Europa – Jeremy Corbyn : antisemitismo e ideas fuera moda

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#EUROPE – JEREMY CORBYN : ANTISÉMITISME ET IDÉES DÉPASSÉES

Publié le 25 août sur le site du Monde sous le titre Nick Cohen : “La gauche de Jeremy Corbyn est un mouvement rétrograde”

Nick Cohen est un intellectuel de centre gauche britannique. Il a publié plusieurs livres tels que What’s Left (Harper Perennial, 2007, non traduit), et écrit pour The Guardian, The Observer et The Spectator.

Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste, est encore la cible d’accusations d’antisémitisme, pour avoir été présent en 2014 à un hommage aux terroristes palestiniens qui ont assassiné des athlètes israéliens en 1972. Que se passe-t-il dans la gauche britannique ?


Après la chute du mur de Berlin, l’extrême gauche britannique, en opposition à l’Occident, a préféré s’allier avec des théocraties religieuses ou des mouvances islamistes plutôt que de se réconcilier avec la démocratie libérale. Et ces alliés, réactionnaires et antisémites, ont déteint sur elle.

Par ailleurs, il peut être dans l’intérêt du Parti travailliste de tolérer l’antisémitisme. Viktor Orban peut stigmatiser les « musulmans » pour attirer des électeurs, car il n’y a presque pas de musulmans en Hongrie. De même, Corbyn n’a pas besoin du vote de la communauté juive britannique, peu nombreuse. En tout cas, ses supporteurs ne semblent pas gênés par les accusations d’antisémitisme.

Corbyn vous rétorquerait qu’il est antisioniste, pas antisémite.

Je suis le premier à soutenir la cause palestinienne et on peut bien sûr critiquer la politique du gouvernement israélien sans être antisémite. Mais il faut réfléchir à ce que veut dire « antisioniste ». Au sens littéral, cela signifie vouloir, d’une manière ou d’une autre, la fin du seul Etat juif au monde. Pourquoi voudrions-nous cela ? Par ailleurs, tout le monde sait que le mot « sioniste » est abondamment utilisé pour ressasser les vieux éléments de langage antidreyfusards sans avoir à prononcer le mot « juif ».

Hormis cet antisémitisme que vous dénoncez, quel est votre problème avec la gauche de Corbyn ?

C’est un mouvement rétrograde, dirigé par des hommes septuagénaires, qui veulent remettre au goût du jour un programme politique et économique des années 1970. Le problème de cette gauche, et c’est peut-être la même chose en France, c’est qu’elle a négligé l’économie pendant une génération – ce qui est paradoxal quand on sait que Marx était avant tout un économiste. Je dirais qu’on a affaire à un parti postmarxiste : Marx émettait une critique cohérente de la société, la gauche de Corbyn en est incapable.

Vous ne semblez pas apprécier non plus le multiculturalisme…

Non, je n’ai rien contre le multiculturalisme. Le Royaume-Uni et la France sont des pays multiculturels, et c’est très bien. Mais, là où j’ai un problème, c’est quand on laisse chaque culture être définie par les mœurs de ses membres les plus conservateurs. Dans le cas de l’islam, on oublie souvent les musulmans féministes, homosexuels et libéraux ou encore les ex-musulmans, et on définit la culture musulmane par celle des plus intolérants. Et c’est ainsi que se perd la notion – pourtant de gauche – de « camaraderie » et cette idée que les droits doivent être universels, qu’une femme de couleur qui vit en banlieue doit avoir les mêmes droits qu’une femme blanche qui vit aux Champs-Elysées.

Vous écrivez « honte aux progressistes qui rationalisent le terrorisme ». Que voulez-vous dire ?

Certains progressistes attribuent l’existence du terrorisme au racisme, à la pauvreté ou à la politique étrangère américaine. Ils le voient comme une expression des victimes. Et c’est ainsi qu’ils passent à côté de l’essentiel, à savoir du pouvoir des idées. Dans les années 1930, certains commentateurs expliquaient la montée du nazisme par le traité de Versailles, humiliant pour les Allemands. Mais le nazisme avait son propre pouvoir de séduction. Rationaliser le terrorisme, c’est donc mal comprendre la séduction qu’exercent les idéologies totalitaristes, ce que le XXe siècle aurait pourtant dû nous enseigner.

Vous qualifiez une certaine gauche de « régressive ». Qu’entendez-vous par là ?

La gauche régressive est une gauche qui ne croit pas en des valeurs universelles, qui pense que le féminisme n’est pas fait pour les femmes musulmanes et qui n’a aucun souci à s’associer à des mouvements qu’elle aurait à une époque qualifiés de réactionnaires ou d’obscurantistes, simplement parce que ce sont des ennemis de l’Occident. Surtout, c’est une gauche qui ne se méfie pas de la religion.

Par exemple, Jeremy Corbyn est apparu pendant des années sur la télévision publique iranienne. Comme toute la gauche régressive, il ne voit pas l’Iran comme un régime qui opprime les femmes, condamne à mort les homosexuels et persécute les minorités ethniques, mais comme un ennemi de l’Occident, d’Israël et des Etats-Unis, ce qui suffit à en faire un allié. Pourtant, le régime iranien est d’extrême droite et ne partage aucune des valeurs de la gauche.

Vous estimez que la menace qui pèse sur la liberté d’expression vient aujourd’hui surtout de la gauche. Pourquoi ?

A mon sens, le meilleur argument en faveur de la liberté d’expression est d’ordre pratique : si vous empêchez un camp de s’exprimer, il pourra lui aussi – lorsque cela sera en son pouvoir – vous en empêcher. Les partis progressistes ne retiennent pas cet argument, car ils pensent que l’Histoire est de leur côté, qu’ils seront toujours dans le camp des censeurs et non des censurés. Mais c’est une grave erreur, comme on le voit aujourd’hui en Europe orientale.

Comment expliquez-vous l’essor des mouvements populistes ?

Les partis modérés éprouvent un tel sentiment de supériorité morale qu’ils ont été incapables de se remettre en question, ce qui a laissé le champ libre aux populistes. La majeure partie des électeurs des partis populistes sont des gens normaux et, au lieu de les mépriser, les modérés auraient dû s’interroger sur leurs motivations.

C’est ainsi que vous analysez le vote du Brexit ?

Les élites européennes n’ont pas assez réfléchi à la manière dont les populations réagiraient au projet de centralisation des pouvoirs et à la disparition progressive des leviers de contrôle démocratique direct. Après notre référendum, j’aurais aimé que l’Union européenne se demande : « Quelles erreurs avons-nous commises ? » Mais aucune remise en question n’a eu lieu. Les élites européennes semblent prêtes à avancer au mépris des réactions des peuples.

En tout cas, la situation politique au Royaume-Uni est chaotique. Les Britanniques s’aperçoivent petit à petit que les leaders de la campagne du Brexit leur ont menti et que personne n’aurait les moyens politiques de mettre un plan en vigueur. Le pays est devenu virtuellement ingouvernable. Je dirais qu’il y a 30 % de chances qu’on ait un second référendum.

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