Le chroniqueur saoudien Hamad Al-Majed, également membre du conseil d’administration du Centre international du Roi Abdallah Ben Abdelaziz pour le dialogue interculturel et inter-religieux, a suggéré, dans sa chronique du 2 septembre 2015 du quotidien saoudien basé à Londres Al-Sharq Al-Awsat, que musulmans et juifs coopèrent en Occident pour contrer la campagne anti-musulmane de chrétiens d’extrême droite et répondre aux craintes des juifs de devenir la cible d’une campagne similaire. Al-Majed se demande si une telle collaboration, qui profiterait aux deux communautés, est envisageable, ou si le conflit israélo-palestinien y ferait obstacle. Extraits :
Pour la première fois en 14 années d’errance au sein des pays occidentaux et américains [du Nord et du Sud]… et de participation à des conférences et à des ateliers de dialogue [inter-religieux], j’entends les craintes de la diaspora juive sur le sombre avenir de la liberté de culte, exprimées par certains de ses dirigeants à leurs homologues de la diaspora musulmane en Occident.
Cette crainte ne découle pas de nouvelles lois qui viseraient directement les libertés de la diaspora juive, comme cela est arrivé à la diaspora musulmane lorsque la construction des minarets a été interdite en Suisse et le hijab en France. Elle résulte de [la crainte que] ces mêmes lois qui ont visé la diaspora musulmane en Occident [puisse un jour être appliquées aux juifs]. Plusieurs dirigeants juifs occidentaux ont compris, comme un éminent chef musulman européen me l’a dit… que quiconque interdit le niqab en viendra à interdire le hijab, puis au bout du compte la kippa juive. [Ils ont également compris que] l’interdiction de construire des minarets en Suisse risque d’être suivie de restrictions imposées aux synagogues juives. De même, il y a la peur de l’interdiction de la viande [halal et] cachère pour les musulmans et les juifs, sous prétexte d’hygiène. Plusieurs rabbins juifs ont également exprimé la crainte d’une interdiction de la circoncision, fondée sur l’argument que les méthodes et les outils utilisés ne répondent pas aux normes médicales obligatoires.
Ces rabbins redoutent également que la question de l’interdiction puisse faire boule de neige avec le temps. [Ils affirment] que l’objectif à long terme [de ces interdictions] n’est pas [de répondre à des] préoccupations médicales, mais de nuire aux libertés des minorités religieuses – musulmans, juifs et autres. Des rituels publics, comme la prière dans les lieux publics le vendredi et les jours fériés, pourraient être aussi [concernés]… tout comme l’interdiction de certains temps de prière, et la liste ne fait que s’allonger…
A la lumière de ces nouvelles données et des défis communs [rencontrés par les musulmans et les juifs], les questions suivantes se posent : Les dirigeants de la diaspora musulmane en Occident doivent-ils prendre l’initiative inhabituelle et inédite de collaborer avec les dirigeants de la diaspora juive ?… Ainsi, l’action judéo-musulmane conjointe aidera la diaspora musulmane à contrer les actions racistes de l’extrême droite, constituant une mesure préventive qui protègera [aussi] la diaspora juive ? Les musulmans bénéficieront-ils du puissant et influent lobby juif, et les juifs profiteront-ils du grand nombre de musulmans et de leurs nombreux centres et institutions ? Ou la lutte israélo-arabe éternelle sur la Palestine jettera-t-elle son ombre lourde sur une telle connexion, amenant chaque groupe à confronter l’extrême droite chrétienne de sa propre manière et par ses propres moyens ?
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