Le 30 mai 2016, l’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé ne pas avoir réussi à se mettre d’accord sur les dispositions devant permettre aux Iraniens d’assister au hadj [pèlerinage à La Mecque] cette année. Par conséquent, les Iraniens ne se rendront pas aux rituels. Les Iraniens ont accusé les Saoudiens de l’échec des pourparlers, affirmant qu’ils avaient émis des exigences excessives, comme l’interdiction de faire flotter des drapeaux iraniens dans les auberges accueillant les Iraniens ou sur la route du pèlerinage, le refus d’ouvrir une station de soins et de secours à leur usage, ou le port imposé de bracelets de surveillance électroniques pendant la durée de leur séjour. [1]
De son côté, l’Arabie saoudite a affirmé qu’alors qu’elle avait accepté toutes les exigences iraniennes, l’Iran avait rejeté les siennes. Elle s’est dite opposée à toute politisation du hadj et a déclaré que l’Iran avait tenu à organiser des manifestations politiques contre le régime saoudien et les Etats-Unis lors de cérémonies chiites. C’est ce qui aurait valu aux Iraniens l’interdiction de participer au hadj. [2]
Les tensions entre les deux pays ont atteint de nouveaux sommets avec la guerre qu’ils se mènent actuellement en Irak, en Syrie et au Yémen. Le 4 janvier 2016, l’Arabie saoudite a rompu ses relations avec l’Iran après que des manifestants iraniens eurent attaqué et incendié ses représentations à Téhéran et à Mashhad. Ces attaques ont eu lieu deux jours après l’exécution par l’Arabie saoudite de l’éminent imam chiite Nimr al-Nimr. [3]
Notons également que lors de la catastrophe de Mina intervenue pendant le hadj l’an dernier, près de la moitié des 1 000 pèlerins piétinés étaient des Iraniens. [4] L’Iran a tenu l’Arabie saoudite pour responsable de l’incident et menacé d’une sévère riposte. [5]
Ces tensions se reflètent dans nombre de caricatures publiées dans les médias saoudiens et iraniens ces dernières semaines. Ci-dessous des exemples :
Caricatures iraniennes contre l’Arabie saoudite
Des caricatures de la presse iranienne ont présenté la famille royale saoudienne comme des traîtres collaborant avec les Etats-Unis, les sionistes, et l’Etat islamique, leur produit. Les Saoudiens sont également dépeints comme les responsables de la catastrophe de Mina et comme interdisant aux Iraniens de participer au hadj.
« Traîtres dans la maison de Dieu et serviteurs de l’EI » (Aviny.com, le 28 mai 2016)
« Le cube de l’amour [la Kaaba] entre les mains des wahhabites sionistes criminels : cette année, l’Arabie saoudite, sous l’influence de l’Amérique, d’Israël et des juifs, interdit aux Iraniens de participer au hadj pour exprimer une féroce hostilité envers les chiites et noircir la réputation de l’islam et des musulmans » (Tasnimnews.com, 5 juin 2016)
Le roi d’Arabie saoudite interdisant l’arrivée des pèlerins iraniens : « Nous avons le devoir d’assurer la sécurité du rituel du hadj partout » (Tasnimnews.com, le 29 mai 2016)
La chauve-souris, représentant la famille royale « saoudienne », interdit aux colombes de participer au « hadj » (Farsnews.com, le 31 mai 2016)
Caricatures saoudiennes : L’Iran politise le hadj
Des caricatures en Arabie saoudite présentent un Iran visant à politiser le hadj, au moyen de manifestations de pèlerins iraniens susceptibles de déclencher des émeutes et de compromettre la sécurité du pays.
« L’Iran et la politisation du hajj » : « L’Iran » charge le canon de sa « politique » avec des pèlerins (Makkah, Arabie saoudite, le 25 mai 2016)
« La méthode iranienne [de pratique] du hajj » (Okaz, Arabie saoudite, le 29 mai 2016)
« L’Iran et la politisation du hadj » : « L’Iran » utilise ses pèlerins pour attiser le feu (Makkah, Arabie saoudite, 1er juin 2016)
Pèlerins iraniens – une bombe à retardement (Okaz, Arabie saoudite, le 29 mai 2016)
Lien vers le rapport en anglais
Notes :
[1] Irdiplomacy.ir, le 30 mai 2016.
[2] Okaz (Arabie saoudite), le 28 mai 2016 ; Twitter.com/alialimadadi, le 29 mai 2016.
[3] Voir Enquête et analyse n° 1215 de MEMRI, Unprecedented Tension Between Saudi Arabia, Iran Following Execution Of Shi’ite Cleric Nimr Al-Nimr, 4 janvier 2016.
[4] Parmi eux se trouvait également l’ancien ambassadeur d’Iran au Liban (mizanonline, 1er octobre 2015).
[5] Site web du Guide suprême iranien : khamenei.ir, le 10 octobre 2015.
Artículos Relacionados: