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L’imam canadien Ahmed Khalil a mis en garde, dans un sermon du vendredi 3 mars 2017, qu’il était inacceptable de stéréotyper tous les Juifs. Il a affirmé à ses auditeurs qu’un sermon prononcé à Toronto avait été « biaisé », « sorti de son contexte » et présenté comme antisémite. « Nous devons bien définir ceux que nous prenons pour cibles dans nos invocations », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il faut prier contre les sionistes. « Ce sont les gens que nous devrions combattre avec notre plume, notre logique, et même, devrais-je dire, avec l’épée », a déclaré Khalil.
Dans un sermon du vendredi prononcé le 7 juillet 2017, cheikh Khalil avait déclaré que les musulmans doivent récupérer le concept de djihad aux mains des terroristes qui se le sont « approprié », et que le djihad dans un but d’autodéfense est l’un des piliers de l’islam.
Ses sermons ont été prononcés à la mosquée de la branche de Vancouver de l’Association musulmane du Canada (AMC), où il était directeur de la jeunesse jusqu’à sa mutation dans une autre communauté. Il est à noter que la lieutenante-gouverneur de la Colombie-Britannique, Judith Guichon, s’est rendue sur les lieux le 7 avril. Extraits :
(Le contenu a légèrement été modifié pour des soucis de clarté)
Cheikh Ahmed Khalil : Il est un sujet, un concept, que nous écartons souvent et que nous négligeons, et que certains considèrent parfois comme tabou : le concept de djihad. Le concept de djihad. Vous dîtes : « Non, non, on ne parle pas de djihad. » Exact ? « N’en parlons pas. Nous sommes des créatures paisibles et aimantes, exactement comme tous les autres êtres humains. » Et oui, c’est vrai, mais le djihad est un concept de l’islam. C’est un concept de l’islam. Certains disent même que le djihad pourrait être considéré comme l’un des piliers de l’islam, et lui accordent de l’importance. […]
Le djihad est […] considéré comme très important. Pourtant, nous le négligeons souvent. Souvent, nous n’en parlons pas. Nous nous y soustrayons. Car malheureusement, certains, à travers le monde, l’utilisent comme prétexte pour [servir] leurs desseins politiques. Ils disent pratiquer le djihad et mener le djihad, mais ils ne font que perpétrer des actes épouvantables. Ils commettent des transgressions envers d’autres musulmans, les tuent… Au nom de l’islam, disent-ils. Mais ils détruisent la vie de beaucoup de gens. L’islam et le mot « djihad » ont été détournés par ces personnes.
Nous devons en reprendre possession. Nous devons affirmer que, oui, le djihad fait partie de notre croyance. Mais qu’il n’a aucun lien avec les crimes qu’ils commettent. Ils ne font qu’utiliser le mot, voilà ce qu’ils font. Mais ils ne font pas vraiment grand-chose à ce sujet. Ils n’accomplissent pas grand chose, ils ne défendent pas vraiment le monde, ils ne défendent pas les croyants. Ils ne font que tuer des croyants. La plupart des victimes du terrorisme dans le monde ne sont pas les non-musulmans, les Européens, ou les Américains. Non, la plupart des victimes sont des musulmans. Ces gens se disent capables de juger ces autres musulmans comme de moins bons musulmans, et ensuite, ils mènent ces attaques.
Le djihad est un concept islamique que devons récupérer, auquel devons rester attachés et auquel nous ne devons pas nous soustraire. Nous n’avons aucune raison de nous en écarter. Le djihad sert à élever la parole d’Allah, à sublimer la voie d’Allah, à garantir qu’Allah soit vénéré dans [tous] les pays, à nous défendre contre les tyrans qui veulent voler les richesses et les biens de nos pays […]. Voilà ce qu’est le djihad, purement et simplement. N’avons-nous pas le droit à l’autodéfense ? Dans tous les systèmes de droit de chaque pays au monde, des lois autorisent les gens à pratiquer l’autodéfense, si bien que lorsqu’un intrus entre chez eux, il est permis de l’abattre.
Donc, si vous êtes chez vous, que vous avez peur, que quelqu’un entre par effraction chez vous, vous êtes autorisé à lui tirer dessus. Vous êtes autorisé à défendre votre maison contre à cet intrus. Dans le monde entier, l’autodéfense est légitime. Mais s’agissant des musulmans et lorsqu’ils l’utilisent et profèrent le mot « djihad », malheureusement, les tyrans s’y opposent. Ils ne veulent même pas que nous évoquions le terme ou que nous en parlions. Ils veulent que nous adoptions une version de l’islam qui n’utilise pas ce concept ou qui ne défende pas ce concept d’auto-défense. Soyons dociles. Soyons tranquilles. Prosternons-nous devant les tyrans. Laissons-les faire tout ce qu’ils veulent, car ce sont eux les dirigeants et que nous sommes tenus dans certains lieux d’obéir au dirigeant. […]
Dans le dernier sermon, nous avons parlé de faire preuve d’un zèle fort et puissant pour affronter les immenses pressions et angoisses et les ennemis de l’islam, qui nous attaquent à gauche et à droite, de tous les côtés. Mentionnons aussi brièvement comment une prière prononcée dans une mosquée à Toronto a été biaisée, sortie de son contexte et utilisée pour faire passer […] les musulmans pour des antisémites prêchant la haine. Il s’est avéré que le prédicateur ou l’imam de cette mosquée à ce moment-là […] a prononcé une invocation contre les transgresseurs. Et il a prié contre les Juifs. En particulier les Juifs qui occupent la Palestine. Mais ses propos, ce qu’il voulait dire, c’est ce que nous voulons tous dire, quand nous faisons cette prière la plupart du temps. Mais ce qu’il a dit a été sorti de son contexte afin de montrer qu’il prêchait la haine contre tous les Juifs, peu importe où ils se trouvent.
Nous devons être justes, nous devons condamner ceux qui nous attaquent, nous devons les combattre avec nos mots, avec notre plume, avec notre logique, mais ne faisons pas de stéréotypes, ne catégorisons pas tout le monde, tous les Juifs, tous les chrétiens, ce n’est pas acceptable. Et parfois, des gens disent la prière contre tous les Juifs et tous les chrétiens : « Fais de leurs enfants des orphelins et de leurs épouses des veuves, élimine-les, coupe-les en deux ». […] Cheikh Youssouf Al-Qaradhawi a dit qu’il n’est pas digne d’un musulman de faire une telle prière. Il n’est pas digne d’un musulman de dire une telle prière, car parmi les chrétiens et les Juifs, il y en a qui sont bienveillants envers nous. Certains sont nos voisins. Certains sont nos collègues. Ils peuvent même nous être liés par le sang. Et ils ne nous ont pas attaqués. Ils n’ont pas commis de transgression envers nous. C’est pourquoi nous devons être très précis sur la cible de notre prière. Il y a une très grande différence entre un sioniste et un Juif. […]
Donc, notre prière ne devrait pas être dirigée contre les Juifs spécifiquement, mais plutôt contre les sionistes qui revendiquent les territoires occupés en Palestine. Nous devrions les combattre avec notre logique et avec la plume et même, je dirais, avec l’épée. Ceux qui occupent nos terres. Ceux qui nous attaquent, comme le verset dit : « ceux qui vous attaquent », « ceux qui vous combattent », et ce concept existe dans de nombreux endroits dans le Coran, mais malheureusement, ceux qui se trouvent aux extrêmes parmi les musulmans ignorent ce concept. Ils essaient de sortir les versets de leur contexte et ils logent tout le monde à la même enseigne. […]
Et de l’autre côté, vous trouvez des gens qui disent : Vous savez quoi, peu importe qu’ils soient sionistes, ils ne me font pas vraiment de mal, à moi-même ou ma famille, ici au Canada. Ils font du mal aux gens, vous savez, en Palestine. Donc, c’est très différent. […]
Ce que vous dites est écouté, enregistré et mis en ligne, ailleurs. Ce qui se passe dans une petite ville ou un village du sud de l’Egypte sera entendu dans le monde entier. Nous ne pouvons plus dire que nous parlons entre nous et que personne ne nous écoute. Non. Nous devons être fidèles à nos paroles. Ce que nous disons doit être le reflet fidèle de nos croyances et de notre vision. Nous devons être non seulement conscients des enregistrements, nous méfier ou craindre d’être enregistrés, mais nous devons être authentiques. Nous ne pouvons pas être hypocrites. […]
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