Proverbes Judéo-Espagnols

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Le proverbier judéo-espagnol m’occupe depuis bien longtemps. Dès 1981, j’étudiais la société dont il est issu, et introduisais la notion d’ “emprunt situationnel ” qui permet d’exprimer une vérité générale dans différents contextes. Ainsi, à Errare humanum est, ” l’erreur est humaine “, correspond en judéo-espagnol:
1) I el haham yerra en la teva (” Même le rabbin peut se tromper en chaire “), ” si lui, pourquoi pas moi “, peut se dire le commun des fidèles. C’est là un ” emprunt situationnel ” et plus précisément un ” emprunt synagogal ” émaillé en outre, d’emprunts linguistiques à l’hébreu (haham, ” rabbin ” et teva, ” tribune “); emprunt situationnel, qui fait se lever aussitôt le rideau sur le lieu géométrique de toute communauté juive, à savoir, la synagogue, le kal.

Ainsi est habillé de couleur locale l’insipide calque judéo-espagnol du français,
1b) El yerro es umano (” L’erreur est humaine “).

Un ensemble d’études parémiologiques m’a permis d’établir un réseau socio-culturel qui fera l’objet d’un livre.


Pour le moment, j’étudie différents aspects, tantôt la vie et la mort, ailleurs l’argent, mais aussi l’humour dans le proverbier judéo-espagnol, tels qu’ils apparaissent chez Saporta, Joseph Néhama et dans ma famille. Cette fois j’essaierai de dégager de notre corpus ces lambeaux de proverbes qui apparaissent lorsque dans une situation déterminée, vécue ou revécue, ou encore, rapportée, on s’y réfère.
Il s’agira bien sûr de la société judéo-espagnole de l’ex-Empire Ottoman antérieure à 1923 (Naissance de la République turque), lorsque les Juifs étaient encore considérés comme une minorité, parmi d’autres (Grecs, Arméniens et Catholiques romains), la société judéo-espagnole du Maroc septentrionale présentant d’autres particularités.
En outre, cette société ayant connu de multiples transformations, notamment une laïcisation et une francisation intenses sous l’action des écoles de l’Alliance Israélite Universelle, je m’en tiendrai à la société quasi patriarcale qui précéda lesdites transformations.
A cette époque le Pentateuque (la Torah en hébreu, le Ley en j.-esp.), tant en djudezmo ou djudyo (judéo espagnol vernaculaire), qu’en ladino (judéo-espagnol calque), restait le livre de référence par excellence.

Moché (Moïse) continuait à ce point de s’imposer, qu’un père de famille, (en fait Balabay de l’hébreu Baal ha bayith, ” le maître de la maison) pouvait, en rentrant du travail, dire à son fils qui avait désobéi à sa mère:

2) Moche muryo! Ley no kedo ? (” Alors! (Quoi) Moïse est mort! Mais (sa) loi nous est(-elle pas) restée), soit
“Tu vas voir, ce que tu vas voir! ” (Pour la graphie adoptée ici, voir note 2). Et bien souvent il suffisait que le père lançât à l’enfant ” Ley no kedo! ” sur un ton menaçant, pour que celui-ci allât se réfugier dans un coin.

Ainsi le père faisait-il l’économie de Moche muryo. Et ici nous découvrons la clé de cet écourtement, une situation exclamative dont le propre est précisément d’abréger.
On s’exclame dans le malheur ou dans le bonheur. C’est-à-dire que l’exclamation est négative ou positive.

Le sort malheureux des Juifs au cours de l’histoire a engendré ce proverbe:
3) En este mundo sufrimos, porke semos djudyos, en el otro sufriremos porke no fuimos djudyos (” En ce monde nous souffrons parce que nous sommes juifs, dans l’autre nous souffrirons pour ne l’avoir pas été (sous-entendu, ” assez “). Et précisément, dans le malheur, le Juif, toujours conscient de sa condition, s’écrira, en este mundo sufrimos, premiers mots qui, viendront souligner, corroborer, une vérité à laquelle on ne peut se soustraire.

Avec une pointe d’humour on dira aussi:
4) Por una migajika semos djudyos (” Pour une miette (en moins) nous sommes juifs “). Et cette fois, avec un sourire, le commentateur, s’écrira Por una migajika, le reste étant complété mentalement ou en choeur par l’auditoire, cet auditoire qui en général possède son proverbier comme il possède ses prières quotidiennes, notamment ce Chema Israel (” Ecoute Israel “), les premières paroles de la profession de foi multiquotidienne du croyant et que si souvent j’ai entendues de la bouche de mes camarades de souffrance dans les camps de la mort au moment de rendre l’âme.

Dans l’Empire Ottoman, cette société polyethnique dominée par le pouvoir du Sultan, il fallut se résigner, d’où ce proverbe:
5) Kavesa ke se aboko (catalanisme), no se korto (” Tête courbée, point n’a été coupée “), et, de là aussi, ce conseil de résignation: Kavesa ke se aboko! véritable résumé de notre proverbe, que l’on peut aussi remplacer avec un certain sourire par:

6) El azno del rey se picho delantre de mi puerta (” l’âne du roi a pissé devant ma porte “), dit avec résignation ” Qu’y faire ? C’est l’âne du roi ! “. Proverbe si souvent répété qu’on peut en retourner le sens et y voir une marque de considération dont on tire orgueil: ” Tu te rends compte, quel honneur, l’âne du roi ! “. Deux interprétations résumées par El azno del rey! avec ces paroles, qui sont comme un appel, une référence à ce corpus parémiologique imprimé en chacun des membres de cette société.

Oui, dans cette espèce de connivence, un appel du type ” Vous savez bien ! Allons, souvenez-vous! “, référence parémiologique qui existe dans chaque langue: ainsi, en allemand:
7) Wenn der Hund nicht (…), comme un ” Notre Père suspendu “; puis ce commentaire Ja, ja sie wissen ja
bescheid!, (Oui, oui, vous savez bien!). Le proverbe entier étant Wenn der Hund nicht (…), hätte er den Hasen
grekriegt (” Si le chien n’avait pas (…), il aurait attrapé le lièvre “) -les points de suspension sont
euphémistiques-, soit ” Avec des Si on mettrait Paris dans un bouteille! ” proverbe qui, en situation, peut se résumer par Oui, oui, avec des Si, comme en français:

8) Pierre qui roule, appelle son complément, sa ” media naranja “, n’amasse pas mousse. Et cette seule partie évoque le tout, comme Don Quichotte, Laurel, Zig, Tintin, etc. évoquent nécessairement et respectivement Sancho, Hardy, Puce, Milou, etc.
L’humour, cette arme de tous les minoritaires, tantôt souriant, tantôt éclatant, souvent ironique, coule à flots dans ce proverbier.
Dans la société judéo-espagnole, Djudyo (” juif “) rime avec El Dyo (” Dieu “) et Djudiya (” juive “), rime avec
diyai (” jour “); le père (balabay – padre, marido, espozo) et la mère (bula -féminin de balabay -madre, mujer,
espoza) se partagent les rôles et la gestion de la maison (kaza). L’importance de la femme apparaît parfaitement dans le proverbe suivant:
9) Kaza sin mujer i barka sin timon, lo mizmo son (” Maison sans femme et barque sans timon c’est la même chose “), ou
10) Kaza sin mujer, jestyon sin kuento (” Maison sans femme, gestion anarchique “).
Tous proverbes qui peuvent être évoqués par le seul incipit Kaza sin mujer, comme un romance (romansa en j.-esp.) peut être évoqué par son incipit (Yo m’enamori d’un ayre – ” D’un air me suis énamouré “), mais aussi par son vers final, qui souvent à son tour devient un proverbe:
11) Ken tyene mujer ermoza, /Ke la tenga byen guadrada! (” Qui femme belle a, / qu’il se la garde bien !), que
me chantait ma grand-mère. Car il y a vraiment solidarité sapientielle entre romancero, contero et refranero.

Et ce n’est pas gratuitement que E. Saporta y Beja dédie son Refranero ainsi: A mi madre, / Que me mechió
(meció) / me cantó / y me crió / en espaniol / araico, ” langue que j’ai tétée avec le lait de ma mère “, me disait-il souvent.
C’est avec raison aussi que dans l’introduction du sien, Raphael Benazéraf écrit: ” Il faut évoquer ici ces
conversations autour d’un thé à la menthe ou d’un aromatique petit verre d’eau-de-vie (aguardiente ou maha):
les proverbes fusaient, chacun y allait du sien, le jeu étant dans l’image plus ou moins nouvelle et imprévue.

Parfois, on simulait une hésitation, on semblait interroger l’entourage: Cómo se dice eso ? (” Comment dit-on
cela ? “) et le proverbe ou l’aphorisme surgissait silencieux, bonhomme ou ironique pour clore la discussion ou
la relancer “. Exercice ludique qui implique un vécu sapientiel remarquable et qui permet d’évoquer diverses
vérités par proverbes abrégés dont voici quelques exemples. (Nous mettons entre crochets la partie non dite et
renvoyons de -ci de -là à la note 13 quelques particularités du jud.-esp. sur lesquelles nous ne pouvons nous étendre ici):
12) En boka serrada, (no entra machka) (” En bouche close, (point n’entre de mouche)), ” le silence est d’or “.
13) Aharva kulo (ke no pedo) (” Frappe le cul (qui n’a point pété), ” L’innocent accusé “.
14) Arvoles pekan, (ramas yoran) (” Pèchent les arbres, (pleurent les branches “), ” Les enfants paient pour (les parents) “.
15) Yo bevi, tu (te emborratchates (” J’ai bu, et toi (tu t’es ennivré “), ” L’innocent accusé “.
16) Despues de Purim, (platikos) (” Après Pourim, (les petits plats) “), ” arriver comme la moutarde (après le
dîner) “. Allusion à cette fête au cours de laquelle les fidèles s’offrent des plats de douceurs.
17) El ke va al banyo, (no sale sin sudar) (” Qui au bain (En fait le hamam) va, (n’en revient pas sans avoir sué) “). On subit toujours les conséquences de ses actes.Bien sûr, tout cela est dit dans une situation déterminée.
18) El ke kome ajo, (se le fyede la boka) (” Qui mange de l’ail, (pue de la bouche) “). Toujours les conséquences de ses actes.
19) Sin ir por mares (pasi fortunas) (” Sans parcourir les mers (j’ai subi des tempêtes) “). L’innocence.
20) Dame godrura, (te dare ermozura) ” Donne-moi de la graisse, (je te donnerai de la beauté) “. Beauté rubénienne, idéal aujourd’hui dépassé, mais bonne excuse pour la personne par trop rondelette.
21) Uno korta la roza, (otro la goza) (” L’un coupe la rose, (l’autre en jouit) “)? ” Tirer les marrons (du feu) “.
22) Por la kavesa fyede (el pichkado) (” C’est par la tête que (pue le poisson) “. ” L’exemple vient de haut “.
” Faites ce que je dis, (mais ne faites pas ce que je fais) “.
23) Tanto dizimos amen, (ke mos kaye el talet) (” Tant nous disons amen, (que le châle (de prières) nous en tombe) “). Emprunt synagogal, critiquant les beni-oui-oui.
24) El ke no tyene ermano, (no tyene ni pye, ni mano) (” Qui n’a point de frère, (n’a ni pied, ni main) “). ” De l’aide qu’on peut attendre d’un frère “.
25) A la bezba le dizen: (ni tu fyel, ni tu myel) (” A la guêpe on dit, (ni ton fiel, ni ton miel) “). Contre les mielleux-fielleux de la terre; ce qui a engendré cette exclamation à l’adresse d’un importun: Ni tu fyel, ni tu myel! (” Passez votre chemin ! “).
26) A la ora de la pichada (fraguar la privada (” A l’heure du pisser (construire le W.C.) ” “, ” Faire les choses à la dernière minute “, ou encore A la ora orada, comme l’esp. A la hora horada.
27) Asta ke al riko le vyene la gana, (al prove le sale la alma) (” Jusqu’à ce que le riche en ait l’envie, (le pauvre se meurt) “).
28a) Yerro del mediko, (la tyerra lo kovija) (” (L’) erreur du médecin, (la terre la recouvre), à quoi le médecin répond:
28b) Yerro del mediko, (setensya del Dyo) (” Erreur du médecin, (sentence de Dieu) “). Oui, oui! Doktor de matasanos!, commentera-t-on par ce terme bien espagnol, littéralement: ” Docteur tuant les gens sains “, soit médicastre.
29) Por menester se va (al bedakise) (” C’est par nécessité que l’on va (au W.C.) ” Châlet de nécessité, euphémisme du français), soit ” Nécessité fait loi “.
30) Marido en kaza, (dolor de kichada) (” Mari à la maison, (douleur de dents (en fait de mâchoires)) “). Et cela, dans une conversation entre femmes.
31)Azme endevino (i te azere riko) (” Fais-moi devin (et je te ferai riche)), réponse semblable à l’actuel ” Je ne
suis pas Madame Soleil! ” mais limitée à Azme endivino.
32) El ke se akavido, (su madre no lo yoro) (” Qui a pris soin de sa personne, (sa mère ne l’a point pleuré) “) , ce qui correspond aussi à: ” Il l’a bien voulu! ” sous-entendu ” Tant pis pour lui “.
33) El aogado (i en una espada se aferra!) (” Le noyé (s’accroche même à une épée!) “). D’où, cet idiotisme: Aferrarse a une espada ou Aferrarse a las anranyas (” S’accrocher à une épée ” ou ” S’accrocher aux toiles d’araignées “); efforts vains, voire risibles.
34) Oy vizir, (amanyana rizil!) (” Aujourd’hui vizir, (demain risée (de tous) “, ” Grandeur (et décadence!) “).

Traduction du proverbe turc. Référence aux coutumes des sultans.
35) Ken se kaza kon amor, (bive kon dolor) (” Qui se marie par amour, (vit dans la douleur) “). Jadis, adresse aux filles qui n’acceptent pas le mari qu’on leur destine.
36) Ken no tyene mazal, (ke se etche a la mar) (” Qui point de chance a, (qu’il se jette dans (les flots de) la mer) “): formule que l’on retrouve dans de nombreuses romansas j.-esp.
37a) Para kada oya (ay su tapadera) (” Chaque pot (à son couvercle) “), ” Trouver chaussure à son pied “. Et
ce pour donner du courage à la personne qui se plaint de ne pas encore avoir marié sa fille. Ce proverbe étant
déjà un condensé du suivant:
37b) El Dyo es oyero, (aze la oya i apareja la tapadera), (” Dieu est potier, (il fait le pot (marmite) et prépare son couvercle) “), cf. le proverbe castillan:
37c) A cada ollaza su coberteraza, forme brève par excellence, même plus que 37a, résumé de 37b.
38a) Ken aharva a la puerta (arresive su repuesta) (” Qui frappe à la porte, (reçoit sa réponse) “). Le curieux ou
l’indiscret est puni par où il a péché.
38b) Ken dize lo ke kere, (oye lo ke no kere) (” Qui dit ce qu’il veut, (entend ce qu’il ne veut) “), ” On est puni
par où on a péché “. Ici, il s’agit d’une réponse à une provocation.
39a) La buena mansana, (se la kome el guzano!), ” la bonne pomme, (se la mange le ver!) “, comme ” Ce sont
toujours les meilleurs qui souffrent ou qui s’en vont les premiers “. ici, le choeur pourrait déraper ainsi: (es para el guzano), sans en changer le sens. Il pourrait toutefois commenter par cet autre proverbe-synonyme de
structure semblable:
39b) El buen igo, (se lo kome la graja) (” La bonne figue, (se mange le corbeau!) “). Et, étant donné que Por el
hilo se saca el ovillo (” Prenez une maille et tout le reste suit “), engagé dans ce champ sémantique, il pourrait
poursuivre ses associations d’idées ainsi: Alors que cet oiseau mange n’importe quoi et dont il est dit, No lo
kome ni la graja (” Même le corbeau – réputé coprophage – ne le mange pas! “).

Et ainsi, de fil en aiguille se débobineraient toutes les mailles de la texture parémiologique et lexicale des Judéo-Espagnols. Car il s’agit bien du tissu culturel, notre corpus, judéo-espagnol, une chose en amenant une autre
comme dans mes Ateliers judéo-espagnols.
On en arrive à des mots de passe, comme Djoha (accentué sur la dernière syllabe), ce personnage qui fait l’objet de mille contes dans toute l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans les Balkans. C’est le Nasreddin Hodja des Turcs, le Dch’ha des Tunisiens, des Algériens et des Marocains, le Goha des Egyptiens, personnage à la fois
simplet et astucieux qu’ont adopté toutes les ethnies de l’Empire Ottoman, Djoha chanté, conté et refraneado.
40) Djoha antes de kazar merko la kuna (” Djoha avant de se marier a acheté le berceau “), soit ” mettre la
charrue devant les boeufs “.
41) Djoha antes de suvir a kavayo manea las patchas (” Djoha avant de monter à cheval remue les jambes “).
Comme le précédent.
42) Djoha se fue a la mar, no topo agua (” Djoha est allé à la mer, il n'(y) a pas trouvé d’eau “). Proverbe qui a
inspiré le suivant à l’un de mes amis:
43) Djoha se fue à Genève, no topo banka (” Djoha est allé à Genève, il n'(y) a pas trouvé de banque “). C’est
dire que le dialogue se poursuit ainsi que la créativité qui y préside.
44) Diya de semana, Djoha se vistyo de chabat (” En semaine, Djoha s’est (en quelque sorte) ” ensamedisé “).
C’est dire qu’un personnage essentiellement musulman, de par son universalité, a été adopté mais judaïsé par nos
Judéo-Espagnols.
45)A Djoha le dicheron ” amokate “, se kito la naris!, (” A Djoha on a dit, ” mouche-toi “, il s’est arraché le
nez! “). D’où cette variante:
45b) Por dizir amokate, se kito la naris (” Pour lui avoir dit, mouche-toi, il s’est arraché le nez! “), applicable à n’importe quel sot. C’est pourquoi, bien qu’on y pense, on ne nomme plus Djoha, on le sous-entend et dit: ” X, comme Djoha, s’est arraché le nez “, bref, on généralise et stigmatise ainsi le comble de la sottise.
46) Ama ke vo azer esta notche ? (” Mais que vais-je faire cette nuit ? “), réponse de Djoha (devenue proverbiale), qui vient de perdre sa femme, à ses consolateurs. ” Ne t’en fais pas, on t’en trouvera une plus belle
encore “, lui disent ceux-ci. Et Djoha de répondre: ” Ama, ke vo azer esta notche! “. Bien sûr il faut connaître le
conte qui se termine ainsi.
47) Djoha alevantate! picharas! (” Djoha lève-toi, tu pisseras! “): apostrophe lancée aux gens, qui oublient leurs
obligations, probablement issue d’un proverbe antérieur.
48) Djoha embevisido por sus etchos (se olvido de pichar) (” Djoha enfoncé dans ses affaires (a oublié de
pisser) “, et, sous-entendu, ” sa vessie éclata “.
A la limite, on lui attribue tous les péchés d’Israël: bêtise, nous l’avons vu, ruse, nous l’avons également
illustrée; égoïsme qu’exprime parfaitement le proverbe suivant:
49) Djoha despartyo (para si los mas) (” Djoha s’est réservé la meilleure part “).
Proverbes multiples qui restent dans toutes les mémoires et en engendrent un autre qui en dit long sur la
popularité du personnage:
50) Djoha muryo (la kantiga le kedo) (” Djoha est mort, (la chanson lui est restée) “). Il a été en quelque sorte
chansonné comme nos politiciens dont il surpasse d’ailleurs la renommée.
Ces proverbes polis par les ans, cette sagesse populaire, plongent leurs racines dans le vécu quotidien, teinté des
couleurs locales, qui leur donnent toute cette saveur, tantôt souriante, tantôt comique à s’en décrocher les
mâchoires.
Ils sont dans la mémoire de chacun, la structurent, y multiplient les réseaux sémantiques, y installent de
véritables signaux lumineux qui se répondent et en appellent d’autres. D’où, cette lexicalisation en formes plus
brèves, et, à la limite à un ou deux mots.
Dezbragado (” cul nu, pauvre, malheureux) rappelle les bragas du parvenu, ex-pauvre, du proverbe castillan:
51a)Al que no està hecho a bragas, (las costuras le hacen llagas) (” Les coutumes blessent celui qui n’est pas
accoutumé à porter la culotte “), en j.-esp.
51b) Al ke no esta ambezado a yevar bragas, (las koziduras le azen yagas), proverbe, après impact de la mode,
modernisé en
51c) Al ke no esta ambezado a yevar pantalon, (las koziduras le azen yagas). Toujours appliqué au parvenu,
celui dont on dit en esp.: Quiero y no puedo.
On le voit, il y a aussi une diachronie des proverbes qui s’adaptent au moment présent et s’assimilent la mode
aux dépens de la couleur locale antérieure. Outre le temps importe aussi l’espace. C’est ainsi que les proverbes
1a et 1b, ci-dessus, trouvent leurs correspondants suivants:
Espagne: 1c) Al mejor cazador, (se le escapa la liebre).
Amérique du Sud: 1d) Al mejor mono, (se le escapa la zapatilla) et,
Mexique: 1e) A la mejor cocinera (se le queman, los frijoles).

Toutes variantes locales semblablement structurées, enrichies de l’expérience de chacune de ces régions et
démarrables par la simple profération de Al mejor + cazador, ou mono, ou cocinera, formes condensées,
allégées, brèves de ces autres formes brèves, que sont les proverbes. Bref, les molécules mémorielles des
proverbes, la partie pour le tout, mais partie sélective, active et réactive.

 

Acerca de Haïm Vidal Marc Sephiha

Sobreviviente de Auschwitz marcado por los nazis con el número 151752 Parte de mi vida en Bélgica : Instituto Agronómico de Gembloux 1941 : durante el último trimestre 1941 Escuela de horticultura de la Ramée, siendo su Director Haroun Tazieff de 1941 a 1942 Arrestado por la Gestapo el 1° de Marzo 1943, detenido en el campo de concentración de Malines y deportado el 19 de Septiembre del mismo año Repatriado a Bruselas en Abril 1945 Entre 1947 y 1948, estudios académicos de Ingeniero Químico en la Universidad Libre de Bruselas : Tesis: Síntesis del Anetol (12 páginas) Esta tesis la escribí en memoria de mi añorado papá David NESSIM SEPHIHA Z’l, muerto en Dachau a fines de Abril 1945. A él quien nos fabricaba nuestro raki. Realizaciones en Francia Jefe de laboratorio en el instituto Químico de la Ciudad de Rouen (1948-1951) Secretario de la Sociedad Lingüística de París Obtuve una licencia de lengua española en la Universidad de la Sorbona Fui diplomado en hebreo y yiddish : los diplomas correspondientes fueron otorgados por ENLOV Diploma de Estudios Superiores Doctorado de 3er ciclo Diplomado de l’École Pratique des Hautes Études – IVème section (Escuela Practica de Estudios Superiores) Doctorado del Estado Profesor emérito de Universidades (Catedra de Djudeo-Espanyol, ENLOV, Nueva Sorbona e Instituto Martin Buder, U.L.B., Bruselas) Profesor de conferencias (Catedra en Albert Albert Benveniste y en la Universidad de Lisboa) Presidente de Honor del Centro Cultural Djudeo-Espanyol Al Syete Presidente de las Asociaciones VIDAS LARGAS y J.E.A.A. Presidente de Honor de la Asociación « Muestros dezaparesidos » Talleres Djudeo-Espanyols de 1969 a 2010 +Emisión “Muestra Lingua” en la estación radiofónica 94.8 de 1981 a 2006 que fue confiada después a Edmond Cohen Obtención de la Medalla “Vermeil” de la Ciudad de Paris en 2013 Brasil : Espaço Sefaradi Judeo-Espanhol “Profesor Haïm VIDAL SEPHIHA” Museo Judaico de Rio de Janeiro 201 Nombrado Caballero de la Legión de Honor en Abril 2016 Espacio Haïm VIDAL SEPHIHA en la Sinagoga Don Isaac Abravanel, el 19 de Noviembre 2017 Pueden escribirme a la dirección siguiente  [email protected]

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