Manifs pro palestiniennes interdites de Paris. Qui tire les ficelles ?

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Samedi 19 juillet 2014. Interdite la veille par la préfecture de police de Paris, une manifestation pro palestinienne se tient d’abord dans le calme mais lorsque le cortège commence à remonter le boulevard Barbès vers le métro Château rouge, elle tourne aussitôt à l’affrontement.

C’est alors qu’une centaine de personnes s’en prenne sauvagement aux CRS et aux gendarmes mobiles  avec des jets de pierres et bouteilles, chaises, pavés, et même avec le revêtement de la chaussée.

Les casseurs qui sont déchaînés saisissent tout ce qu’ils peuvent lancer, dans un grand nuage de gaz lacrymogènes, abondamment tirés par les policiers. Plusieurs feux de poubelles sont déclenchés.


Au final, 44 personnes seront interpellées et 17 membres des forces de l’ordre blessées.

Samedi 26 juillet. Place de la République, à Paris, 5 000 personnes répondent là encore à l’appel du NPA (Nouveau parti anticapitaliste). On trouve dans le cortège des casseurs, des militants politiques ou de simples citoyens.

Là, cohabitent différentes associations : le Parti des indigènes de la République (PIR), le Mouvement des jeunes Palestiniens (PYM France), Génération Palestine, la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), l’Union générale des étudiants de Palestine (GUPS) ou le Forum Palestine citoyenneté…

Bref, le cortège est constitué de groupes très diversifiés. Mais, très vite Le rassemblement dégénère et la police procède à 70 interpellations. Trois personnes sont condamnées à deux mois de prison ferme.

Question : qui tire les ficelles de ces manifs ?

La manif de Barbès, c’est lui !

Le Ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, avait prévenu : les organisateurs des manifestations interdites en soutien à Gaza des 19 et 26 juillet, à Paris, seraient tenus, s’ils maintenaient leur appel à manifester, pour « responsables d’éventuels débordements (…) et passibles de sanctions pénales ».

C’est ainsi qu’un certain Alain Pojolat, membre NPA reçoit le mardi 29 juillet une convocation au tribunal après avoir été entendu par la police. Justement, il sera jugé à Paris, le 22 octobre 2014, pour « avoir organisé une manifestation interdite sur la voie publique ». Un délit passible de… six mois de prison et 7 500 euros d’amende.

Alain Pojolat risque gros parce qu’il est considéré comme un récidiviste en la matière. Il a été récemment condamné à une amende avec sursis pour avoir organisé une autre manifestation non autorisée, celle-là pour réclamer la libération du terroriste libanais… Georges Ibrahim Abdallah, le chef présumé de la Fraction armée révolutionnaire libanaise (FARL), assassin de deux diplomates : Charles R. Ray, attaché militaire américain à Paris (le 18 janvier 1982), et de Yacov Barsimentov, diplomate israélien (le 3 avril 1982).

Alain Pojolat est le seul organisateur des récents rassemblements propalestiniens interdits à Paris à être convoqué devant le tribunal correctionnel. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il avait déposé au nom de l’ensemble des organisateurs la déclaration en préfecture des manifestations par la suite interdites (19 et 26 juillet), en revendiquant « fièrement » sa participation à ces rassemblements (AFP, 30 juillet 2014).

Certes, Alain Pojolat est inconnu du grand public. Pourtant, il est l’un des visages de l’extrême gauche radicale en France et la manif de Barbès, c’est lui ! Ajoutons que sa fiche de police est longue comme le bras ou deux bras. C’est d’ailleurs pour cela qu’à Barbès, puis à la République, il s’est prudemment abstenu de descendre lui-même dans la rue, commente Le nouvel observateur (7 au 13 août 2014)…

L’interdiction des manifestations en question

Rappelons que le gouvernement avait décidé d’interdire des manifestations, dont celles de Barbès et de Sarcelles. À la suite des incidents qui se sont déroulés aux abords de deux synagogues à Paris, le Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, s’était prononcé pour l’interdiction de la manifestation, jugeant « intolérables » les « actes violents » survenus lors de ce rassemblement.

« La République n’est pas compatible avec la haine. La République n’est pas compatible avec la xénophobie. L’antisémitisme ne peut pas parler une seconde fois parce qu’on sait ce à quoi il a abouti », avait-t-il dit. Mais, ces interdictions provoquèrent une vraie polémique dans la classe politique.

On a entendu ici ou là que les interdictions ne se justifiaient pas et que si ces manifestations avaient eu lieu, elles auraient été encadrées et aucun incident violent n’aurait été à déplorer.

Comme en écho, Olivier Besancenot, l’ex-candidat trotskiste du NPA à la Présidentielle déclare : « À chaque fois que les manifestations ont été autorisées, ça s’est toujours bien passé ».

Certes, il n’y aura pas forcément (ces autres fois-là) d’abribus détruits, de grandes bagarres, de scènes d’émeutes, de policiers blessés ou de voyous qui ont voulu en découdre avec les Juifs ou investir des synagogues pour les saccager et/ou les incendier; ou d’hommes armés de matraques, de mortiers et poings américains.

Mais, de là à affirmer que les choses se sont forcément bien passées…

Embêté ou obnubilé par cette question, le NPA passe à l’offensive. C’est ainsi qu’il publie de nombreux communiqués à ce sujet.

Dans un communiqué (25 juillet) le NPA tire et s’en prend au couple Hollande-Valls : «De toute évidence, le gouvernement Hollande-Valls fait peu de cas des libertés démocratiques lorsqu’il s’agit de faire taire la critique de l’Etat d’Israël et de la complicité de la France ».

Le 27 juillet, en pleine polémique donc, le NPA tente d’expliquer sa démarche tout en continuant de « mitrailler » le gouvernement : « Mais voilà que le gouvernement français, qui se dit de gauche, a pris fait et cause pour cette barbarie en déclarant légitime l’offensive de Tsahal. Rompant ainsi avec l’équilibre au moins de façade remontant à de Gaulle, en passant par Chirac et Mitterrand. Voilà qu’il transforme en dépit de toute réalité la question en conflit « communautaire » voire « religieux » en France même. Par ses positions, par l’interdiction inadmissible de manifestations en soutien à Gaza, il joue au pompier pyromane. Ouvrant la voie à un antisémitisme délétère devenu « antisionisme des imbéciles. » Un antisémitisme qui, comme tous les racismes, doit être combattu avec la dernière énergie. » Telle est donc la ligne du parti. A entendre donc la formation de Besancenot, Hollande-Valls musèleraient la solidarité avec les Palestiniens, en engageant une épreuve de force contre le mouvement de solidarité avec les Palestiniens.

Cette propagande particulièrement huilée tient en une « formule » magique : « Après les lamentables déclarations de soutien, de la part d’Hollande, à l’offensive de l’État d’Israël contre la population de Gaza, le temps du muselage des opposants à Israël serait-il venu ? » (Communiqué du NPA, 18 juillet 2014).

Dans un (nouveau) communiqué, le Nouveau parti anticapitaliste affirme que l’exécutif est responsable des incidents autour des manifestations en Ile-de-France. « François Hollande et Manuel Valls ont fait le choix scandaleux d’amalgamer la lutte pour les droits du peuple palestinien à l’antisémitisme et sont aujourd’hui, en raison des interdictions prononcées contre les manifestations, les premiers responsables des incidents qui peuvent avoir lieu en marge de celles-ci », estime le parti d’Olivier Besancenot. « La solidarité avec les Palestiniens est légitime et n’a rien à voir avec l’antisémitisme », écrit le NPA.

Agacé, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll répond. Le Foll défend l’interdiction des manifestations pro-palestiniennes qui ont dégénéré, soulignant que de nombreux rassemblements étaient autorisés dès lors qu’ils répondaient aux conditions requises « en termes de sécurité et de non-expression de la haine. »

« Une décision d’interdiction a été prise suite à des violences. Ces manifestants, pour ceux qui ont exprimé la haine qu’on a vue dans toutes les images, voulaient de toute façon faire ces démonstrations intolérables et insupportables. C’est pourquoi la décision a été prise », déclaré le Ministre sur RMC et BFMTV (22 juillet). «

D’autres manifestations se sont passées dans le calme. Chacun a le droit de manifester, d’exprimer ce qu’il ressent, c’est légitime et démocratique et en même temps, on ne peut pas accepter ce qui s’est passé », poursuit le porte-parole du gouvernement.

Mais qui est donc Alain Pojolat ?

Revenons-en à Alain Pojolat.

Il est né à Paris en mars 1948 dans une famille d’ouvriers. Son père était membre du Parti Communiste. Selon différentes sources et/ou son propre récit autobiographique, Alain Pojolat aurait été marqué par la manifestation organisée par la gauche le 8 février 1962 pour protester contre les attentats de l’OAS.

Ses parents participent à cette manifestation au cours de laquelle les charges de la police provoquent la mort de neuf personnes au métro Charonne. Employé à la BNP en 1967, Alain Pojolat milite d’abord à la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR) puis dans les comités Vietnam et à la Ligue Communiste (qui deviendra plus tard la LCR puis le NPA).

Il milite ensuite dans le groupe « Révolution ! » de 1973 à 1976. « Révolution ! » est une organisation (française) d’extrême gauche issue d’une scission au début de l’année 1971 de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). En 1976 « Révolution! » fusionne avec la Gauche Ouvrière et Paysanne (GOP) qui est dirigée à l’époque par un certain… Alain Lipietz (futur député européen EEIV). Mais, en 1976, Pojolat quitte « Révolution ! » Par la suite, après avoir été exclu de la CFDT, il participe avec Nathalie Ménigon à la création du collectif autonome de la BNP en 1976, ainsi qu’à Camarades.

Qui est Nathalie Ménigon ?

Nathalie Ménigon fonde en 1978, avec des camarades à elle, dont Jean-Marc Rouillan, l’organisation communiste révolutionnaire Action directe. En septembre 1980, elle est arrêtée après avoir participé à une fusillade contre la police qui coûte la vie à un fonctionnaire de police, à l’occasion du cambriolage d’une banque parisienne.

Elle est libérée en septembre 1981 par une amnistie Présidentielle de… François Mitterrand, tout en restant inculpée de tentative d’homicide sur des policiers. Elle rejoint d’autres militants d’Action directe dans la clandestinité.

En janvier 1985, après une longue série d’attentats et d’actions violentes, elle participe à l’assassinat du général Audran, responsable des affaires internationales du ministère de la défense.

Le 17 novembre 1986, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron assassinent Georges Besse, PDG de Renault. Nathalie Ménigon a donc été impliquée dans des actions terroristes revendiquées par le groupe Action directe et elle a été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité en 1989. Elle fut libérée en août 2008 après plus de 20 ans de prison…

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