l’extrémisme.

Journaliste : C’est la première étape.

Abd Al-Hamid Al-Ansari : La première étape consiste à semer la haine, en disant que l’autre n’est pas digne de vivre, que l’autre est un infidèle, que l’autre est un ennemi qui veut m’attaquer, que l’autre est un laïc, qu’il essaie de changer notre identité, d’envahir [notre monde] et d’occidentaliser nos femmes, que l’autre veut tendre des pièges à l’islam. Ils nous dépeignent toujours comme des cibles, comme si nous avions des ennemis qui nous guettent. Ce discours sur une nation constamment sous attaque est le point d’ancrage de la haine. C’est ainsi que vous instillez la haine dans l’âme d’un enfant, qui deviendra plus tard un extrémiste.

[…]

La première étape dans le traitement de toute maladie est d’identifier le mal.

Journaliste : Exact.

Abd Al-Hamid Al-Ansari : Nous devons abandonner la culture du déni et arrêter de dire : « Ce n’est pas quelque chose qu’un musulman ferait. » Un musulman le ferait, et même plus. Pourquoi dire qu’il ne le ferait pas ? « C’est le fait des juifs. » « C’est le fait du Mossad ou de la CIA ». Chers amis, ce sont nos propres enfants qui font cela. Ils se sont retournés contre nous. Nous n’avons pas su comment les élever et les éduquer correctement, et ils se sont retournés contre nous. La première étape consiste à reconnaître que quelque chose ne va pas dans notre ordre culturel.

La deuxième étape consiste à réexaminer ce qui ne va pas. Nous devons l’analyser. Nous devons pointer du doigt ce qui instille la haine, l’extrémisme et le takfir, puis le retirer des programmes scolaires, des mosquées et des médias. Nous devrions nous ouvrir à d’autres cultures. Pourquoi ne pourrions-nous pas être comme les autres nations ? Comment se fait-il qu’ils éduquent correctement leurs enfants, découvrent et inventent de nouvelles choses ? Comment se fait-il que seuls nos enfants se tournent vers la destruction au lieu de la construction ?

La notion de djihad doit être réexaminée. Qu’est-ce que le djihad d’un étudiant ? Mon djihad ? Votre djihad ? Donc, il ne doit pas être nécessairement militaire… Le djihad militaire est aujourd’hui limité aux membres de l’armée. Aujourd’hui, nous avons un Etat, une constitution et une citoyenneté. Pourquoi payons-nous des salaires aux soldats ? Je ne dois pas mener de djihad [militaire]. Mon djihad réside dans l’éducation. Le djihad du juriste réside dans la dawa. Votre djihad réside dans les médias. Le djihad des étudiants consiste à acquérir des connaissances pour servir de leur pays. Le djihad ne se limite pas à l’activité militaire. C’est une croyance erronée… En effet, vous ne pouvez pas enseigner le djihad comme il était enseigné à l’avènement de l’islam. Nous n’avions pas tout cela à l’époque. Il y avait des ennemis, et il fallait un appel général aux armes pour créer l’Etat islamique et le défendre. Maintenant c’est fini. Il y a plus d’un milliard de musulmans, et plus de cinquante pays musulmans. Ils ont des armées, avec des armes. Laissez-leur s’occuper de la défense. Le djihad militaire est leur devoir.

[…]

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Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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