Le 3 octobre 2015, le bureau d’information de l’Etat islamique (EI) dans la province de Damas a posté une vidéo de cinq minutes intitulée « [Luttez contre ceux qui ne croient pas en Allah] jusqu’à ce qu’ils versent la capitation de leurs propres mains, après s’être humiliés » (tiré du Coran 9, 29). La vidéo, postée sur Archive.org et diffusée via les médias sociaux, notamment sur Twitter, sous le hashtag Damascus Province, traite de l’imposition par l’EI d’un contrat de dhimma [protection] et de la taxe de la jizya sur les habitants chrétiens de la ville de Qaryatayn, en Syrie, récemment conquise. La vidéo est accompagnée d’images de membres de l’EI retirant les croix des églises et les détruisant, ainsi que d’une séquence sur la signature du contrat. [1]
le début de la vidéo montre des combattants de l’EI qui entrent à Qaryatayn et défilent dans ses rues. Le narrateur souligne qu’après avoir été « libérée » par les combattants de l’EI des mains des « soldats du tyran [l’armée du président syrien Bachar Al-Assad] », la loi de la charia est de retour dans la ville et ses habitants musulmans ont retrouvé le sourire. Il ajoute que certains chrétiens de la ville ont choisi de se convertir à l’islam, tandis que d’autres ont préféré signer le contrat de dhimma, payer l’impôt de la jizya, et vivre en paix et en sécurité dans l’Etat du califat islamique. Des images montrent des combattants de l’EI projetant dans le vide une croix du haut d’une église et l’intérieur de l’église détruit.
Un membre du groupe décrit ensuite le traitement réservé aux chrétiens de la ville suite à sa prise de contrôle. Il affirme que certains chrétiens ont été faits prisonniers, tandis que d’autres ont fui vers « Diyar Al-Kufr [les demeures de la mécréance] et des lieux régis par Bachar le Nusairi [alaouite] ».
Le membre de l’EI ajoute que les chrétiens pris en captivité se trouvant encore dans la ville ont quatre options : 1. les hommes sont tués et les femmes et les enfants réduits à l’esclavage. 2. ils peuvent être échangés contre des prisonniers, de l’argent ou un butin. 3. ils peuvent être graciés, à condition qu’ils quittent le califat. 4. ils peuvent signer le contrat de dhimma et payer la jizya. Finalement, dit-il, « le calife des musulmans [Abu Bakr Al-Baghdadi] fait preuve de bonté et de générosité [envers les chrétiens], accepte de recevoir leur impôt, la jizya, et leur permet de vivre sous le régime du califat dans le cadre du contrat de dhimma ». Il ajoute que « le chef des musulmans » a accepté d’accorder aux chrétiens qui ont fui la ville la possibilité de signer le contrat de dhimma et de revenir jusqu’à un mois plus tard dans leurs maisons et sur leurs terres.
Le narrateur conclut : « Ceci est un message à tous les chrétiens d’Orient et d’Occident, et au défenseur de la Croix – l’Amérique : convertissez-vous à l’islam et aucun mal ne vous sera fait. Si vous obéissez, vous devrez payer la taxe de la jizya. » L’orateur mentionne les déclarations du porte-parole de l’EI, Abu Mohammed Al-Adnani, qui avait affirmé que le paiement de la jizya était mille fois moins important que l’implication chrétienne dans la guerre contre les musulmans, de toutes façons vouée à l’échec.
L’intérieur d’une église détruit à Qaryatayn.
Chrétiens faits prisonniers par l’EI à Qaryatayn.
Des chrétiens ayant fui la ville reviennent après la signature du contrat de dhimma.
Note :
[1] Voir MEMRI JTTM, ISIS Issues Dhimma Contract For Christians To Sign, Orders Them To Pay Jizyah, 3 septembre 2015
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