Irak : appels à refuser toute ingérence sur le territoire irakien suite à la publication de rapports relatifs à une incursion turque au nord de l’Irak

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Le 5 décembre 2015, des médias ont rapporté que des soldats turcs avaient mené une incursion en territoire irakien à bord de 20-25 tanks, déployés par la suite dans une base militaire turque en Irak, près de la ville de Mossoul, prise d’assaut quelque 18 mois plus tôt par l’État islamique (EI).

Suite à la diffusion de ces informations, le gouvernement irakien a rapidement condamné la violation de sa souveraineté, menaçant de faire appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il rédige une résolution exigeant de la Turquie le retrait de toutes ses forces du pays. Les chefs des milices chiites irakiennes ont joint leurs demandes à celles du gouvernement, assurant même que si la Turquie ne se retirait pas, ils n’hésiteraient à recourir à la force. Dans le même temps, les partisans des milices chiites en Irak ont organisé des manifestations contre la présence turque dans le pays.

Pour sa part, la Turquie a déclaré que sa présence militaire en Irak n’était pas nouvelle, datait de fin 2014, et avait été convenue en coordination avec le gouvernement irakien. Et d’ajouter que ses soldats se trouvaient en Irak pour entraîner, instruire et guider les forces de sécurité irakiennes et les Peshmergas kurdes dans le combat de la coalition internationale contre l’EI.


Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré lors d’une interview, le 27 décembre 2015 sur la chaîne télévisée Al-Arabiya, que le Premier ministre irakien, Haider Al-Abadi, avait personnellement sollicité l’aide militaire de la Turquie lors de sa visite, suite à la capture de Mossoul par l’EI. Selon Erdogan, des responsables irakiens, dont le ministre de la Défense, avaient même visité l’une des bases turques en Irak, témoigné de ses activités, et n’avaient rien trouvé à redire. En outre, selon la Turquie, les soldats entrés en Irak ne faisaient qu’effectuer une relève ordinaire.

Cette version turque des faits est soutenue par certains en Irak, pour la plupart des politiciens kurdes pour lesquels la présence turque, au moins dans le Kurdistan autonome, était consentie par les Kurdes. Un porte-parole du gouvernement kurde a émis une déclaration disant que « dans le cadre de la coopération avec la coalition internationale contre le terrorisme, le gouvernement turc a ouvert deux bases d’entraînement à la fin de l’année dernière [2014], l’une à Erbil et l’autre à Souleimaniyeh, afin d’entraîner les forces peshmergas. Dans le même temps, un autre centre d’entraînement des forces irakiennes a été créé près de Mossoul… »

L’ancien gouverneur de Ninive, Atheel Al-Nujaifi, a également déclaré que la présence turque dans le pays était coordonnée avec les autorités irakiennes.

Cependant, malgré ces déclarations, le Premier ministre irakien Al-Abadi a réitéré sa demande que la Turquie se retire immédiatement d’Irak. De même, le représentant irakien à l’ONU a demandé au Conseil de sécurité de débattre de la violation de la souveraineté irakienne par la Turquie.

À partir du 14 décembre 2015, les médias arabes ont publié des informations, confirmées par le ministère turc des Affaires étrangères, sur un retrait progressif des forces turques de la région de Mossoul. Mais la Turquie a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un retrait, mais plutôt d’un redéploiement des forces sur le terrain, et qu’elle n’avait pas l’intention de rappeler ses troupes.

En réaction aux déclarations turques, l’Irak a exhorté les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe à se réunir pour débattre de l’incursion de la Turquie sur son territoire et la forcer à se retirer. Le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim Al-Jaafari n’a pas exclu l’option de l’utilisation de la force militaire contre la Turquie. Suite à ses propos, le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, l’a cyniquement enjoint de centrer ses efforts militaires sur la lutte contre l’EI.

Le quotidien qatari Al-Quds Al-Arabi, basé à Londres, a cité des sources en Irak qui estiment que les tensions avec la Turquie résultent de celles existant entre la Russie et la Turquie, après l’incident du jet russe. Cette crise est également perceptible dans le durcissement du discours, aussi bien en Iran qu’en Russie, vis-à-vis de la Turquie. Selon les sources, ces tensions pourraient détériorer les relations Irak-Turquie jusqu’à la rupture de tout lien entre les deux pays. En revanche, le quotidien libanais Al-Akhbar a cité une source réfutant les explications turques sur l’incursion en Irak. Pour le quotidien, l’intention de la Turquie n’était pas d’aider l’Irak, mais plutôt de l’inciter à autoriser l’installation d’un pipeline qatari-turc sur son territoire.

Les journaux irakiens, principalement les supports pro-iraniens, ont publié des articles fustigeant la Turquie et Erdogan. Selon eux, la Turquie cherche à rétablir son contrôle de l’Irak, comme à l’époque ottomane, soutient l’EI et cherche à piller le pétrole irakien. Un article va même jusqu’à appeler Erdogan « Satan ».

Parallèlement à des articles d’opinion exprimant la colère irakienne envers la Turquie et reflétant les tensions entre les pays, l’incursion turque a également fourni l’occasion à certains auteurs d’exprimer leur opposition générale à toute intervention étrangère dans leur pays. Ces auteurs soulignent que depuis toujours, l’Irak est pris entre deux empires, l’Iran et la Turquie. Ils appellent à adhérer à l’identité irakienne unique et à résister au communautarisme né des liens avec les puissances dominantes.

Lire le rapport intégral en anglais

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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