Sermon du vendredi à la Mosquée des femmes de l’Amérique : l’activiste Sumaya Abubaker partage son expérience et exhorte les victimes d’abus sexuel dans la communauté musulmane à s’exprimer

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Dans un sermon du vendredi prononcé à la Mosquée des femmes d’Amérique, l’activiste Sumaya Abubaker, du Centre de religion et de culture civique de l’Université de Californie du Sud, a évoqué les abus sexuels au sein de la communauté musulmane – parfois commis par des imams et des enseignants du Coran – ainsi que le silence qui les entoure. Abubaker, qui a elle-même subi des abus sexuels, a déclaré que par le silence et l’approche de « l’humiliation et du blâme [imposés aux victimes] », qui prévalent dans la société, « nous créons un environnement confortable pour les agresseurs ». Elle a exhorté les gens à s’exprimer sur les abus sexuels, « même si c’est contre vous-mêmes, vos parents ou vos proches… et même si c’est contre vos propres institutions ou dirigeants communautaires… ». Pour elle, « le silence est fondamentalement une absence de compassion » et « une réaction compatissante et juste signifie que nous tenons les auteurs pour responsables ». La Mosquée des femmes d’Amérique, créée en 2015 à Los Angeles, Californie, est la première mosquée américaine réservée aux femmes. Abubaker a prononcé son sermon le 24 avril 2015, mais il n’a été mis en ligne sur la chaîne officielle de la mosquée que le 21 juin 2017. Extraits :


Sumaya Abubaker : La première histoire que j’ai entendue fut celle d’une jeune femme de notre communauté. Elle a été agressée à l’âge de douze ans par le fils d’amis proches de la famille, qui avait dix-huit ans. Ils séjournaient chez eux pendant quelques jours, et une nuit, elle a été réveillée par une agression sexuelle de la part de ce jeune homme. C’était l’incident le plus terrifiant et le plus déroutant qu’elle ait jamais connu dans sa vie. Le matin, elle s’est armée de courage pour le raconter à la mère [de l’agresseur], une femme qu’elle adorait, avec laquelle elle avait grandi. Celle-ci a réagi immédiatement avec colère, en l’accusant d’être la responsable. Elle lui a dit : « C’est ce qui arrive aux filles comme toi, aux filles trop joueuses. » […]

Vers 25 ans, elle a même décidé d’aller consulter un imam de confiance et bien connu de sa communauté. Elle est allée le voir et elle lui a parlé de l’agression sexuelle et de la façon dont elle était toujours hantée par cela, comment elle se débattait toujours avec cela. Et après qu’elle lui a raconté, il l’a lui aussi harcelée sexuellement à plusieurs reprises. […]

Je connais très bien et très intimement cette histoire, car c’était mon histoire. Et à travers ces expériences, j’ai appris ce que c’était d’avoir honte et d’être montrée du doigt, d’être réduite au silence, de se sentir impuissante, de se sentir seule et isolée, et j’ai également appris la sensation de peur intense et d’engourdissement qui accompagne la perte d’espoir et d’intérêt à poursuivre la vie elle-même. […]

Et je ne suis absolument pas la seule. D’après le Centre de contrôle des maladies, environ une femme sur quatre et un homme sur six ont subi une forme de violence sexuelle, à un moment ou à un autre de leur vie. Y compris, mais pas seulement, l’inceste, les attentats à la pudeur, le viol ou même le harcèlement. Ce que cela signifie, c’est qu’en ce moment, dans cette pièce, si ce n’est pas vous, c’est quelqu’un qui est assis à côté de vous. Et pourtant, quand les victimes se manifestent, nous les traitons de menteurs. […]

Et nous leur faisons également honte, et nous les blâmons. Nous leur disons que c’est parce qu’ils ont dû s’écarter de leur religion. Nous leur disons d’arrêter de semer le chaos et la perturbation dans nos communautés. Nous leur disons de passer à autre chose, de s’en remettre. Que nous avons de plus importants problèmes à régler. Et quand nous faisons cela, nous créons un environnement confortable pour les agresseurs, en leur permettant de continuer à agresser. […]

Et ce n’est que lorsque j’ai commencé à partager mes propres histoires que j’ai appris à connaître le nombre de victimes au sein de notre communauté musulmane, parmi nos dirigeants et membres de la communauté musulmane. Et j’en suis également venue à savoir et à avoir la certitude qu’en entrant dans une pièce comme celle-ci, il y a déjà des gens dans cette pièce qui ont murmuré dans leurs cœurs, dans leurs poitrines, les mots « Moi aussi ». […]

Et les victimes dont je parle au sein de nos communautés comprennent des femmes qui ont été agressées malgré les hijabs qu’elles portaient, les jilbabs qu’elles portaient, et même les niqabs qu’elles portaient, des femmes qui ont subi des abus sexuels, y compris par des mahrums, des protecteurs de la famille, qui étaient censés les protéger de tout mal. Ce sont aussi des garçons, de jeunes hommes qui ont été violés par des enseignants du Coran, ou molestés par un oncle ou même un voisin. […]

Le cœur de la question est que ce qui engendre chez nous le manque de sécurité est l’illusion de sécurité que nous avons créée. Nous avons construit cette illusion avec notre silence, le silence imposé à nos victimes, le silence de ceux qui savent mieux, et le silence que nous avons créé autour des agresseurs. Le silence est fondamentalement une absence de compassion. […]

Et une réaction compatissante et juste signifie également que nous tenons les auteurs pour responsables. Encore une fois, même si c’est contre vous-mêmes, vos parents ou vos proches. Cela signifie également, même si c’est contre vos propres institutions ou dirigeants communautaires. C’est un acte de compassion envers les victimes, un acte de compassion envers la communauté qui empêche d’autres préjudices. C’est même un acte de compassion envers les agresseurs, qui les empêche de poursuivre leurs transgressions, de continuer à nuire aux autres. Car lorsque quelqu’un fait du mal à son prochain, il se fait du mal à lui-même.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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