L’anthropologue saoudien Khaled Al-Sowayan : Nous devons accepter le changement ou bien disparaître

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Dans une interview, l’anthropologue Khaled Al-Sowayan appelle à « accepter le changement au lieu de le combattre », ou bien à « disparaître ».


« Nos cous sont endoloris à force de toujours nous tourner vers le passé », déclare Al-Sowayan.« Si nous rencontrons un problème, nous ne devons pas chercher la solution dans les livres de nos lointains ancêtres. »

L’interview a été diffusée sur la chaîne Rotana Khalijiyya TV le 11 décembre 2015. Extraits :

Journaliste : Certains vous appellent le Darwin d’Arabie saoudite, tandis que d’autres vous voient comme le nouveau Abdullah Al-Qasemi [N.d.T. intellectuel saoudien militant pour l’athéisme]. Auquel vous identifiez-vous le plus ?

L’anthropologue saoudien Saad Al-Sowayan : A aucun. Je ne suis pas Darwin. Darwin était un grand homme.

[…]

Mon rôle dans la bataille épique du développement humain est simplement de transmettre des connaissances. Darwin a changé l’histoire… Je ne peux pas être comparé à lui.

[…]

Même quelqu’un qui réfute une théorie doit la comprendre.

Journaliste : Beaucoup de gens réfutent la théorie selon laquelle l’homme descendrait du singe.

Al-Sowayan : Afin de pouvoir réfuter cette théorie, vous devez d’abord la comprendre. Mon seul rôle est de vous aider à la comprendre.

[…]

Nous avons constamment les yeux fixés sur le passé. Nous ne nous tournons jamais vers l’avenir. Nous obstruons la voie du changement, en essayant de supprimer la notion de changement.

[…]

Si le changement est une vérité universelle, il est inévitable. Vous devez vous adapter au changement. Vous devez accepter le changement, au lieu de le combattre. Sinon, ceux qui acceptent le changement deviendront plus forts que vous et vous dépasseront. Par conséquent, votre travail est de vous adapter au changement, plutôt que d’essayer de l’éviter ou de le nier.

Journaliste : Vous avez dédié votre livre aux générations qui auront le courage de poser des questions. De quel genre de questions parlez-vous ?

Al-Sowayan :  de toutes les questions difficiles que nous évitons de poser.

Journaliste : Donc vous avez perdu tout espoir dans la génération actuelle ?

Al-Sowayan : Au contraire, je pense que la génération actuelle est en marche… J’ai formé de grands espoirs pour cette nouvelle génération, après avoir désespéré de ma propre génération, y compris des gens instruits qui la composent. Ils sont toujours enfermés dans une idéologie, politique ou religieuse. Ils ont des positions [intransigeantes]. Je n’aime pas les gens de ce type. J’aime les gens qui sont toujours ouverts à toute opportunité, qui sont prêts à changer, s’ils sont convaincus que c’est nécessaire…

Quant à ceux qui croient que nous avons le choix entre le contrôle du monde et la tombe, ils se trompent à mon sens ; pour vous dire la vérité, je crois qu’une personne doit avoir la possibilité d’accepter le changement, et de placer ses espoirs dans l’avenir plutôt que dans le passé.

Je dis toujours que nos cous sont endoloris à force de constamment nous tourner en arrière vers le passé. Nous devons garder nos yeux fixés devant, et si nous rencontrons un problème, il ne faut pas chercher la solution dans les ouvrages de nos lointains ancêtres. Ces livres étaient utilisés pour répondre aux préoccupations des gens de cette époque, mais nos préoccupations sont différentes aujourd’hui.

Journaliste : Les temps ont changé…

Al-Sowayan : Le monde autour de nous a changé. Le monde ne vous laissera pas nous contenter d’être. Vous devez vous y adapter, ou une corde sera placée autour de votre cou et vous serez entraîné.

Journaliste : Changer ou être changé…

Al-Sowayan : Changer, être changé ou disparaître.

[…]

Les gens veulent arrêter le temps à un certain moment de l’histoire, et que les choses continuent comme avant. Ils ne comprennent pas la contradiction dans laquelle ils se placent. Par certains aspects, ils sont très modernes : ils font voler des avions, conduisent des voitures, utilisent des téléphones cellulaires et ainsi de suite.

Mon frère, ne me dites pas que vous me ramenez à l’ère du prophète Mahomet, lorsque vous utilisez un téléphone portable pour faire exploser une bombe à distance. Si vous voulez ressembler au Prophète, nous devrions combattre avec des épées, des lances et des boucliers… Alors ne me dites pas que vous me ramenez à l’ère du Prophète. L’ère du Prophète est révolue. Nous vivons dans une ère nouvelle .

[…]

Le prophète Mahomet a dit s’enorgueillir de la nation musulmane parmi toutes les nations. Je ne pense pas que quiconque puisse s’enorgueillir de notre nation en ce moment.

[…]

Depuis la dégradation de la culture islamique, sous tous ses aspects, religieux et non-religieux, depuis la fin de l’âge d’or des Arabes en Espagne, qu’ont apporté les Arabes au monde ? Rien. Depuis ces temps-là, ils n’ont rien apporté.

[…]

Journaliste : Vous avez vécu l’époque où le mouvement de réveil islamique était à son apogée en Arabie saoudite. Croyez-vous qu’il ait freiné l’Arabie saoudite sur le plan idéologique, culturel et politique ?

Al-Sowayan : Bien sûr que oui, car il voulait islamiser chaque petite chose. Je ne comprends pas cette islamisation. Je ne sais pas ce que signifie ce terme. Je sais ce que signifie l’islam, mais…

Au temps du prophète Mahomet, les gens portaient toutes sortes de vêtements. Le Prophète et ses compagnons achetaient les plus beaux articles que l’argent pouvait acheter. Une fois, j’ai écrit un article intitulé « Ce que la brosse à dents a dit au siwak » [brosse à dents naturelle]. Si les gens disent qu’ils utilisent [le siwak] pour des raisons spirituelles, soit. Mais je défie tout médecin de me convaincre, d’un point de vue islamique, que le siwak vaut mieux pour vous qu’une brosse à dents.

S’il y avait eu des brosses à dents au temps du Prophète Mahomet, il se serait brossé les dents. La leçon devrait être que nous devons utiliser les meilleures méthodes de nettoyage disponibles. Le savon n’avait pas encore été inventé au temps du Prophète, et l’on ne pouvait pas se laver les mains à la fin du repas.

Les médecins qui veulent apaiser les islamistes au pouvoir se mettent à louer le siwak, la consommation de dates, ou peu importe… Mon frère, un peu de sérieux. Adhérez à la science. Nous devons adhérer à la science sur ces questions. Nous devrions utiliser les meilleures choses à notre disposition, mais dans le même temps, nous ne devrions pas compter sur les autres nations. Nous devrions être des producteurs et non des consommateurs. Si nous continuons sur notre voie actuelle, l’islam et les musulmans se retrouveront dans un puits sans fond.

[…]

Le wahhabisme a été mal compris et utilisé à mauvais escient. Le wahhabisme a été détourné, tout comme beaucoup d’autres choses. Les dignitaires religieux ont commencé à se prendre pour des dirigeants. Ils ne se sont plus contentés d’être des partenaires, comme au début. Mohammed ibn Abd Al-Wahhab était un partenaire [du pouvoir]. Mais maintenant, ils veulent gouverner tous seuls.

[…]

Journaliste : Vous avez proposé la suppression de l’épée du drapeau saoudien, car nous ne sommes plus à l’ère des combats et des conquêtes. Comment vous est venue cette idée ? Que cache-t-elle ?

Al-Sowayan : Ce que je disais, c’était qu’ils devraient soit ne garder que l’épée, soit ne garder que la phrase « Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah ». La juxtaposition de l’épée à la phrase « Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est Son messager » donne l’impression aux gens qui ignorent l’histoire de l’Arabie saoudite que nous voulons propager l’islam par l’épée. Malheureusement, les gens ici se félicitent de la diffusion d’un tel message… Ma perception est que l’épée a été conçue pour rendre la justice, et non pour propager [l’islam].

[…]

Cette proposition fut l’une des raisons pour lesquelles je ne suis plus autorisé à écrire…

Journaliste : Cela a été mal compris…

Al-Sowayan : C’est faux. Les gens ont fait en sorte que cela soit mal compris. L’idée a été déformée.

[…]

Journaliste : Après avoir été interdit d’écrire, avez-vous pensé entamer vos propres projets ?

Al-Sowayan : Non, je cesse d’écrire des livres, j’ai mis fin à tout cela.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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