Aujourd’hui, 29 novembre 2012 est le 65e anniversaire de la Résolution 181 adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui avait adopté par 33 voix pour, 13 voix contre (notamment tous les états arabes) et 10 abstentions les recommandations de la Commission pour le partage de la Palestine en deux États, un juif et un arabe.
Aujourd’hui l’Assemblée Générale des Nations Unies va voter en faveur de la transformation de la Palestine comme État observateur. Le résultat ne fait pas de doute. La symbolique des dates non plus.
Ce sera une violation des accords d’Oslo de 1995 auxquels l’ONU avait apposé sa signature et dans lesquels toute initiative unilatérale de changement de statut était interdite: “Aucune partie ne prendra d’initiative qui pourrait changer le statut de la Cisjordanie ou de la bande de Gaza tant que des négociations n’auront pas déterminé les modalités d’un statut permanent ».
Ces négociations sont aujourd’hui au point mort. Mahmoud Abbas a systématiquement refusé de les reprendre, en les faisant dépendre d’exigences unilatérales inédites et inacceptables pour la partie israélienne. Il avait refusé il y a quelques années les propositions du Premier ministre Ehud Olmert. Il a choisi de passer par la voie internationale après un échec au Conseil de Sécurité l’an dernier, sans même que le veto américain n’ait eu à s’exercer. Chacun sait que cette voie mènera à l’impasse, au-delà des espoirs suscités par un bref effet d’annonce. Les désillusions opposées seront un boulevard pour les violents d’un côté et les méfiants de l’autre.
Alors à quoi bon ? Acter la nécessité d’un État palestinien ? Réparer l’injustice historique d’un 29 novembre par un autre 29 novembre? Mais c’est uniquement le refus arabe de 1947 et l’occupation par la Jordanie de terres qui auraient dû faire partie de cet État qui ont empêché la création d’un État palestinien, dont Israël a lui-même admis l’existence en tant que résultat d’accords bilatéraux.
Sauver le soldat Abbas, le modéré, face aux « durs du Hamas » en lui donnant, enfin, un succès symbolique ? On a beaucoup entendu cet argument pour justifier certains votes, y compris celui de notre pays. Mais que se passera-t-il quand des élections, retardées depuis longtemps, ou un coup de force amèneront au pouvoir en Cisjordanie, le Hamas, organisation terroriste prônant sans ambages la disparition de l’État d’Israël et, accessoirement, l’extermination des Juifs ? Dégradera-t-on la Palestine du Hamas de son statut d’État observateur ? Évidemment non. On arguera des nécessités de la realpolitik et on tentera de faire passer le Hamas pour une organisation respectable. Une couleuvre de plus… En attendant, la Palestine sera un État sans frontières définies, sans unité de gouvernement, sans doctrine commune, dont le chef officiel n’a pris strictement aucune part aux attaques terroristes orchestrées contre Israël il y a quelques semaines par les dirigeants de Gaza. Qu’en sera-t-il si le conflit se réanime ? Le chef de l’État observateur de Palestine devra-t-il être considéré comme entièrement irresponsable de ce qui se passe sur une partie majeure du territoire qu’il revendique, mais où il ne peut pas mettre les pieds?
Voter pour un État palestinien aujourd’hui, ce n’est pas aider Mahmoud Abbas aujourd’hui pour ne pas avoir le Hamas demain, c’est voter pour se préparer à avoir le Hamas demain.
Mais le soldat Abbas lui-même a-t-il vraiment été si « modéré » ces derniers mois ? A-t-il accepté de mettre un terme à la haine d’Israël, et très souvent à la haine des Juifs, qui se diffuse par ses médias et les déclarations de dirigeants, à commencer par le Mufti de Jérusalem, nommé par lui ? A-t-il reconnu devant son peuple que en dehors des chrétiens et des musulmans, il y avait une autre tradition religieuse pour laquelle Jérusalem jouait un certain rôle ?
A-t-il enfin accepté de mettre un frein aux possibilités que lui donnerait le nouveau statut pour engager des poursuites légales internationales ? Les experts discutent de ces sujets complexes, entre la Cour Internationale de Justice qui ne peut être mise en branle que dans des conflits entre États qui ont ratifié son statut (ce qui n’est pas le cas d’Israël) ou de la Cour Pénale internationale, dont la nouvelle Procureure, la gambienne Fatou Bensouda serait disposée, dit-on, disposée à procéder sans même être mise en action par une initiative du Conseil de Sécurité (où s’exercerait le veto américain).
En tout cas, dans son discours du 21 septembre 2011 à l’Assemblée Générale des Nations Unies, Nicolas Sarkozy avait plaidé en faveur d’un statut d’État pour la Palestine, à condition qu’il soit précédé de négociations sans conditions préalables et à la condition que ce nouveau statut ne soit pas utilisé pour « recourir à des actions incompatibles avec la poursuite des négociations», autrement dit des actions juridiques internationales.
Le Président François Hollande a clairement indiqué que l’important était d’entamer des négociations entre les protagonistes et il a marqué sa réticence devant des actions unilatérales et intempestives. La confirmation que la France exigerait des Palestiniens qu’ils ne s’engagent pas dans des procédures juridiques contre Israël, évidemment incompatibles avec des négociations, a été assurée à plusieurs reprises.
Et maintenant qu’en est-il ? Les promesses n’engagent-elles vraiment que ceux qui y croient ? Les déclarations violentes de Mahmoud Abbas à la tribune de l’ONU l’an dernier, accusant Israël de tous les méfaits et invoquant toutes les instances judiciaires, participaient pleinement d’une option de recherche de délégitimation d’Israël. Rien n’indique évidemment que cette démarche aurait du succès. Mais rien, absolument rien, n’indique que Mahmoud Abbas ait changé et qu’il ait donné la moindre garantie à ce sujet.
Mais tout indique, s’il se confirme que la France votera en faveur de l’admission de la Palestine comme État observateur à l’ONU, que notre politique étrangère se contente de bien peu pour complaire à une doxa qui se prétend pro-palestinienne et qui, en l’occurrence, n’est que anti-israélienne.
Richard Prasquier
Président du CRIF
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