Un selfie de soldats tunisiens posant avec les cadavres de terroristes de l’Etat islamique, mis en ligne le 7 mars 2016, après les affrontements meurtriers de Ben Gardane, a suscité la controverse dans les médias tunisiens. La journaliste tunisienne Fatima Triki, qui travaille pour la chaîne Al-Jazeera au Qatar, a critiqué les soldats tunisiens. « De quelle sorte de fourrage les nourrissent-ils ? », a-t-elle a écrit sur sa page Facebook. En réaction, l’animateur de la chaîne télévisée Nessma, Borhane Bsaïes, a fustigé Triki et ses employeurs qataris, remettant en question leur éthique professionnelle.
Extraits :
Borhane Bsaïes : J’ai cité les commentaires de la journaliste [tunisienne Fatima Tiriki], qui travaille pour la chaîne Al-Jazeera. Elle a écrit que quoi qu’il arrive, elle reste fidèle à son éthique professionnelle. Elle veut dire la profession des guerres. Elle a écrit que dans les guerres, les armées régulières ne doivent pas commettre de transgressions éthiques. Elle a considéré un selfie pris par un groupe de nos soldats, avec des corps de terroristes [de l’Etat islamique] en toile de fond, comme une immense catastrophe et une chose qui ne se fait pas dans les armées professionnelles. Qui sait ? Peut-être se référait-elle à l’armée du Qatar, où elle réside. Peut-être, dans l’armée du Qatar, n’ont-ils pas l’habitude de prendre de tels selfies. Ou peut-être se référait-elle à l’armée des Etats-Unis, la grande démocratie, qui a tabassé de nombreux journalistes à la base aérienne d’Al-Udeid, située non loin de la chaîne Al-Jazeera basée à Doha. Peut-être ont-ils enseigné aux reporters d’Al-Jazeera l’éthique de la couverture professionnelle, et comment déblatérer sur les armées de leurs propres pays. Peu importe ce qu’ont fait les soldats, le timing éclipse le contenu dans ce cas précis. Peu importe ce qu’ont fait les soldats…
Supposons qu’ils ont eu tort de le faire, mais lorsqu’elle a écrit [sur son compte Facebook] : « De quelle sorte de fourrage les nourrissent-ils », cela signifie qu’elle les traite comme des animaux. Ces gens se battent pour protéger votre famille, vos enfants, votre foyer, votre terre et votre honneur, et pourtant vous vous référez à eux comme à des animaux, comme à du bétail, au nom d’un professionnalisme inepte et stupide. Je vous mets au défi de parler de professionnalisme s’agissant de la base aérienne d’Al-Udeid, qui a été utilisée pour bombarder l’Irak et le Liban, et qui fournit des missiles de croisière à tous les navires de guerre, qui bombardent notre peuple innocent. Vous dites des bêtises, alors autant vous taire. Vous ne devez pas parler de ces soldats, qui sont les meilleurs, les plus nobles, les plus purs et les plus courageux.
Nous sommes assis devant une caméra, tandis qu’eux ont le doigt sur la gâchette, pour nous défendre, nos familles, nos enfants et la terre de nos ancêtres.
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