Haim Korsia : Le quotidien pousse à oublier le bonheur. « Être heureux comme un juif en France » est un objectif à construire en permanence. C’est quand on risque de perdre ce qui fait notre spécificité en France que nous nous inquiétons, comme cela s’est passé après les attentats de Charlie Hebdo et l’Hyper cacher.
La société est au bord de l’implosion, il faut d’urgence agir. D’où l’importance du 11 janvier qui nous a rappelé qu’il était possible de retrouver cet élan de fraternité, que ce n’est pas juste un mot inscrit sur les frontons des mairies et des écoles. Collectivement, on avait besoin de voir la France unie. Non pas uniforme, mais rassemblée dans sa diversité et ses différences.
Comment évaluez-vous les relations judéo-chrétiennes, cinquante ans après la déclaration Nostra aetate ?
Nous aurons ensemble, catholiques et juifs, un important colloque le 24 novembre à Tours sur le thème de la fraternité. Le principe même de la proximité avec le christianisme est justement d’être capable de porter un regard fraternel.
L’épiscopat français a été le moteur du rapprochement avec le judaïsme : l’Église s’est posée des questions, des prêtres et des religieuses se sont mobilisés. Avec les évêques, il y a une histoire partagée et un questionnement commun sur ce qu’est la société et, si ce n’est des réponses communes – ce qui serait dangereux –, des réponses convergentes, qui se conjuguent et produisent encore plus de sens.
Votre communauté est-elle fragilisée par les départs des juifs français vers Israël ?
Non, mais cela nous oblige à aller chercher les fidèles alors que nous avons eu longtemps une posture d’attente. C’est valable pour tous les cultes : aujourd’hui, prêtres, imams, rabbins sont formés à rencontrer les personnes là où elles sont et à ne pas rester sur un quant-à-soi qui oblige l’autre à faire le premier pas. Mais je ne crois pas qu’on puisse affirmer que les églises ou les synagogues se vident… Lire l’intégralité.
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