L’Iran, Dieudonné et l’extrême droite française

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Certes. Cependant, les commentateurs semblent ignorer un autre pays, tout aussi intéressant, l’Iran et la constante relation qu’il entretient avec l’extrême droite française. Est-ce qu’en France, des diplomates iraniens auraient entretenu un dialogue quelconque avec des antisémites, des négationnistes et/ou des chefs de l’extrême droite? Cette question mérite d’être posée. Est-ce qu’en France, les Iraniens auraient aidé financièrement cette nébuleuse? Dans ce court article, nous nous penchons sur quelques exemples caractéristiques.

En 1986, la librairie négationniste Ogmios et l’attaché de l’ambassade d’Iran à Paris

La librairie Ogmios (dans le 1er arrondissement de Paris) était dans les années 80 un des lieux de rassemblement les plus prisés des négationnistes, fascistes et néonazis français. A cette époque, elle est dirigée par Tristan Mordrel, exclu du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne, également connu sous l’acronyme G.R.E.C.E, et par Jean-Dominique Larrieu, cofondateurs des éditions Avalon, qui publie la première traduction du « Mythe du XXe siècle » du théoricien du parti nazi, Alfred Rosenberg. Leur principal « conseiller littéraire » est Olivier Mathieu, qui après avoir été membre du G.R.E.C.E, n’a pas pu y rester en raison de ses tonitruantes déclarations hitlériennes et antisémites publiques. Justement, c’est en 1986, que les RG découvrent que Wahid Gordji, un attaché de l’ambassade d’Iran et le banquier suisse François Genoud connu pour son aide à la diaspora nazie, fréquentent la librairie néonazie Ogmios. Jean-Dominique Larrieu entretient des liens très étroits avec le célèbre diplomate iranien. Par son intermédiaire, l’Iran finance plusieurs publications éditées par la nébuleuse Ogmios. Larrieu est même invité en Iran, sur le front de guerre Iran-Irak notamment. Plus incroyable, l’iranien remet un chèque d’un montant de 120.000 francs (environ 18.000 euros) aux dirigeants des Editions Avalon et de la librairie. L’argent sert de caution bancaire pour l’édition du catalogue de vente par correspondance de la librairie (éditions des « Livres chez nous »). Un an plus tard et pour d’autres raisons (29 novembre 1987) Wahid Gordji sera expulsé de France après un blocus de cinq mois des ambassades respectives des deux pays. La police française voulait l’entendre comme témoin dans le cadre de l’enquête sur les attentats de 1986 à Paris, qui avaient fait treize morts et de très nombreux blessés.


Le négationnisme en Iran se porte bien

Il est une constante de la politique extérieure de la République islamique. Bien avant que Mahmoud Ahmadinejad prenne le pouvoir, l’Iran accueillait à bras ouverts les négateurs de la Shoah. Un négationniste suisse, Jürgen Graf, a ainsi trouvé l’asile politique à Téhéran. Il avait fui son pays après avoir été condamné à 15 mois de prison ferme pour avoir, avec son mouvement “Vérité et Justice”, nié le génocide. Le français Roger Garaudy s’est lui aussi rendu en visite en Iran, il a même été reçu par l’Ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution, le 20 avril 1998 (jour anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler à Braunau sur Inn).

Après qu’il eut été condamné en France en 1998 pour avoir soutenu la thèse d’un complot sioniste qui aurait inventé la Shoah pour justifier l’expansionnisme israélien et après avoir nié le génocide commis par les nazis contre les Juifs, le philosophe Roger Garaudy avait été soutenu par une pétition de 160 membres du Parlement iranien, ainsi que par la prétendue Commission Islamique des Droits de l’Homme de ce pays, au nom “de la liberté d’expression”. Dans le même temps, la radio d’Etat iranienne, IRIB, donnait la parole aux négationnistes du monde entier comme Mark Weber, le directeur américain de l’institut négationniste, Institute for Hisrorical Review ; le négationniste et néonazi germano-canadien Ernst Zündel et l’ancien officier de l’armée marocaine réfugié en Suède, du nom d’Ahmed Rami, animateur du site Internet négationniste Radio Islam.

Dès la fin de l’année 2005 et tout au long de l’année 2006, le président Mahmoud Ahmadinejad multiplie les déclarations provocatrices et assassines sur le génocide. En décembre 2006, une conférence sur “la réalité de l’Holocauste”, que le président iranien avait qualifiée de “mythe”, et sur l’utilisation de chambres à gaz dans les camps de concentration nazis, s’ouvre à Téhéran sous les auspices des autorités iraniennes. Cette réunion de deux jours est organisée à l’Institut d’études politiques et internationales du ministère des Affaires étrangères. Selon les autorités iraniennes, 67 étrangers y participent. Le Français Georges Thiel, alias Gilbert Dubreuil, membre du Front national, condamné à plusieurs reprises pour négationnisme, y réaffirme que la Shoah est un “énorme mensonge”. “Les juifs ont été persécutés, c’est vrai, ils ont été déportés, c’est vrai, mais il n’y a pas eu de meurtre industriel, il n’y a pas eu de chambres à gaz”, dit-il (Libération, 11 décembre 2006).

C’est encore à Téhéran que se tient la grande Foire Internationale du Livre: 5,5 millions de visiteurs assistent à l’évènement qui s’étale sur dix jours et auquel sont présents plus de 3000 éditeurs nationaux et internationaux venus de 80 pays différents, faisant de cette foire littéraire la plus grande du moyen-orient. Dans le même temps, la Foire acquiert une autre distinction: celle d’être la plus grande exposition de littérature antisémite au monde. Près de 160 livres au contenu antisémite y seront vendus. Ces ouvrages vont de nouvelles éditions des “Protocoles des Sages de Sion”, à la littérature négationniste en passant par de pseudo travaux ayant trait à la prétendue domination que les juifs exerceraient sur la finance mondiale et la politique américaine. Certains sont même le produit direct du gouvernement, citons parmi eux “Les Juifs, le Sionisme et l’Holocauste”, un manuel scolaire publié par le Ministère de l’Education à l’usage des écoles. Enfin, au stand du Bureau Présidentiel est présenté l’ouvrage “La Mort d’un Mythe: Le Point de Vue du Président Ahmadinedjad sur l’Holocauste”. On peut aussi y trouver les “ouvrages” de Robert Faurisson, Roger Garaudy et Mark Weber.

Avril 2010: l’ambassadeur d’Iran rencontre l’extrême droite radicale

Dans ces conditions, comment pourrions-nous nous étonner de ce qui se trame en France? L’information avait été révélée par le blog des droites extrêmes (14.04.2010). Des militants ou des chefs de groupes et groupuscules d’extrême droite rencontrent l’ambassadeur de la République islamique d’Iran. Lors de cette rencontre, Seyed Mehdi Miraboutalebi, dit vouloir “approfondir les relations entre les deux peuples […] parce que les médias injectent des idées préconçues dans les opinions publiques [sur l’Iran]”. Il se prête alors à un jeu de questions réponses dans un bar parisien du Vème arrondissement tenu par un ex-militant du Renouveau français, ex-colistier de la liste antisioniste de Dieudonné, très proche des hooligans du PSG et des ultranationalistes serbes. Et cette étrange causerie est organisée par le journal Flash, bimensuel d’une extrême droite qui se veut altermondialiste et dans lequel écrivent, entre autres, Christian Bouchet, membre du Front national (FN) depuis 2008, l’écrivain, chroniqueur politique Philippe Randa et l’essayiste Alain Soral. Dans la salle se trouvent Marc George, ex-secrétaire général d’Égalité et Réconciliation, association politique fondée en juin 2007 par son président Alain Soral ; Jacques Bordes, un nationaliste-révolutionnaire proche de feu François Duprat, très introduit dans certains cercles du Proche-orient ; Thomas Werlet, le chef du Parti solidaire français, un groupuscule d’extrême-droite; Pierre Panet, un ami de Dieudonné et auteur d’un texte intitulé “Faurisson, un humaniste”. A noter que depuis cette date, le Parti Solidaire Français de Thomas Werlet a été reçu avec les honneurs par Mohammad Husseini le ministre de la culture d’Ahmadinejad.

Bref, cette brochette, rassemblée autour de l’ambassadeur d’Iran, révèle la collusion d’idées qui rapproche certains groupes antisémites et/ou d’extrême-droite, apparemment désireux de travailler avec l’ambassade d’Iran. Quant à leur ambassadeur, cela ne lui pose aucun problème. Il scelle ainsi une alliance entre islamistes, antisionistes et antisémites, négationnistes et/ou militants d’extrême droite. Parmi les “personnalités” les plus emblématiques, arrêtons-nous sur une figure qui donne corps à certaines collusions. Dans le sillage de Dieudonné, on voit revenir sans cesse un nom: Yahia Gouasmi. L’homme qui l’a accompagné en Iran et qui préside le Parti antisioniste, le centre Zahra et la Fédération des chiites de France est un proche de Dieudonné M’bala M’bala. Un Gouasmi qui permet à Dieudonné de rencontrer en novembre 2009, le Président de la République islamique d’Iran. Selon le site Internet du parti antisioniste, l’entretien a duré une heure, et a permis d’aborder de nombreux sujets, dont le sionisme…

Depuis cette date, des représentants de l’extrême droite française on fait de nombreux voyages en Iran. Citons parmi ceux-là: Yahia Gouasmi, Dieudonné M’Bala M’Bala, Maria Poumier (universitaire proche de Roger Garaudy) et Ginette Hess-Skandrani ou plus récemment l’écrivain conspirationniste Thierry Meyssan, ainsi que le négationniste Paul-Éric Blanrue (auteur d’un film à la gloire du négationniste Robert Faurisson) et d’une pétition en faveur de la libération de Vincent Reynouard, un (autre) militant négationniste. Ces deux derniers personnages ont fait partie en 2011 des invités officiels du 29e festival du film “Fajr” de Téhéran (festival du film annuel de l’Iran).

Et l’argent des iraniens ?

Le 3 avril 2013, sur le site internet www.agoravox.tv, a été mise en ligne une vidéo, préalablement elle-même mise en ligne sur le site Dailymotion, relatant une interview d’Alain Soral, au cours duquel ce dernier indique que la liste électorale de ce parti dont le coût aurait été de trois millions d’euros, a été financé par l’Iran et qu’à défaut de la réception de ce financement, le parti n’aurait pu présenter de candidats aux élections: “Si on a pu faire la liste antisioniste qui a coûté 3 millions d’Euros, c’est parce qu’on a eu l’argent des iraniens. Il faut le dire, il fait être honnête. Si on ne l’avait pas eu, on n’aurait pas pu le faire, on n’a pas trois millions d’euros. Surtout qu’on les a perdus. Parce que pour être remboursé, il fallait faire 5% au minimum” explique à l’antenne Alain Soral.

Les dernières initiatives

Avant dernière initiative à mentionner, l’organisation d’une conférence sur les théories conspirationnistes qui a rassemblé à Téhéran (27 septembre – 1er octobre 2014), les mêmes personnes: Thierry Meyssan, Thomas Werlet, le caricaturiste antisémite proche d’Alain Soral, Joe Lecorbeau, Maria Poumier, Alain Soral et Dieudonné (MEMRI, 14 octobre 2014).

Dernière initiative à mentionner, la création d’un méga site sur Internet pompeusement intitulé « axe de la résistance » (antisioniste) qui serait l’œuvre des iraniens et qui présentent toute cette mouvance et parle régulièrement de tout ce petit monde. Selon certains spécialistes, ce site serait en lien avec Newscaster. Newscaster? Qu’est-ce donc? Newscaster est une opération de collecte d’informations fermées (cyber-espionnage) dirigée par des iraniens contre des officiers supérieurs de l’armée américaine, des décideurs, des journalistes, des parlementaires américains, israéliens, britanniques et saoudiens. C’est ainsi que plus de 2000 personnes se sont connectées au faux réseau d’information NewsOnAir depuis 2011 et ont été piégées par des charges virales transmises par le site. Une fois les comptes des cibles hackés, des programmes furtifs de collecte et d’exportation de données ont été installés sur leurs machines (Cyberland, 4 juin 2014). A ce petit jeu, un amiral 4 étoiles de la Navy et des personnels d’ambassades font partie des victimes de l’agression.

Bref, nous le voyons ici, s’il est intéressant de s’interroger sur les liens qui unissent la Russie à l’extrême droite, il convient aussi de ne pas ignorer comment et pourquoi Robert Faurisson, Dieudonné M’bala m’bala, Alain Soral ou Thomas Werlet entretiennent une si profonde relation avec le régime des Mollahs. Il s’agit là, à n’en point douter d’une vraie histoire d’amour sur fond d’antisémitisme crasse, et d’un… j’irai cracher sur vos tombes permanent.

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