Par : R. Green *
Ces derniers jours, des dizaines de familles chrétiennes coptes ont fui El Arish au nord du Sinaï, alors qu’ils sont la cible d’une campagne de meurtres et de menaces de l’Etat islamique (EI). Au moins sept civils coptes auraient été tués par des membres de l’EI dans la ville ces dernières semaines, incitant des familles coptes à fuir vers l’Egypte continentale. Selon certaines sources égyptiennes, 85 des 103 familles coptes de la ville ont fui, 45 selon d’autres sources. Certaines de ces familles se sont réfugiées dans l’église anglicane d’Ismaïlia, tandis que d’autres ont fui vers Suez, Minya ou Sohag. D’après le quotidien Al-Sharq Al-Awsat, il s’agit du premier exode massif de familles chrétiennes ayant quitté leurs foyers pour cause de terrorisme [1].
Notons que la persécution des coptes n’est que l’une des entreprises de l’EI à El Arish, et au nord du Sinaï en général, pour intimider la population locale et empêcher les autorités égyptiennes de reprendre le contrôle de la région. Par ailleurs, l’EI effectue des démonstrations de force à El Arish, attaque les forces et le personnel de sécurité, commet des enlèvements et des assassinats de civils soupçonnés d’avoir coopéré avec les autorités, des actes de vandalisme, et tente de faire appliquer la charia.
L’un des coptes ayant fui la ville décrit comme suit les menaces qui pèsent sur sa communauté : « Dernièrement, les meurtres de chrétiens ont augmenté de façon significative. On assassine quotidiennement, et je pense que cela ne fera qu’empirer. Les terroristes ont ouvertement déclaré qu’ils attaqueraient les chrétiens. Je ne peux pas accuser la police, car la situation sécuritaire au Sinaï est très mauvaise et le terrorisme est en hausse. » Les coptes d’El Arish ont déclaré avoir reçu des menaces téléphoniques les enjoignant de quitter leurs foyers et affirmé que les activistes de l’EI avaient distribué des dépliants dans la ville menaçant les chrétiens [2].
Une fillette de huit ans d’El Arish raconte : « Je suis très triste parce que j’ai dû quitter mes amis et mon école, et je ne sais pas si je reviendrai. J’ai vu ces menaces de mes propres yeux, écrites sur des notes et sur les murs de ma maison. J’ai entendu ce qu’ils ont dit à mon père au téléphone, l’informant que devions partir ou mourir. » Une femme raconte qu’on a frappé à sa porte une nuit, et que quand son fils a ouvert, des terroristes sont entrés, l’ont abattu d’une balle et ont fouillé la maison à la recherche d’autres hommes de la famille. Ils ont trouvé son vieux mari et lui ont également tiré dessus, puis ils ont volé ses bijoux et incendié la maison.
La campagne de terreur en cours, menée contre les chrétiens du Sinaï depuis des années par l’EI et son incarnation antérieure, Ansar Beit Al-Maqdis, atteint ainsi un paroxysme. Cette campagne inclut l’assassinat de civils, dont des prêtres, ainsi que des enlèvements, des menaces continues et le racket de commerces. La campagne a pris un caractère systématique en 2013, avec le lancement d’une guerre totale contre les autorités égyptiennes par les djihadistes du Sinaï.
*R. Green est chargé de recherche à MEMRI
Lire le rapport dans son intégralité en anglais
Notes :
[1] Al-Masri Al-Yawm (Egypte), 24 février 2017 ; Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 26 février 2017.
[2] Al-Masri Al-Yawm (Egypte), 24 février 2017.
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