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Mansour Al-Hadj, directeur du Projet de réforme de MEMRI, a été interviewé sur la chaîne télévisée Al-Hurra le 24 août 2017 : il a abordé le problème des imams originaires des pays du Moyen-Orient qui exercent aux Etats-Unis. Ces imams « ignorent les valeurs » de tolérance, de liberté et de liberté de croyance existant aux Etats-Unis et diffusent le discours religieux traditionnel, a-t-il affirmé. En revanche, Al-Hadj a prôné le recours aux imams formés aux Etats-Unis, « des Américains musulmans, éclairés et tolérants, qui acceptent autrui ». Selon lui, la formation d’imams américains devrait être financée par des sociétés musulmanes américaines. « Les imams influencés par l’intégrisme religieux extrémiste devraient laisser la place à des individus dotés d’idées islamiques progressistes », a déclaré Al-Hadj, ajoutant qu’il espèrait que « nous, en Amérique, exporterons notre islam au Moyen-Orient ». Extraits :
Mansour Al-Hadj : Les chaires des mosquées en Amérique son hors de contrôle, car la plupart des prédicateurs qui officient dans ces centres adhèrent au discours islamique traditionnel. La plupart d’entre eux viennent du Moyen-Orient et sont considérés comme des oulémas ou comme des individus dotés d’une connaissance religieuse supérieure. Leur problème est qu’ils sont traditionnalistes, et le discours traditionnel a été un échec dans les pays arabes. La preuve en est que dans les sociétés islamiques, l’islam n’a pas réussi à unir les citoyens et à empêcher la violence et les discours de haine. Malheureusement, nous pâtissons de tels imams ici en Amérique. Ils amènent avec eux le discours religieux traditionnel et le diffusent dans un environnement totalement différent de celui d’où ils viennent.
Journaliste 1 : Pensez-vous que les salafistes extrémistes occidentaux constituent une réelle menace, et comment peut-on la gérer sans tomber dans le piège de l’islamophobie ?
Mansour Al-Hadj : Le salafisme ne fait pas la différence entre l’Orient et l’Occident, malheureusement. Quelqu’un qui adopte l’idéologie salafiste croit à tort que l’idéologie salafiste est le vrai islam. Bien évidemment, ils représentent un problème et une menace pour les sociétés [occidentales], car le discours salafiste religieux est hostile au monde dans son ensemble et à tout non-salafiste – les chiites, les soufis, les ahmadis, et même ceux qui quittent l’islam. L’idéologie salafiste préconise leur mise à mort car ce sont des « apostats ». Concernant l’islamophobie, je crois qu’elle est considérablement exagérée. Tout le monde a des phobies. Nous, par exemple, vivons dans une grande ville, et nous craignons d’être victimes d’attentats comme ceux qui ont pris pour cibles des villes en Europe et ailleurs dans le monde. Cette peur est réelle.
Journaliste 2 : Quel rôle doivent jouer les jeunes imams influencés par un fondamentalisme religieux extrémiste ?
Mansour Al-Hadj : S’ils sont influencés par le fondamentalisme, ils devraient laisser la place à des individus dotés d’idées islamiques progressistes, conformes aux droits de l’homme, au développement dans le monde, et au discours humain global. Le discours fondamentaliste apporte la division plutôt que l’unité. J’ai écrit plusieurs articles appelant les musulmans en Amérique à renoncer aux imams de la haine, qui présentent l’islam traditionnel comme le vrai islam mais qui, en réalité, dénaturent l’islam. Ils le présentent d’une manière non conforme à l’islam en Amérique. J’espère que nous, en Amérique, exporterons [notre] islam au Moyen-Orient, et j’y aspire. La société ici est cohésive et les gens se respectent. Les écoles sont ouvertes à tous, il n’y a pas de discrimination religieuse, de discrimination touchant les personnes de couleur ou d’une quelconque confession. Les musulmans en Amérique ont la capacité et l’expérience requises pour exporter ce type d’islam, dont nous avons besoin au Moyen-Orient. Nous avons besoin d’un islam tolérant, d’un islam qui aime…
Journaliste 1 : Certains croient que les imams en Occident devraient suivre une formation. Pensez-vous que les circonstances sont mûres pour cela, que cela approfondirait la compréhension des imams de la société dans laquelle ils vivent ?
Mansour Al-Hadj : C’est un autre problème. Les Etats-Unis importent des imams d’Egypte, de Turquie, du Golfe et d’autres pays islamiques. Malheureusement, ces imams ne connaissent pas la société américaine. Ils ignorent les valeurs dont nous jouissons ici aux Etats-Unis : la tolérance, la liberté et la liberté de croyance. Je m’oppose à une importation d’imams de l’étranger. Je préfère que les imams soient formés ici – des Américains musulmans éclairés et tolérants, qui acceptent autrui.
Journaliste 2 : Qui doit financer cette formation ?
Mansour Al-Hadj : Les sociétés islamiques en Amérique, évidemment. Les Américains musulmans ont assisté à l’incapacité du discours islamique traditionnel au Moyen-Orient et dans les autres pays islamiques à engendrer des sociétés tolérantes et pacifiques, et devraient soutenir les approches réformistes de l’islam, et bloquer tous ceux qui essaient de répandre l’extrémisme au nom de l’islam.
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