Utilisation par l’EI de Twitter et d’autres médias sociaux américains pour diffuser des images et vidéos de punitions islamiques

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Au cours des dernières semaines, un débat s’est fait jour au sein des principaux experts juridiques, au sujet du Premier Amendement et de l’activité de l’Etat islamique (EI) sur Internet. Le 15 décembre 2015, dans un article sur Slate intitulé « L’EI ne nous donne pas d’autre choix que d’envisager de limiter la liberté d’expression », le professeur de droit de l’université de Chicago Eric Posner appelle à de plus grandes restrictions à la liberté d’expression. Il observe que la capacité accrue des groupes terroristes à utiliser les médias sociaux afin de recruter des jeunes gens pour leur mission a « provoqué un danger d’une gravité sans précédent provenant de la radicalisation et du recrutement » et suggère d’édicter une « loi qui incriminerait l’accès aux sites Internet glorifiant et exprimant leur soutien ou leur encouragement à l’EI ».

Si certains experts juridiques désapprouvent, soulignant que le contenu en ligne de l’EI et des autres groupes djihadistes était protégé par la liberté d’expression, un nombre grandissant de leurs collègues défendent la thèse d’Eckholm.

Erik Eckholm a écrit le 27 décembre 2015 dans le New York Times,sous le titre « L’influence de l’EI sur le web nous appelle à réviser le Premier Amendement » : « C’est l’un des préceptes les plus sanctifiés du droit constitutionnel moderne : la liberté d’expression ne peut être restreinte, sauf lorsqu’elle pose un danger ‘clair et présent’… Mais certains experts juridiques se demandent si le moment est venu de reconsidérer ce dogme constitutionnel… Le gouvernement ne doit-il pas avoir un moyen, demandent-ils, de bloquer les messages qui facilitent des actes terroristes ? » Il observe qu’en novembre 2015, le professeur de droit de Harward et ancien membre de l’administration Obama, Cass R. Sunstein, a déclaré qu’il était « légitime de se demander si le moment de reconsidérer le test [du ‘danger clair et actuel’] n’était pas arrivé ». Et d’ajouter que selon Posner, il était nécessaire de « repenser les compromis » du Premier Amendement « au vu des changements technologiques et sociaux ». Eckholm écrit que « si tous ces experts juridiques, y compris M. Posner, s’accordent pour dire que la Cour suprême actuelle invaliderait » une loi dans la veine de celle suggérée par Posner, tous conviennent que le raisonnement de la Cour serait différent si davantage d’Américains endoctrinés par des vidéos djihadistes menaient des attentats. Il conclut en citant l’expert en droit constitutionnel de l’université de Chicago, Geoffrey R. Stone : « D’ici cinq ans, qui sait ? Vous pouvez imaginer un scénario où l’état des faits serait si grave que vous décidez d’alléger les protections [légales]. »


Les discussions de ces experts portent entre autres sur le nombre considérable de vidéos et d’images de châtiments islamiques très choquantes de l’EI – décapitations, amputations, crucifixions, lapidations et bûchers, et projections du haut de toits – mis fréquemment en ligne par l’EI et d’autres groupes djihadistes sur les réseaux sociaux américains ces deux dernières années, et diffusées auparavant par Al-Qaïda. Tous les participants à ce débat auront du mal à soutenir que ces contenus doivent être protégés par la liberté d’expression ou rester accessibles. Même si ce débat apparaît seulement maintenant au grand jour, au cours des dernières années, MEMRI fait régulièrement état de ces châtiments islamiques, comme on peut le voir dans le rapport suivant.

Préface : Préparer le terrain pour la diffusion actuelle de décapitations sur les réseaux sociaux

En mai 2004, la décapitation filmée de l’Américain Nicholas Berg par le chef d’Al-Qaïda en Irak, Abou Mussab Al-Zarqawi, a été mise en ligne par de nombreux sites djihadistes, et largement partagée, donnant le ton à de nombreuses vidéos similaires diffusées au cours de la deuxième guerre d’Irak. On la trouvait encore récemment sur Twitter, le 14 décembre 2015.

Quelques mois plus tard, en juillet 2004, la vidéo de la décapitation de l’employé de Lockheed Martin en Arabie saoudite, Paul Johnson Jr., est également devenue virale, tout comme les photos de sa tête coupée, brandie par l’un de ses assassins. Après cette décapitation, le magazine d’Al-Qaïda Sawt Al-Jihad a publié un article intitulé « Une lettre à la femme du défunt Paul Johnson, par la femme d’un des martyrs », qui avertissait : « Ce n’est qu’un début, et le corps de votre mari sera suivi par des montagnes de corps de ses compatriotes. »

La vidéo de la décapitation de l’entrepreneur de l’Illinois Robert Jacob à Riyad a été mise en ligne en juin 2004, et celles des décapitations de l’ingénieur de Géorgie Jack Hensley et de l’entrepreneur du Michigan Eugene Armstrong ont toutes deux été mises en ligne en septembre 2004. En juin 2006, le Conseil de la Shoura des moudjahidines, dont Al-Qaïda en Irak faisait partie, a déclaré en ligne avoir « massacré » les soldats américains Thomas Tucker et Kristian Menchaca, suggérant qu’ils avaient été décapités.[2] Si aucune vidéo de ces assassinats n’a été diffusée,[3] le Conseil de la Shoura des moudjahidines a émis une vidéo montrant la décapitation d’un diplomate russe et l’assassinat de deux autres [4] kidnappés en Irak le même mois.

D’autres vidéos mises en ligne de décapitations en Irak comportaient celles du photographe italien Salvatore Santoro et du traducteur coréen Kim Sun-il, toutes deux en décembre 2004, et de l’entrepreneur japonais Akihiko Saito, en mai 2005.

Dans son éditorial du 11 septembre 2013 sur les attentats du 11/9, le quotidien tunisien Al-Haqaiq écrivait : « Ce qui est absurde est que le moulin du terrorisme international, qui a frappé ceux qu’il qualifie de mécréants dans leurs bastions de New York, Madrid, Londres et Moscou, a ensuite récolté les têtes de milliers de musulmans dans les mosquées et les marchés d’Irak. » [5]

Au cours de la guerre en Irak, et depuis lors, les djihadistes ont décapité des Syriens, des Irakiens et d’autres locaux. Des décapitations de chauffeurs de camions et d’entrepreneurs turcs ont été montrées dans une vidéo filmée en octobre 2004 en Irak ; une vidéo de janvier 2005 montrait la décapitation de l’homme d’affaires libanais Badri Ghazi Abou Hamzah, en Irak aussi, et en juillet 2005, une vidéo montrait la décapitation de l’ambassadeur d’Egypte en Irak, Ihab Al-Sherif.[6]

Une vidéo de deux diplomates algériens capturés en Irak, Ali Balarousi et son collègue Azzedin Belkadi, a été mise en ligne en juillet 2005 par Al-Qaïda en Irak. Le groupe a ensuite revendiqué leur assassinat.[7]

Un programme télévisé populaire de confessions de terroristes, diffusé par les chaînes irakiennes Al-Iraqiya et Al-Fayhaa, se focalise souvent sur le thème des décapitations. Ainsi, le 23 février 2005, le terroriste irakien capturé Shihab Al-Sabawi expliquait comment des membres des services des renseignements syriens lui avaient enseigné la manière de tuer et de décapiter [8]. L’émission du 30 mars 2005 montrait un autre terroriste irakien capturé, Omar Allawi, qui affirmait avoir été payé 200 dollars pour filmer des décapitations [9] ; et dans l’émission du 21 avril 2005, le terroriste irakien capturé Adnan Elias déclarait qu’il avait tué des otages par éviscération. [10]

En 2005, le public était choqué par ces premières décapitations ; aujourd’hui, dix ans plus tard, un nouveau groupe est apparu en Syrie, en Irak et dans la région, qui a rendu ternes les premières décapitations.

Introduction : Les punitions islamiques en Irak et en Syrie, l’émergence de l’EI et la diffusion d’images et de vidéos sur les réseaux sociaux américains

Depuis sa création, l’Etat islamique (EI) et les groupes tels que Jabhat Al-Nusra (JN), filiale d’Al-Qaïda en Syrie, ainsi que d’autres groupes affiliés à Al-Qaïda et ses antennes, utilisent les services des réseaux sociaux basés aux Etats-Unis comme un outil essentiel pour promouvoir leurs objectifs, notamment leur propagande. L’EI utilise Twitter, YouTube et d’autres réseaux américains pour répandre la peur, tant dans les cœurs de ses ennemis que dans ceux des habitants des régions déjà sous son contrôle, avec des images violentes de décapitations, crucifixions, flagellations et autres punitions islamiques.

Le rapport qui suit expose la manière dont l’EI et les autres organisations ont utilisé, et continuent d’utiliser, les réseaux sociaux basés aux Etats-Unis pour diffuser des images et des vidéos de ces punitions ; un historique des décapitations djihadistes sur les réseaux sociaux, dont celles commises par des combattants occidentaux en Syrie et en Irak ; différentes catégories de punitions islamiques diffusées par les réseaux sociaux ; et de nombreux exemples de posts djihadistes comportant des décapitations, dont des vidéos.

Ces punitions islamiques, souvent prononcées par des tribunaux locaux dirigés par ces organisations, et souvent justifiées par des extraits du Coran, sont largement appliquées contre les minorités, y compris les chrétiens, les yazidis, les Kurdes et les homosexuels ;[11] contre les membres, ou membres soupçonnés, de groupes djihadistes rivaux, des forces du régime syrien, du Hezbollah et des forces armées iraniennes ;  et contre des locaux. Des preuves abondantes de ces punitions sont partagées et diffusées sur les comptes officiels de ces groupes, sur des supports de réseaux sociaux comme Twitter, YouTube et autres. Ces images sont également diffusées par des membres individuels et des partisans de ces groupes, des éléments pro-syriens et anti-syriens, et d’autres éléments dans le monde entier, comme MEMRI en fait état depuis trois ans.

Souvent, ces punitions sont infligées en public, devant des foules de spectateurs ; ces foules incluent souvent des enfants, ces événements étant utilisés pour leur endoctrinement et instruction. De nombreux combattants étrangers, en particulier européens, auteurs de ces décapitations, figurent couvent dans ces productions médiatiques de l’EI.

La surveillance de ces contenus n’est pas une tâche aisée. Selon certaines informations, les agences de renseignements, dont la CIA, la NSA et le Centre national de lutte antiterroriste, emploient des thérapeutes pour aider les analystes à gérer le traumatisme émotionnel qu’ils subissent, en visionnant et analysant les vidéos et les images de décapitations et autres images violentes.[12] Mais il est essentiel de faire connaître au grand public et d’accumuler des preuves de la brutalité des contenus diffusés sur les réseaux sociaux. Ainsi, l’Occident pourra mieux comprendre à quels ennemis il fait face.

Lire l’article dans son intégralité en anglais –  (ATTENTION : CONTENU EXTREMEMENT CHOQUANT)

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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