Procès des djihadistes présumés de L’Haÿ-les-Roses: «Vous faites de la psychose»

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Le procès de cinq hommes, soupçonnés d’avoir formé à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) un réseau en vue d’envoyer des djihadistes au nord Mali, courant 2012, s’est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris. Un seul est détenu, et c’est sur lui que se concentrent les questions du président en cette première journée d’audience.

Cédric Lobo, 29 ans, est un solide gaillard au crâne rasé, vêtu d’un sweat zippé gris et d’un foulard marron. Un tic verbal le pousse à truffer ses phrases de «en fait», comme s’il cherchait en permanence à préciser sa pensée pour obliger le tribunal, alors que c’est tout le contraire: s’il a une pensée, il ne tient pas du tout à en révéler les arcanes. En août 2012, cet ancien animateur de la Ville de Paris s’est fait arrêter au Niger, près de la frontière malienne, muni de faux papiers. Il avait rapidement révélé qu’il cherchait à rejoindre les groupes islamistes qui sévissaient alors, avant d’évoquer de fantomatiques projets humanitaires.

Fatras idéologique

Devant ses juges, il a les esquives pitoyables de ces petits délinquants qui n’ont qu’un souci: apporter une réponse, n’importe laquelle, peu importe qu’elle soit crédible ou pas, aux questions qu’on leur pose. Le procès d’un idéologue du djihad, ça? Non. Celui d’un homme ordinaire (ses comparses seront interrogés à leur tour jeudi) à la tête encombrée de notions empilées les unes sur les autres au point de constituer un fatras idéologique délétère, embarqué dans une aventure trop grande pour lui, mais dont les conséquences auraient pu être bien plus tragiques. D’un homme qui, à présent, ne revendique ni n’assume.


Voici ce que celà donne.

Le président: «Quel était réellement le but de votre voyage au Niger»?

Le prévenu: «En fait je suis parti à but touristique, pour passer des vacances.

– C’est une nouvelle version. Était-ce uniquement pour cela?

– Oui. En fait, c’était pour découvrir l’Afrique.

– Je vois. De quelle origine êtes-vous?

– D’origine congolaise, en fait.

– Dans ce cas, pourquoi choisir le Niger?

– Parce qu’en fait, l’Afrique de l’Ouest, ce sont des pays musulmans, je voulais y passer le ramadan.

– Quand vous êtes interpellé près de la frontière malienne, où comptiez-vous aller?

– Au Mali, en fait, pour faire de l’humanitaire.

– Vous n’avez pas visité grand chose au Niger, vous n’y avez passé que quinze jours…

– C’est pas très grand comme pays non plus, en fait, ça m’a suffi pour m’installer, rencontrer des gens dans les mosquées, prendre la température du pays.

– Sur un plan touristique, un pays ne se résume pas à ses mosquées…

– Le tourisme, ce n’est pas forcément la conception que vous en avez. C’est une forme de tourisme, en fait.

– Vous dites que l’idée de “faire de l’humanitaire” vous est venue une fois arrivé au Niger. Mais la sitution était très dangereuse, au nord Mali, vous ne le saviez pas?

– Non».

Cédric Lobo n’avait informé personnes de ses desseins. Il avait même menti à sa mère et à son frère, prétendant se rendre à Dubaï pour y trouver un emploi – des courriels adressés à ces proches depuis Niamey continueront à alimenter l’imposture. Né au sein d’une famille qu’il dit «athée», le prévenu, instruit, s’est converti à 17 ans. Peu à peu, il semble s’être radicalisé et isolé, ce qu’il réfute en dépit de plusieurs témoignages -dont celui de sa propre mère- lus par le président, affirmant que sa pratique religieuse était «normale, banale». Un mystérieux séjour au Maroc, en 2005, pourrait lui avoir mis le pied à l’étrier d’un islam plus dur. Puis, plus tard, viennent la rencontre avec ses coprévenus et le supposé projet djihadiste malien.

Le problème pour Cédric Lobo, c’est qu’il perçoit les choses de manière singulière. Ainsi, quand le président l’interroge sur la réalité d’un «djihad armé, offensif, avec des enlèvements et des décapitations», répond-il: «Non, ça n’existe pas».

80 kg de matériel ont disparu

Apparemment, les autres prévenus ont bien compris que l’homme du box est, pour eux, un boulet. «Je le connais moins que les autres», déclare prudemment Sofiyan Ifren, présenté par l’accusation comme le chef du groupe de L’Haÿ-les-Roses, chez qui fut découvert le «règlement» qui en liait les membres.

Et l’interrogatoire continue. M. Lobo était parti en vacances et en mission humanitaire improvisée muni de couteaux, d’une machette, d’un masque à gaz, de treillis, de jumelles à vision nocturne et d’une paire de menottes, ce qu’il trouve parfaitement naturel. Il avait aussi voyagé avec plus de 80 kg de matériel dont on ignore la nature, puisqu’il avait disparu au moment de son interpellation.

Le président: «Quatre mois avant de partir en vacances, vous vous inscrivez à un club de tir, à Créteil: pourquoi?»

Le prévenu: «En fait, je me suis inscrit à un complexe sportif, je voulais faire de la musculation».

Comme le président s’étonne de cette démarche quelque peu alambiquée, et souligne que le matériel saisi sur lui au Niger aurait pu, davantage que des populations en détresse, intéresser des combattants d’Aqmi, Cédric Lobo rétorque: «Vous faites de la psychose».

Les débats se poursuivent jeudi et vendredi. Le jugement pourrait être rendu dès vendredi soir.

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