Introduction
Peu de temps avant les événements du 30 juin 2013 qui ont conduit à l’éviction de l’ancien président Mohamed Morsi, l’émission satirique de grande écoute Al-Barnameg (The Show), animée par le comédien et satiriste Bassem Youssef, a été interrompue pendant le mois du Ramadan. Extrêmement populaire en Egypte et au-delà des frontières nationales, The Show était devenu un symbole de l’opposition au régime des Frères musulmans (FM). Son retour sur les antennes a été retardé, principalement en raison de la situation sécuritaire du pays. De nombreux Egyptiens attendaient avec impatience sa reprise, impatients d’entendre ce que Bassem Youssef avait à dire et curieux de savoir si ses piques satiriques seraient exclusivement réservées à Morsi et aux Frères musulmans (FM), ou n’épargneraient pas non plus ministre de la Défense, le général Abd Al-Fattah Al-Sissi – l’homme responsable de la destitution de Morsi – l’armée et le nouveau régime. [1]
Le 25 octobre 2013, The Show est enfin de retour. A l’antenne, Youssef n’hésite pas à critiquer le discours extrémiste des deux camps – les partisans des FM et ceux d’Al-Sissi – mais aussi le culte de la personnalité dont Al-Sissi ets désormais l’objet, allant jusqu’à émettre des craintes de déification du général. [2]
L’émission a suscité un tollé au sein de certains milieux égyptiens. Beaucoup, indignés par la critique de l’armée, ont exprimé leur colère par des manifestations et demandé la suppression de l’émission, tandis que d’autres le félicitaient d’avoir osé aborder des sujets considérés comme tabous en Egypte. Il avait répondu à leurs attentes, dit la vérité sans crainte, défendu la liberté d’expression et fait rire, malgré la conjoncture complexe. [3]
Suite à la diffusion de l’émission sur son antenne, la chaîne de télévision CBC a toutefois émis un communiqué dans lequel elle exprime des réserves sur certains passages, et explique qu’elle s’oppose à l’utilisation d’allusions ou d’expressions susceptibles de heurter la sensibilité de la population ou des dirigeants égyptiens. [4]
Une semaine plus tard, quelques minutes avant la diffusion du deuxième épisode, la chaîne annonce qu’elle a décidé d’annuler le programme en raison de difficultés techniques et commerciales avec le créateur et l’animateur de l’émission, qui avaient tous deux tenu à agir en contradiction avec sa politique. [5] Le 17 novembre 2013, la société de production responsable de l’émission de Youssef annonce que son contrat avec la chaîne CBC est annulé. [6]
Suite à l’annulation du deuxième épisode, Bassem Youssef passe une semaine dans les Emirats Arabes Unis. Pendant ce temps, sa chronique hebdomadaire dans le quotidien Al- Shurouq ne paraît pas et son compte Twitter, généralement très actif, n’est pas mis à jour. Pourtant, le 12 novembre 2013, après un silence de près de deux semaines, Youssef publie un nouvel article dans Al-Shurouq, où il fait indirectement référence à l’affaire dans une sévère critique des régimes qui accusent les artistes et les créateurs de trahison, simplement parce qu’« ils refusent de se laisser mener comme un troupeau ». [7]
La décision de supprimer l’émission suscite une nouvelle vague de controverse dans la presse égyptienne, les uns dénonçant la censure dans les médias, les autres la trop grande importance accordée à l’affaire.
Le rapport en anglais considère l’épisode d’Al-Barnameg du 25 octobre 2013, les réactions du public égyptien et le débat remis au goût du jour sur la liberté d’expression.
*N. Shamni est chercheuse au MEMRI.
Pour lire l’article dans son intégralité en anglais cliquer ici
Notes:
[1] Voir Dépêche spéciale n° 5495 de MEMRI, Egyptian Satirist Bassem Youssef Ahead Of His Show’s Return To Airwaves: Neither Mursi’s Camp Nor Al-Sisi’s Can Take Criticism, 25 octobre 2013.
[2] Voir Dépêche spéciale n° 5525 de MEMRI, On The Eve Of Al-Sisi’s Birthday, His Personality Cult Reaches Crescendo, 18 novembre 2013.
[3] Al-Wafd, Al-Misriyyoun (Egypte) 28 octobre 2013.
[4] Alarabiya.net, 27 octobre 2013.
[5] Alarabiya.net, 2 novembre 2013.
[6] Alarabiya.net, 17 novembre 2013.
[7] Al-Shurouq (Egypte), 12 novembre 2013.
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