« Native informant ». C’est une notion que les études postcoloniales ont forgée pour désigner les personnes de couleur qui, surcompensant un complexe d’infériorité à l’égard des Blancs, imitent ces derniers pour leur plaire et être reconnues par eux. À tel point que les Blancs y voient l’enfant d’immigré parfait, le choisissent comme interlocuteur pour représenter tous les enfants d’immigrés, alors que cette représentativité est factice, et n’est que le fait des Blancs.
En fait, cette notion est l’élément de langage pour désigner les nègres de maison, les bounty, les blanchis, les collabeurs, les oncles Tom. Ce dispositif psychologique de soumission du «native informant» a été décrit par Franz Fanon dans son livre Peau Noire, Masque Blanc. Il recoupe aussi les déclarations de Malcolm X sur la différence entre les nègres de maison et les nègres des champs. Luther King étant un nègre de maison, domestiqué et proche de son maître, Malcolm X étant un nègre des champs, prêt à la lutte armée: «L’homme blanc prend un Nègre, un soi-disant Nègre, et en fait une personnalité importante, il le construit, il parle de lui et il fait de lui une célébrité. Au final, celui-ci devient un porte-parole pour les Nègres et un leader Nègre.» Mais «native informant», c’est plus chic. Ou comme l’écrit Houria Bouteldja, qui a usé récemment de cette expression pour qualifier la romancière Leïla Slimani, «ça pète sa mère». Pensez donc, c’est scientifique.
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