Le conseiller du Kremlin pour la politique étrangère Karaganov : le futur ordre mondial

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Selon le conseiller du Kremlin pour la politique étrangère Sergey Karaganov, il est devenu de plus en plus difficile pour l’Occident d’imposer son système politique et ses valeurs culturelles et humaines, ce qui indique la fin de l’ordre libéral occidental. D’après lui, lorsque l’Union soviétique a cessé d’exister, « il semblait que l’ordre économique libéral se répandrait dans le reste du monde, menant à un splendide dénouement de l’histoire pour l’Occident ».[1] Mais « l’ordre mondial libéral » des années 1990 et du début des années 2000 est à présent décadent. C’est pourquoi un nouvel ordre mondial doit émerger, lequel sera probablement fondé sur le partenariat eurasien élargi, qui inclut également l’Europe, selon la proposition de la Russie soutenue par la Chine, et sur l’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie – ou la Ceinture et la Route – soutenue par la Russie. Dans ce nouvel ordre mondial, la puissance eurasienne émergera et la nouvelle Russie y occupera une place de premier plan. Extraits de l’article de Karaganov, intitulé « Le futur ordre mondial », publié dans le quotidien russe gouvernemental Rossiiskaya Gazeta :[2]

« La Russie a été accusée de détruire l’ordre mondial libéral d’après-guerre »

Il y a quelques jours, je suis intervenu lors d’un séminaire auquel assistaient des intellectuels non orthodoxes renommés provenant de Russie et d’Occident. Le sujet de mon exposé était « Qu’y aura-t-il après l’Ordre libéral mondial ? » Je pense que cela devrait intéresser aussi le grand public. Laissez-moi donc commencer par le plus évident.


La Russie a été accusée d’avoir détruit l’ordre libéral mondial d’après-guerre. Cela est fondamentalement faux à de nombreux égards. Deux ordres mondiaux régnaient après la guerre. Le premier était libéral-démocratique et capitaliste, dirigé par les Etats-Unis. Le second était socialiste, mené par l’Union soviétique. La Russie a ouvert la voie à la destruction du second, mais certainement pas du premier, même la disparition du second, en mouvement de contrepoids, a déclenché l’érosion du premier. Après la désintégration de l’Union soviétique, un « ordre libéral mondial » a été proclamé et maintenu pendant un court délai. Et il est vrai que la Russie a contribué à le ruiner par sa politique indépendante et ses actions en Ukraine et en Syrie. Mais elle a fait ce qui était juste.

A quoi ressemblait « l’ordre du monde libéral » ? C’était une brève période d’hégémonie américaine et occidentale dans le monde, qui n’avait rien de libéral, c’est-à-dire de libre. Il était soutenu, et cette opinion était imposée aux dissidents, que le monde devait être régi exclusivement par les modèles politiques occidentaux et par les valeurs occidentales. L’Occident a assumé le droit de parler au nom de la communauté internationale. Si cela est la liberté, alors qu’est l’absence de liberté ? Le communisme international professait une doctrine similaire au vingtième siècle. Avant cela, les croisés et les colonisateurs ont tenté d’imposer le christianisme, à présent à moitié oublié en Occident, pillant tout sur leur passage, évidemment. Il ne s’agissait pas d’un « ordre », mais plutôt de la loi de la jungle sous sa pire forme. Le droit international et les normes de relations interétatiques étaient brutalement foulés aux pieds.

En 1991, l’Allemagne, puis l’Union européenne dans son ensemble, ont reconnu l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie, qui se sont séparées de la Yougoslavie. Une telle reconnaissance unilatérale était totalement contraire au droit international et est devenue l’un des facteurs qui a déclenché la guerre civile en Yougoslavie. En 1999, l’OTAN a bombardé les derniers vestiges sans défense du pays pendant 78 jours. L’Occident a ensuite reconnu l’indépendance du Kosovo, qui avait été arraché au pays et où personne n’a pris la peine d’organiser un référendum sur la séparation. En 2003, la plupart des pays de l’OTAN ont participé à l’invasion de l’Irak sous un prétexte fallacieux, tuant des centaines de milliers de personnes, et déstabilisant la région entière pour des décennies. En 2009, l’agression contre la Libye a plongé le pays dans un chaos, qu’il a tenté sans succès de surmonter depuis lors. Tout cela s’est accompagné et a été suivi de nombreuses escapades pour soutenir et provoquer des « révolutions de couleur », dont la plupart ont causé les troubles et les souffrances des populations. L’Ukraine est le dernier exemple en date.

L’Europe a tenté de cimenter « l’ordre libéral » par un élargissement constant des alliances occidentales, en particulier l’OTAN, ce qui aurait inévitablement conduit à une guerre de grande ampleur sur le continent, comme beaucoup avaient à maintes reprises mis en garde, si cela s’était poursuivi un peu plus longtemps, dans les territoires que la Russie considérait comme essentiels pour sa sécurité et sa survie. Les actions les plus outrancières se sont produites lorsque la faiblesse de la Russie a porté atteinte au rôle dissuasif de son potentiel nucléaire. La Russie n’était plus considérée comme un acteur avec qui il fallait compter. [Mais] la situation a depuis lors évolué. Ayant provoqué une crise en Ukraine, l’Occident n’a pas osé aller plus loin, ayant rapidement compris que la Russie était désormais capable de « dominer dans l’escalade » et que cela entraînerait une défaite inévitable, si la Russie se mettait à faire monter les enchères. Mais les tentatives de l’Occident pour établir son hégémonie étaient vouées à l’échec, même sans aucune intervention de la part de la Russie, qui avait mis fin à l’expansion des alliances occidentales en Ukraine et à une série de changements de régime en Syrie. Ses actions n’ont fait que souligner (ce qui les a rendues particulièrement décevantes) la perte des positions dominantes dans le monde politique et le système économique, que l’Occident avait détenues pendant les cinq siècles derniers. Cela tient à de nombreuses raisons. Je ne nommerai que la plus profonde d’entre elles, celle-qui, à ma connaissance, n’a presque jamais été mentionnée auparavant.

La domination de l’Europe et de l’Occident en général était fondée principalement sur sa supériorité militaire, atteinte aux environs du seizième siècle. Profitant de leur suprématie, les Européens ont entamé une expansion coloniale et néocoloniale mondiale, imposant le christianisme, leurs règles politiques et le libre-échange par la même occasion. Mais ce sont eux qui ont été les principaux bénéficiaires de leur libre-échange. L’exemple le plus frappant de cette politique fut « l’ouverture » de la Chine, sous la menace, au commerce de l’opium du Raj britannique. En échange de l’opium, les Européens recevaient de la soie, de la porcelaine et d’autres marchandises. Des millions de Chinois ont péri suite à la consommation d’opium. Lorsque l’Angleterre, qui avait dominé les mers pendant des siècles, a perdu sa domination au profit des Etats-Unis, ces derniers ont ouvert la voie de la promotion  du « libre-échange », utilisant non seulement leur  puissance économique mais également leur suprématie militaire dans le monde non socialiste.

Lire le rapport dans son intégralité en anglais

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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