L’intervention russe brise le rêve néo-ottoman de la Turquie en Syrie

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Par R. Krespin*

Depuis le Printemps arabe de 2011, la politique étrangère de la Turquie s’est focalisée sur la Syrie et sur l’éviction de son président alaouite, Bachar Assad, que la Turquie espérait voir remplacer par un dirigeant sunnite aux vues similaires des siennes, proche des Frères musulmans. Au cours de ses 13 années au pouvoir, le gouvernement turc, conduit par le parti de la Justice et du Développement (AKP), a éloigné le pays de son alliance traditionnelle avec l’Occident pour se rapprocher du Moyen-Orient et du monde islamique, revendiquant l’hégémonie et la responsabilité des pays de la région – rôle que la Turquie considère comme légué par son passé ottoman. Le Président [ancien Premier ministre] RecepTayyip Erdogan et le Premier ministre [ancien ministre des Affaires étrangères] Ahmet Davutoglu ont mis au point une politique étrangère néo-ottomane expansionniste, par laquelle ils aspiraient à devenir la principale puissance régionale.

Ils ont soutenu les factions islamistes djihadistes dans de nombreux pays, encourant de vives critiques de la part des gouvernements libyen, tunisien, égyptien, irakien et surtout syrien, pays où ils ont largement contribué à déclencher et développer la guerre civile. Le gouvernement de l’AKP a autorisé la libre circulation de milliers de combattants djihadistes vers la Syrie, et fourni un soutien matériel et logistique aux organisations radicales qui combattent le régime d’Assad, y compris l’EI, Jabhat Al-Nosra et Ahrar Al-Sham – à l’exception des forces kurdes, que la Turquie qualifie de « terroristes » en dépit de leur rôle important pour combattre l’EI.


Après que la Turquie, allié de l’OTAN, eut finalement ouvert sa base aérienne d’importance stratégique d’Incirlik aux forces de la coalition en juillet 2015, les Etats-Unis et l’Occident ont fermé les yeux sur l’agression turque contre les Kurdes et accédé à la plupart des demandes de la Turquie, [1] y compris à la demande de soutien de son programme d’entraînement et d’équipement d’une force d’opposition en Syrie, pour combattre tant l’EI que le régime d’Assad – projet qui s’est soldé par un échec. Lorsque les Etats-Unis et l’Europe ont rejeté l’initiative turque de création d’une une zone sécurisée où la Turquie construirait des villes pour accueillir les réfugiés, la Turquie a fait pression sur eux en permettant à des centaines de milliers de réfugiés syriens provenant des camps turcs d’émigrer dans les pays européens, posant ainsi à l’Europe un problème massif de réfugiés. L’implication actuelle de la Russie en Syrie a mis définitivement fin au projet turc de zone sécurisée.

Les partis d’opposition en Turquie, ainsi que ses médias indépendants, ont critiqué depuis des années la politique d’Erdogan et de Davutoglu, qualifiée de « désastreuse », mais le gouvernement AKP était confiant que ses projets en Syrie auraient les résultats escomptés. Les chefs de l’AKP ont traité la Syrie comme un problème intérieur et prétendu « qu’aucun oiseau ne pourrait survoler ce pays sans l’autorisation de la Turquie ».[2] En août 2012, Davutoglu avait prédit qu’Assad tomberait dans quelques semaines,[3] et en septembre de cette année, Erdogan a annoncé que « très bientôt, nous [les Turcs] allons rencontrer et embrasser nos frères [sunnites] dans la Damas libérée, dire la [prière de la] Fatiha sur la tombe de Salah Al-Din Al-Ayyoubi et prier ensemble librement à la mosquée Emevi ».[4]

La récente intervention militaire russe en Syrie aux côtés de l’Iran, destinée à soutenir le pouvoir d’Assad, ainsi que ses frappes aériennes visant non seulement l’EI mais aussi les soi-disant modérés soutenus par la Turquie (qui sont en réalité eux aussi des groupes terroristes islamistes), ont donné une autre allure au conflit. La réaffirmation par la Russie de son implication au Moyen-Orient et ses récentes incursions dans l’espace aérien turc menacent de déclencher un clash entre la Russie et l’OTAN à la frontière turco-syrienne. Avec ses bases navales à l’ouest de la Syrie, la Russie pourrait entrer en conflit avec des navires turcs et autres, sur les voies de navigation en Méditerranée orientale. La Turquie est certainement la partie la plus affectée par cette nouvelle donne, car ses rêves concernant la Syrie, qui n’ont jamais correspondu à ses capacités effectives, deviennent à présent un véritable cauchemar.

En réaction aux derniers bouleversements en Syrie, certains éditorialistes d’opposition en Turquie ont critiqué la politique étrangère de l’AKP, qu’ils qualifient de sectaire, islamiste et fondée sur des rêves néo-ottomans illusoires. Ils ont également critiqué le gouvernement pour son soutien aux organisations islamistes radicales en Syrie, qui sont devenues une menace pour la région et pour la sécurité de la Turquie elle-même, et pour avoir manipulé l’Occident en lui faisant croire qu’il existerait une opposition modérée au gouvernement syrien.

A l’inverse, des éditorialistes des journaux islamistes et pro-AKP ont fustigé la campagne russe en Syrie et l’ont accusée de participer d’un plan concocté secrètement par la Russie, conjointement avec les Etats-Unis.

Lire le rapport intégral en anglais

 

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