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La présentatrice de télévision égyptienne Azza Elhennawy a adressé de vives critiques au président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, lors de son talk-show, le 6 mars 2016, sur la chaîne Al-Qahera. Elle a déclaré qu’Al-Sissi n’avait rien accompli et comparé sa rhétorique à celle d’Hitler. En réaction, des présentateurs TV ont contre-attaqué, certains se focalisant sur le poids d’Elhennawy. Azmi Mogahed, de la chaîne Assema, a dit qu’elle lui faisait penser à un champion de sumo, tandis que Tamer Amin, de la chaîne Al-Hayat, a estimé que seule la radio, et non la télévision, devait pouvoir employer des présentateurs qui ressemblent à des éléphants de mer. Extraits :
Azza Elhennawy : Nous voulons que notre pays se dirige vers la bonne direction. Nous voulons un Etat de droit et une vraie justice sociale…. Nous voulons une véritable justice et le respect des citoyens. Nous ne voulons pas que les gens soient arrêtés, ou qu’on les fasse disparaître. Si le syndicat des journalistes n’avait pas manifesté, nos collègues qui ont été incarcérés n’auraient pas reçu de soins médicaux. Toutes ces problèmes ont été soumis au président, mais rien n’a été fait. Aucune mesure légale n’a été prise face à ces personnes… Au contraire, de nombreux militants pour les droits de l’Homme ont été interdits de voyage.
Journaliste : Un Etat, ce n’est pas seulement le président…
Azza Elhennawy : Le président doit servir le peuple, et il a promis au peuple qu’il répondrait à des demandes spécifiques, concernant l’éducation, la santé, les routes… Lorsque quelqu’un entre à l’hôpital, il doit recevoir un traitement approprié, non pas mourir à la porte de l’hôpital s’il ne peut pas payer. Nous avons des officiers de police qui frappent, et qui tuent parfois des citoyens. Nous avons de nombreux problèmes… Qui peut le nier ?
Journaliste : Notre pays se trouve dans une conjoncture difficile…
Azza Elhennawy : Le président ordonne au peuple de travailler, mais il doit être le premier à montrer l’exemple.
Journaliste : Il a déclaré : si je pouvais me vendre pour que vous obteniez ce dont vous avez besoin, je le ferais… Il ne faut pas parler ainsi. Je suis opposé à ce qu’un président égyptien parle de la sorte, quel qu’il soit.
Azza Elhennawy : Ce discours ressemblait à un discours d’Hitler, annonçant la dictature dans le pays.
[…]
J’ai un dernier message pour le président. Il a dit une fois aux Egyptiens : « Si quelqu’un m’attaque, ne lui répondez pas. Travaillez ! » Fantastique ! Les Egyptiens travaillent, mais la plupart des dirigeants, sinon tous, non. La vérité est que vous-même [Sissi] ne travaillez pas non plus. Vous n’avez résolu aucun problème depuis le jour où vous êtes devenu président. Dans quelques mois, cela fera deux ans que vous êtes arrivé au pouvoir. Vous aviez promis au peuple que l’Egypte allait changer en deux ans. Nous attendons toujours.
[…]
Azmi Mogahed : Beaucoup de choses ont été dites au sujet de cette animatrice de télévision poids lourd. Elle me fait penser à un champion de sumo. Elle a interviewé un journaliste respecté, mais ne lui a pas laissé la possibilité de s’exprimer. Elle lisait le texte qu’elle avait écrit. Si au moins elle avait écrit des vérités… Mais tout ce qu’elle a écrit et dit était faux, et son langage était très plat. Où est la censure à la télévision ? Personne ne voit donc cela ?
[…]
Tamer Amin : Permettez-moi de vous dire que ce qu’a dit Azza Elhennawy ne représente que son avis personnel. Elle en assume la responsabilité, et cela ne nous concerne pas. Certains ont porté plainte auprès du procureur général, l’accusant d’avoir injurié le président. Très bien, le procureur général est libre de se faire sa propre opinion, mais à mon avis cela ne constitue pas une injure au président. Nous devons cesser de dénigrer notre président et de le mêler à ces bagatelles.
[…]
Pourquoi donc ai-je un problème avec cela ? Parce qu’il s’agit de ma profession, les médias. A mon avis, elle a commis un crime qui touche aux médias, pas à la politique – et ce n’est pas non plus une injure au président. Tout d’abord, messieurs, je conseille à Essam El-Amir, dirigeant du syndicat de la radio et de la télévision égyptienne, et à tous les responsables de chaînes télévisées, de placer des pèse-personnes à l’entrée de chaque studio de l’immeuble Maspero [qui abrite la télévision égyptienne], pour que nous puissions voir le poids de chaque animateur de télévision avant qu’il ou elle n’entre sur le plateau. Quel rapport avec le reste, demandez-vous. Eh bien il y a un rapport. Le poids, le look et l’apparence sont très importants dans le cas d’un animateur de télévision. Si vous ne me croyez pas, interrogez les professeurs de médias. Un animateur de radio est libre de ressembler à un éléphant de mer, parce que nous n’entendons que sa voix, mais l’apparence constitue 30 à 40 % de la réussite d’un animateur de télévision. Nous ne pouvons pas avoir d’animateur de télévision, homme ou femme, qui pèse entre 100 et 150 kg. Cela ne se fait pas.
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