Le politologue égyptien Amr Hamzawy : Il est temps pour l’Egypte de débattre franchement du « déplacement » des juifs égyptiens dans les années 1950 et 1960

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Dans son éditorial du 13 octobre 2015, paru dans le quotidien égyptien Al-Shuruq, le politologue égyptien Amr Hamzawy évoque la culture des juifs d’origine égyptienne et leur “amour pour leur ancienne patrie”. Clarifiant qu’il écrit dans une perspective purement humaine, écartant les questions touchant à la politique israélo-palestinienne, Hamzawy appelle ses compatriotes égyptiens à ouvrir un franc débat sur l’expulsion des juifs dans les années 1950 et 1960.

Extraits : [1]

“Les années qui ont suivi le ‘déplacement’ ont représenté pour eux ce qu’ils avaient précisément redouté lorsque leurs bateaux ont quitté les rives de l’Egypte : le voyage était un aller simple, sans billet de retour”


C’est une chose étrange, ces gens qui ont été contraints de quitter l’Egypte dans les années 1950 et 1960. Ils sont partis sans avoir d’autre patrie et la plupart ignoraient même leur destination finale. La majorité ont trouvé un havre de sécurité pour s’installer et travailler, dans plusieurs pays européens et aux Etats-Unis.

Les années suivant le « déplacement » ont représenté pour eux ce qu’ils avaient précisément redouté lorsque leurs bateaux ont quitté les rives de l’Egypte : le voyage était un aller simple, sans billets de retour.

Ce sont les juifs d’Egypte, dont une poignée seulement ont frappé aux portes d’Israël, au sujet desquels j’écris aujourd’hui, mû par une préoccupation d’humanité, sans aucun lien avec la politique.

Chose étrange à leur sujet, au cours des générations successives, ils ont préservé leur identité égyptienne, la définissant comme une relation émotionnelle et une identité culturelle, ainsi qu’un intérêt constant pour leur ancienne patrie… Ceux qui ont quitté l’Egypte dans les années 1920, 30 ou 40 et qui ont, en tant que mères et pères, emmené leurs enfants vivre dans des sociétés occidentales, utilisent encore l’arabe de manière intensive. Certains ont réussi à le transmettre à leurs enfants et à leurs petits-enfants, et si certaines personnes âgées emploient un dialecte égyptien dont les expressions et formes datent des années 1950 et 60, les jeunes et les personnes d’âge mûr emploient l’arabe littéraire. Ceci s’explique par le fait que leur relation émotionnelle avec l’Egypte les a amenés à acquérir ou à enrichir leurs compétences linguistiques, et qu’ils ont étudié la langue de manière académique, comme le font les Occidentaux intéressés par l’Egypte ou par les pays arabes en général.

Les juifs égyptiens se souviennent de la “solidarité humaine… provenant tant des égyptiens musulmans que chrétiens” – ainsi que de la “négativité, de l’esprit de vengeance… et du déni de leurs droits… par les autres égyptiens”.

Quant à la relation émotionnelle des juifs déplacés envers l’Egypte, sa source principale réside dans les souvenirs de ceux qui ont dû quitter les lieux où ils vivaient, étudiaient et travaillaient. [Ils se souviennent de] leurs voisins et des détails de la vie sociale ; de l’activité intellectuelle, artistique et politique… de la solidarité humaine que certains juifs ont rencontrée de la part d’Egyptiens musulmans et chrétiens, lorsqu’ils ont été punis collectivement par le déplacement forcé et qu’ils ont été mêlés contre leur gré aux questions liées au conflit israélo-arabe ; et aussi ceux de la négativité, de l’esprit de vengeance… de la cupidité, de l’exploitation et du déni de leurs droits qu’ils ont enduré de la part des autres Egyptiens…

Une source supplémentaire de cette relation émotionnelle est leur attrait qui a perduré pour la culture égyptienne et ses différentes formes d’expression créative : musique, chanson, cinéma et culture populaire… et également leur intérêt pour les événements actuels en Egypte…

La « culture du souvenir » des juifs égyptiens devrait nous amener à aborder franchement et sincèrement la question du déplacement, de l’oppression et de la punition collective, subis par les juifs d’Egypte dans les années 1950 et 1960.

Aujourd’hui je ne parle pas de politique, et je ne me préoccupe pas des différentes opinions des juifs égyptiens vivant dans les sociétés occidentales concernant le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, que certains soutiennent et d’autres dénient à tort. Et je ne suis pas concerné par ceux qui se rendent régulièrement en Israël, ou ceux qui s’abstiennent de le faire en signe de rejet de l’occupation, du crime des implantations et de la violation des droits et libertés des Palestiniens.

Aujourd’hui, je ne suis pas concerné par tout cela. J’observe simplement ce cas singulier de culture du souvenir et de préservation d’un amour de la patrie perdue… Cela devrait nous conduire, nous Egyptiens, à aborder franchement et sincèrement les faits relatifs au déplacement, à l’oppression et à la punition collective subis par les juifs d’Egypte dans les années 1950 et 60, qui appellent à une culture du souvenir d’un genre différent en Egypte.

Note :

[1] Al-Shuruq (Egypt), 13 octobre 2015.

Lien vers l’article en anglais

 

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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