Yamina Thabet, militante pour les droits des minorités, se bat pour la légalisation de l’homosexualité en Tunisie

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Au cours d’un débat télévisé sur la légalisation de l’homosexualité en Tunisie, Yamina Thabet, présidente de l’Association de soutien des minorités, a appelé à abolir l’article 230 du code pénal tunisien criminalisant l’homosexualité. Le débat suivait la condamnation, le 10 décembre, de six étudiants de l’université de Kairouan à trois ans de prison et à une expulsion de la ville pendant cinq ans pour actes homosexuels.


L’adversaire de Thabet sur le plateau, l’avocat tunisien Ahmed Ben Hessana, prévient : « Aujourd’hui, ils veulent abolir la criminalisation de l’homosexualité, demain celle de l’inceste et le jour d’après de la zoophilie. » Yamina Thabet, pour qui « la société tunisienne est devenue une démocratie qui se conforme aux principes universels des droits de l’Homme », soutient qu’ « une personne est libre dans sa vie privée », le seul critère légal étant le consentement mutuel.

Extraits du débat diffusé sur Nessma TV le 14 décembre 2015.

L’avocat tunisien Ahmed Ben Hessana : Ces gens essaient de bafouer les valeurs de la société tunisienne et d’en faire une société sans valeurs. Ils tentent d’importer la loi de notre « pays-sœur », les Pays-Bas, et de l’imposer au peuple tunisien, comme si cette société n’avait pas sa propre identité. Qu’est-ce qu’une loi, après tout ? Le peuple tunisien a choisi, via ses représentants, un ensemble de valeurs, qu’il tente de défendre par le biais de la législation. Chaque société a ses propres valeurs. Les valeurs du Mozambique ne sont pas identiques à celles de la France, et les valeurs de la Malaisie diffèrent des valeurs tunisiennes. Chaque pays a ses propres valeurs.

Modérateur : Mais il y a des principes internationaux communs…

Yamina Thabet, présidente de l’Association de soutien des minorités : Alors pourquoi y a-t-il une Déclaration internationale des droits de l’Homme ?

Ahmed Ben Hessana : L’un n’empêche pas l’autre. Les valeurs éternelles communes des lois naturelles prévalent. Ce que vous défendez [les droits des homosexuels] contredit les lois naturelles.

Yamina Thabet : Je ne suis pas venue ici pour débattre de l’homosexualité. Ce n’est pas notre sujet. Nous ne sommes pas venus ici pour légitimer les homosexuels.

Ahmed Ben Hessana : Quelle est notre sujet, alors ? Ces appels, émis ouvertement, à abolir la criminalisation de [l’homosexualité], comme indiqué dans l’article 230 du Code pénal, et le débat sur ces questions sensibles et provocatrices… Tous ces éléments contribuent au terrorisme, à mon avis. D’une façon ou d’une autre, quelques idiots deviennent des terroristes en entendant ces choses-là. Ils disent que la société tunisienne est pervertie et infidèle… Il leur manque le minimum…

Yamina Thabet : Avec tout le respect que je vous dois, c’est une caricature de la radicalisation.

Ahmed Ben Hessana : Ces actes provocateurs et choquants, offensants pour l’opinion générale de la société, font réagir les gens. Le [terroriste] réagit.

[…]

Yamina Thabet : Vous dites que la Tunisie est un pays démocratique…

Ahmed Ben Hessana : La démocratie est le règne de la majorité, Madame.

Yamina Thabet : La démocratie est davantage une affaire de respect des minorités que du règne de la majorité, ou bien elle devient une dictature de la majorité.

Ahmed Ben Hessana : Les minorités ne doivent pas enfreindre les valeurs fondamentales de la société.

Yamina Thabet : C’est une guerre morale et psychologique contre les minorités en Tunisie. Un état de guerre.

[…]

Ahmed Ben Hessana : La loi définit certains actes comme préjudiciables à l’ordre social général.

Yamina Thabet : Veuillez nous dire en quoi cela nuit à l’ordre social général. Nous voulons comprendre votre logique.

Ahmed Ben Hessana : La plupart des crimes moraux…

Yamina Thabet : Vous parlez de « crimes moraux » (…) Mais si l’on met de côté l’article 230, en quoi [l’homosexualité] est-elle un crime ? Si c’est un crime car le Code pénal le dit, alors mettez le Code pénal de côté, et dites-moi en quoi c’est un crime.

Ahmed Ben Hessana : Tout ce qui qui se fait derrière des portes closes n’est pas nécessairement légal. Prenez l’adultère, par exemple, lorsque l’un des deux est marié, cela aussi se fait derrière des portes closes.

Yamina Thabet : Cela n’a rien à voir avec les libertés individuelles… Pourquoi pas ?! Le mariage, c’est un contrat, et si une tierce personne…

Ahmed Ben Hessana : Peut-être qu’en France, ce n’est pas un crime… Vous souffrez d’un « complexe de l’Occident », ou d’un « complexe de la France »…

Yamina Thabet : C’est vous [qui en souffrez], pas moi. J’ai mon identité, que je veux défendre. Je défends les principes des droits de l’Homme et des libertés individuelles.

Ahmed Ben Hessana : Nous devons nous méfier de cette défense exagérée des libertés. C’est dangereux.

Yamina Thabet : Les libertés sont dangereuses, à votre avis…

Ahmed Ben Hessana : Dieu merci, seule une petite minorité se moque des valeurs de la société. Notre société est une société modérée. Nous ne sommes pas l’Arabie saoudite, avec le niqab, ou l’Iran.

Yamina Thabet : Qu’est-ce que l’Arabie saoudite a à voir avec ça ? Vous ne voulez pas parler de Paris, alors vous parlez de l’Arabie saoudite ?

Ahmed Ben Hessana : Nous sommes peut-être une société modérée, mais vous ne pouvez pas faire tout ce que vous voulez. Notre société est moderne et ouverte à la civilisation, mais cela ne signifie pas que nous devrions pousser les choses à l’extrême et briser toutes nos valeurs.

Yamina Thabet : De quel extrême parlez-vous ?!

Ahmed Ben Hessana : Aujourd’hui, ils veulent abolir la criminalisation de l’homosexualité, demain ce sera l’inceste et le jour d’après la zoophilie, et après la zoophilie…

Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez, même dans le cadre de l’intimité. Selon votre critère, tout ce qui se fait derrière des portes closes est OK.

Yamina Thabet : Non, le critère est que ce qui se fait dans la vie privée doit se faire « dans le consentement mutuel ». Chacun est libre dans sa vie privée.

La zoophilie ?! Avec tout le respect, cela concerne les droits des animaux.

Médiateur : En quoi ce que les gens font chez eux vous regarde-t-il ?

Ahmed Ben Hessana : C’est de la prostitution secrète. Nos valeurs sont le fondement commun de notre société. Nous devons préserver ce minimum. Nous ne devons pas laisser tout s’effondrer. En outre, l’acte que vous défendez s’inscrit en porte à faux avec la Constitution.

[…]

Yamina Thabet : Ce type parle de zoophilie. Il a une logique bien déterminée… Bientôt vous direz que l’animal a consenti… Eh bien, je vois que vous savez tout sur les animaux… Bravo. Dieu vous bénisse. Permettez-moi de terminer ce que j’ai à dire. Vous parlez de valeurs morales, mais vous ne respectez pas l’éthique du dialogue.

Ahmed Ben Hessana : Vous m’avez coupé la parole au moins dix fois.

Yamina Thabet : C’est absurde. Ce qu’il faut dire aujourd’hui, c’est que la société tunisienne est devenue une démocratie et que ses principes sont les principes universels des droits de l’Homme. Ce que nous craignons aujourd’hui, c’est la logique selon laquelle la sécurité l’emporterait sur les libertés individuelles, car cela pourrait nous ramener à des temps effroyables.

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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