L’abstention du Liban dans le conflit avec l’Iran déclenche une crise entre le Liban et les pays du Golfe menés par l’Arabie saoudite

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Introduction

Au cours des dernières semaines, une crise profonde s’est instaurée dans les relations libano-saoudiennes, au point que l’Arabie saoudite a pris des mesures de rétorsion contre le Liban : elle a stoppé un plan d’aide aux forces de sécurité libanaises de 4 milliards de dollars,[1] émis un avertissement aux voyageurs se rendant dans ce pays et pris la décision d’expulser les ressortissants libanais d’Arabie saoudite. En outre, le 2 mars 2016, l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) et le conseil des ministres de l’Intérieur arabes ont tous deux pris des résolutions, à l’initiative de l’Arabie saoudite, pour désigner le Hezbollah comme une organisation terroriste.[2]

Cette crise a été déclenchée lorsque le ministre des Affaires étrangères libanais, Gebran Bassil, proche du Hezbollah, a refusé lors de deux importantes réunions arabes de voter pour des résolutions soutenant l’Arabie saoudite et condamnant l’Iran, et en particulier l’attaque du 2 janvier 2016 contre l’ambassade saoudienne à Téhéran.[3]


Cette position libanaise a suscité la colère en Arabie saoudite, amenant le Royaume à annoncer une “réévaluation” de ses relations avec le Liban et à annuler le plan d’aide destiné au Liban. Les autres pays du Golfe, à l’exception d’Oman, se sont rangés derrière la position saoudienne et ont pris eux aussi des mesures contre le Liban. La colère saoudienne contre le Liban s’est également exprimée dans la presse saoudienne et celle du Golfe, où ont été publiés des dizaines d’articles blâmant le Hezbollah pour la position libanaise, accusant cette organisation d’avoir “pris en otage” le Liban et de s’accaparer son processus décisionnaire, pour le transformer en province de l’Iran.

Les mesures saoudiennes et des pays du Golfe contre le Liban ont suscité des réactions des deux camps politiques rivaux du pays : d’un côté, le Hezbollah et ses alliés politiques, qui ont soutenu le ministre des Affaires étrangères Bassil, et de l’autre, les Forces du 14 mars pro-saoudiennes, qui ont attaqué le Hezbollah et pris le parti de l’Arabie saoudite. La tension entre les camps s’est également exprimée dans la presse pro-Hezbollah. Des articles ont mis en garde les Forces du 14 mars contre des mesures pouvant conduire à une explosion similaire à celle intervenue au Liban le 7 mars 2008, lorsque le Hezbollah a pris le contrôle de Beyrouth et d’autres parties du pays par la force des armes. [4]

Ces récents développements dans les relations saoudo-libanaises sont un nouveau round d’un affrontement qui dure depuis des années entre l’Arabie saoudite et l’Iran, pour l’influence au Liban. L’équilibre des forces dans cet affrontement a longtemps penché en faveur de l’Iran, principalement grâce à l’influence politique et militaire considérable que joue au Liban son allié, le Hezbollah, et grâce à la zone d’influence de l’Iran, qui s’étend de l’Irak et la Syrie jusqu’au Liban, en raison de l’implication de l’Iran dans la crise syrienne et de la présence de ses Gardiens de la Révolution dans la région. Pour l’Arabie saoudite, l’abstention du Liban, qui a ainsi refusé de soutenir les résolutions pro-saoudiennes – reflet de l’orientation pro-iranienne du Liban – a constitué un point de non retour. Ce développement a incité l’Arabie saoudite à retirer son soutien au Liban, en dépit du préjudice que cela pourra causer à ses alliés dans ce pays, les Forces du 14 mars.

Au cours des dernières années, l’hostilité de l’Arabie saoudite à l’égard du Hezbollah a augmenté, en raison de l’implication sécuritaire et militaire de ce dernier à Barhein et au Koweït, et en particulier de son implication militaire en Syrie, scène de conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran dans la région. Récemment, l’Arabie saoudite a même accusé le Hezbollah d’armer et de former les rebelles houthis au Yémen et de les aider à préparer des attaques terroristes contre l’Arabie saoudite. Selon Ahmad Al-Asiri, conseiller du ministre de la Défense saoudien et porte-parole de la coalition arabe pour la guerre au Yémen, l’Arabie saoudite détient des preuves que le Hezbollah a envoyé des combattants au Yémen pour former et aider les Houthis dans leur guerre contre la coalition arabe.[5] L’implication du Hezbollah au Yémen est considérée par l’Arabie saoudite comme une menace directe à sa sécurité nationale. En interrompant son aide au Liban, le royaume tente de porter atteinte au Hezbollah chez lui, en faisant pression sur le gouvernement et les Libanais pour qu’ils agissent contre l’organisation chiite.

Toutefois, les critiques saoudiennes ne se limitent pas au Hezbollah et à ses alliés au Liban, dont le ministre des Affaires étrangères Bassil – mais incluent aussi les alliés de l’Arabie saoudite dans le pays, les Forces du 14 mars. Des articles de la presse saoudienne ont accusé les Forces du 14 mars, dirigées par le président de la faction Al-Mustaqbal Sa’d Al-Hariri et le Premier ministre Tammam Salam, de capituler face au Hezbollah et de s’abstenir de défendre l’Arabie saoudite et l’identité arabe du Liban, par crainte. L’Arabie saoudite, semble-t-il, tient ses alliés au Liban et le gouvernement libanais pour responsables de la situation et exige qu’ils la modifient. L’annulation du plan d’aide – incluant 1 milliard de dollars destinés aux services libanais de la sécurité intérieure, associés au dirigeant d’Al-Mustaqbal Sa’d Al-Hariri – peut se lire dans ce contexte. En sus, le porte-parole de la coalition arabe, Ahmad Al-’Asiri, a explicitement appelé le Liban à empêcher l’envoi de combattants au Yémen et en Syrie.[6]

A la suite des mesures punitives de l’Arabie saoudite, et en particulier après que l’OIC et le conseil des ministres de l’Intérieur eurent désigné le Hezbollah comme organisation terroriste, le gouvernement libanais, et les Forces du 14 mars en particulier, se sont trouvés dans une situation difficile : l’Arabie saoudite attendait d’eux qu’ils la soutiennent et qu’ils prennent position contre le Hezbollah, mais ils redoutent de prendre des mesures qui provoqueraient la colère du Hezbollah et pourraient menacer la stabilité intérieure au Liban. Cette crainte s’est exprimée le 2 mars 2016, lorsque le ministre de l’Intérieur libanais, Nohad Machnouk, qui fait partie de la faction Al-Mustaqbal alliée de l’Arabie saoudite au Liban, a refusé de soutenir la désignation par l’Arabie saoudite du Hezbollah comme une organisation terroriste. La position de Machnouk a naturellement déclenché des réponses courroucées de la part de l’Arabie saoudite, et Machnouk a rétorqué en signifiant que l’Arabie saoudite était responsable de la situation actuelle au Liban et que les pays arabes avaient négligé le Liban pendant des années.

Ces derniers jours, la tension entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah s’est encore accrue, Ahmad Al-’Asiri ayant évoqué la possibilité de frappes militaires contre le Hezbollah, écrivant sur sa page Facebook : “L’Arabie saoudite respecte la souveraineté du Liban sur son territoire, mais si le besoin s’en fait sentir, nous viserons toute organisation qui pose une menace directe pour la sécurité nationale arabe, en coordonnant [nos actions] avec les pays dans lesquels ces organisations sont implantées”.[7] En outre, le 27 février, la chaîne de télévision saoudienne MBC a diffusé un sketch comique sur Nasrallah, qui a irrité l’organisation et ses partisans et suscité des protestations contre la chaîne dans le quartier de Dahiya au sud de Beyrouth.[8]

Lire le rapport intégral en anglais 

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