La Koweïtienne Ibtihal Al-Khatib : Daech a émergé de nos livres traditionnels ; si nous ne réformons pas notre discours, nous disparaîtrons

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Dans une interview du 20 novembre 2015 diffusée sur Sky News Arabia, Pr Ibtihal Al-Khatib, universitaire et journaliste koweïtienne, appelle à une révision urgente des programmes scolaires. Soulignant que l’Etat islamique a émergé « de nos écoles, de notre idéologie et des livres de notre patrimoine », elle affirme : « Soit nous réformons notre discours [religieux] et rejoignons la vie moderne, soit nous disparaîtrons. »


Al-Khatib, professeure de langue et de littérature anglaise à l’Université du Koweït, propose en outre de « retirer totalement les programmes scolaires islamiques, peut-être pour les remplacer par d’autres sur l’histoire des religions ». Extraits :

Ibtihal Al-Khatib : Nous nous sommes habitués à une mentalité de victimes, et d’une certaine façon, nous avons appris à l’aimer. Nous avons toujours l’impression que nous sommes les victimes, ceux qui sont attaqués, ceux contre lesquels le monde complote. Ainsi, lorsque les autres subissent des désastres ou des catastrophes, nous avons tendance à exprimer un sentiment vindicatif, naïf et puéril. Nous l’avons vu dans le cas de l’avion russe qui s’est écrasé au Sinaï, et nous l’avons de nouveau vu avec ce qui s’est passé en France. Voilà comment nous nous comportons au lieu de considérer la situation de façon réaliste.

Journaliste : Certains disent que justifier le terrorisme équivaut au terrorisme. Etes-vous d’accord ?

Ibtihal Al-Khatib : Absolument. Toute tentative de justifier ou de légitimer le terrorisme consiste [à adhérer à] un idéal terroriste, et est tout aussi dangereux que l’acte terroriste lui-même, car l’idée et l’acte sont tout aussi dangereux.

Je pense qu’il existe un réel sentiment critique envers l’Etat islamique, mais de la même manière, il y a un très fort sentiment pro-EI, et une empathie envers l’Etat islamique. C’est pourquoi l’EI grandit. Il ne grandit pas dans le vide, et n’a pas émergé du vide. Il a émergé de nos écoles, de notre idéologie, et des livres de notre patrimoine, dont les penseurs islamiques refusent de réexaminer le contenu. Si vous ne faites pas votre propre réforme, le monde ne vous attendra pas. Nous sommes face à deux options. Soit nous réformons notre discours religieux et rejoignons la vie moderne, soit nous disparaissons.

Je suis convaincue que les nations stagnantes, qui restent agglutinées autour de principes opposés au progrès de la civilisation, sont vouées à disparaître. De telles nations ne survivront pas.

[…]

Je reste une idéaliste concernant les révolutions du Printemps arabe. Je suis tout à fait consciente que nous sommes confrontés à des temps difficiles, car à l’instar des autres révolutions, les révolutions arabes ont connu des hauts et des bas, et il leur faudra peut-être 100 ans pour aboutir à la stabilité et donner des fruits.

Journaliste : Mais elles ont donné naissance à des groupes extrémistes, un islam politique…

Ibtihal Al-Khatib : Nous avons un prix à payer et je regrette de dire que ce prix sera plus élevé pour les femmes.

[…]

Journaliste : Dr Al-Khatib, après ces cinq dernières années de violence, où des groupes comme l’EI et ses organisations sœurs ont pris le gouvernail, quelques intellectuels du Golfe disent que la sécurité supplante toute autre considération. Une fois que nous avons la sécurité, nous pouvons engager un dialogue qui peut profiter à la société. Quelle est votre opinion là-dessus ?

Ibtihal Al-Khatib : Je hais cela de tout cœur.

Journaliste : Pourquoi ?

Ibtihal Al-Khatib : Ce prétexte… La sécurité en échange de votre liberté, la sécurité en échange de votre liberté de parole… Je pense que la sécurité est devenue un épouvantail qui sert à nous effrayer. Nous devons toujours choisir entre deux options, l’une pire que l’autre. C’est comme si la jeunesse ne pouvait trouver de solution acceptable aux yeux de tous.

Journaliste : Le problème est que nous ne pouvons attendre la jeunesse. Daech est déjà là.

Ibtihal Al-Khatib : Vous n’avez d’autre choix que de souffrir et de faire des sacrifices. Se plier à une solution semi-acceptable mènera à de graves problèmes. Nous en souffrons maintenant, entre le marteau et l’enclume.

Journaliste : Selon vous, la société arabe d’aujourd’hui est-elle ouverte à un nouvel examen de son discours religieux et à l’idée d’une réforme ?

Ibtihal Al-Khatib : Je ne pense pas que le monde arabe ait le choix. Il doit réformer son idéologie religieuse, et envisager de nouvelles perspectives.

[…]

Les médias sociaux ont pavé la voie à des libertés qui étaient auparavant inaccessibles. Comme nous le savons, tout ce qui est soumis à une forte pression finit par exploser, mais avec le temps, la situation commence à se stabiliser. Nous aurons à subir beaucoup de préjudices, suite à la perspective de nouvelles libertés, jusqu’à ce que tout se stabilise. Mais je crois que les avantages des médias sociaux l’emportent sur les dommages.

Journaliste : Pourquoi ne pas réguler les médias sociaux, ne serait-ce que pour nous protéger des idées extrémistes et des organisations terroristes ?

Ibtihal Al-Khatib : Je rejette totalement cette idée, à la fois parce que cela contredit la notion de liberté, et parce qu’il est impossible de la mettre en œuvre. On ne doit pas adopter une loi qu’on ne peut pas appliquer. Cela pourrait être embarrassant…

Journaliste : Comme vous le savez, l’EI recrute de nombreux jeunes hommes en provenance du Golfe via Twitter et d’autres plates-formes de médias sociaux.

Ibtihal Al-Khatib : Il y a une différence entre l’idéologie [d’un côté] et les menaces directes, ou le recrutement violent et direct [de l’autre].

Journaliste : Les groupes extrémistes pourraient dire que c’est leur idéologie.

Ibtihal Al-Khatib : L’idéologie est différente des atteintes corporelles. Cela reste au bon jugement des autorités judiciaires des pays concernés. Au Koweït, nous débattons actuellement d’une loi sur les médias électroniques, qui vise à réglementer Twitter, pour être précis. Je suis tout à fait contre. Il n’y a aucune faille juridique qui justifierait une nouvelle loi. Nos lois couvrent toute atteinte corporelle.

Journaliste : Si un groupe extrémiste tentait d’influencer l’un de vos fils, à Dieu ne plaise, changeriez-vous d’avis sur la régulation des médias sociaux ?

Ibtihal Al-Khatib : J’espère que non ; j’espère que je combattrais l’idéologie par l’idéologie. Au bout du compte, nous payons le prix d’avoir gardé le silence pendant de nombreuses années sur un certain mode de vie dans notre société. Nous avons vu la bête de la religion – appelons-la bête de la religion politique – croître et s’infiltrer partout. Nous avons vu son influence sur les programmes éducatifs islamiques, sur les médias et les chaînes télévisées qui invitent des cheikhs, et nous avons gardé le silence. Maintenant, ce mal a fini par frapper à nos portes, nous devons en assumer la responsabilité.

[…]

Journaliste : Vous appelez les ministres de l’Education [arabes] à modifier les programmes scolaires « ici et maintenant ». Quelle est l’urgence de la nécessité de lancer une campagne pour réformer les programmes ?

Ibtihal Al-Khatib : Il faut le faire ici et maintenant. Développer un programme scolaire est une affaire très urgente.

[…]

Je suis même pour que l’on retire totalement les programmes scolaires d’éducation islamique, pour peut-être les remplacer par des programmes sur l’histoire des religions, afin d’informer les jeunes élèves de l’histoire des religions.

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