Dans une interview diffusée sur la chaîne télévisée égyptienne ON TV, le scénariste et producteur de films Mohamed El Adl critique les récentes arrestations de savants libéraux en Egypte pour blasphème. Selon lui, le mouvement islamique est plus fort que le président Al-Sissi et, malgré les déclarations répétées du président sur la nécessité de réformer le discours religieux, l’Egypte est en voie de devenir un Etat religieux. L’interview a été diffusée le 22 février 2016. Extraits :
Mohamed El Adl : Les fondamentalistes et les salafistes contrôlent [l’Egypte]. Nous essayons de compenser en disant : N’ayez crainte, nous sommes encore plus [religieux] que vous.
Aucun pays avancé ne poursuit un homme en justice pour un livre qu’il a écrit, pas même un pays semi ou au quart avancé. Nul ne devrait être traîné en justice pour une idée qu’il a exprimée. Lorsque Galilée a été poursuivi en justice, c’était pour une idée, et 100 ans plus tard, il s’est avéré qu’il avait raison. Personne ne devrait se voir intenter un procès pour ses idées.
Est-il concevable que dans un pays où le président parle de réformer le discours religieux, un homme comme Islam Al-Buhairi soit envoyé en prison ? Dans ce cas, que signifie « réformer le discours religieux » ? Cela signifie-t-il que nous devons l’accepter comme tel, ou que nous devons en débattre ? Nous sommes en voie de devenir un pays moins que… Nous ne sommes pas un pays civilisé, permettez-moi de le dire haut et fort…
Journaliste : Nous piétinons la civilisation.
Mohamed El Adl : Nous la piétinons violemment, elle et la loi. Un pays qui méprise la loi et la constitution n’est pas un vrai pays. Je maintiens que nous sommes en voie de devenir un Etat religieux.
Journaliste : Est-ce votre conception des choses ?
Mohamed El Adl : Oui, bien sûr.
Journaliste : Le président, qui évoque encore et encore la nécessité d’adapter le discours religieux à la réalité, de le réformer, de le développer, de le changer et de le rationnaliser… confrontera-t-il l’Etat religieux ? N’est-ce pas la même personne qui était ministre de la Défense en 2013, et qui a soutenu la décision des Egyptiens le 30 juin, le 7 juillet, etc. ? N’est-il pas l’homme de la situation pour arrêter l’émergence d’un Etat religieux réactionnaire ?
Mohamed El Adl : Il est clair que le mouvement [islamique] est plus fort que lui.
Journaliste : M. le Président, prêtez davantage attention au peuple. C’est mon conseil. Au revoir.
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