Après la disqualification à la mi-janvier 2016 de milliers de candidats du camp pragmatique aux élections du Majlis [Parlement] prévues pour le 26 février 2016, les dirigeants du camp pragmatique, le président du Conseil de discernement Hashemi Rafsanjani et le président Hassan Rohani ont exprimé publiquement leur mécontentement. Ils ont appelé le régime, le Conseil des Gardiens de la Constitution (qui a pour fonction d’approuver les candidats aux élections) et en particulier le chef du camp idéologique, le Guide suprême Ali Khamenei, à autoriser les candidats des différents camps à se présenter aux élections. Ils ont aussi appelé le régime à accepter les critiques et les décisions du peuple, aussi bien dans les affaires quotidiennes qu’aux élections, sous peine de porter atteinte au régime. Pourquoi doit-il y avoir des élections, demandent-ils, si seuls les candidats d’un camp peuvent y participer ?
En réponse, le rédacteur en chef du quotidien Kayhan, Hossein Shariatmadari, qui est associé au Guide suprême Khamenei et est une figure de premier plan du camp idéologique, a publié un éditorial dans son journal attaquant le président Rohani.
Commentant la disqualification massive des candidats le 26 janvier, et notamment des candidats réformateurs, qui ont été largement empêchés de se présenter à plusieurs élections antérieures et qui ne bénéficient quasiment d’aucune représentation politique, le professeur réformateur Sadegh Zibakalam a souligné que les candidats a avoir été disqualifiés massivement étaient ceux qui soutenaient le camp pragmatique de Rohani et avaient participé à sa campagne électorale en 2013. Il a proposé une stratégie pour permettre aux réformateurs d’entrer au Majlis : le Conseil suprême du parti réformateur devrait faire appel à des candidats moins connus qui ont été autorisés à se présenter, en leur demandant de représenter les réformateurs [au Parlement] et en leur promettant en échange que le Conseil demanderait au public de voter pour eux. Même si les deux-tiers de ces candidats rejoignaient en fin de compte les pragmatiques pro-gouvernement au Majlis, affirme-t-il, le tiers restant représenterait les réformateurs. Il a aussi prévenu que, si les réformateurs boycottent les élections et ne se déplacent pas pour voter, les tenants de la ligne dure prendront le contrôle du Majlis.[1]
Le même jour, le quotidien Kayhan, proche de Khamenei, a répondu tant aux réformateurs qu’au camp pragmatique, sur la question de la disqualification de leurs candidats. Il a déclaré que les candidats disqualifiés par le Conseil des Gardiens de la Constitution étaient ceux qui avaient “collaboré avec l’ennemi”, qui étaient opposés à l’islam et en faveur d’Israël, qui agissaient pour détruire le régime de la Révolution islamique en Iran, ou qui avaient demandé que les Etats-Unis imposent des sanctions paralysantes à l’Iran, mais que les candidats ordinaires n’avaient pas été disqualifiés. Il a ajouté que les réformateurs devaient définir, pour eux-mêmes, qui ils étaient et quelles étaient leurs limites, afin de se distinguer des “traîtres” et des “hors-la-loi politiques”.
Le rapport en anglais résume les principaux points des critiques des dirigeants du camp pragmatique Rafsanjani et Rohani, et de l’éditorial de Shariatmadari.
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