Un éditorialiste d’Al-Sharq Al-Awsat : Le Printemps arabe a révélé l’échec de tous les courants de l’opposition arabe

Por:
- - Visto 31 veces

Dans sa chronique du journal saoudien Al-Sharq Al-Awsat, basé à Londres, Uthman Al-Mirghani estime que le Printemps arabe a révélé l’incapacité non seulement des régimes arabes, mais également de plusieurs courants d’opposition, à constituer une alternative aux régimes tyranniques renversés. Selon lui, ces divers courants de l’opposition – libéraux, de gauche, de droite et islamiques – sont aussi opportunistes, égocentriques et dictatoriaux que les régimes qu’ils ont destitués.

Uthman Al-Mirghani (Source : Alarabiya.net)
Uthman Al-Mirghani (Source : Alarabiya.net)

 

En outre, ils se sont tellement éloignés des préoccupations des populations arabes que celles-ci aspirent déjà au retour des anciens régimes, observe-t-il. Au vu de l’impuissance et de l’échec de tous les mouvements d’opposition du monde arabe, il est peu surprenant que les jeunes les aient abandonnés pour se tourner vers le « parti en ligne » qui leur permet d’exprimer leur détresse, ajoute-t-il.  Extraits : [1]


Nombreux sont ceux qui soutiennent que le Printemps arabe n’a pas su actualiser un seul des espoirs et rêves suscités dans ses premiers jours et mois, et qu’au contraire, il a même mené la région vers une série de désastres et de crises. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi le fugace Printemps [arabe] s’est ainsi terminé, dans le chaos, les crises et les guerres…

Le plus important est le fait que le Printemps arabe a non seulement mis au jour notre crise et celle des régimes contre lesquels les peuples se sont dressés, mais également l’incapacité des [différents courants] d’opposition arabes à se présenter comme des alternatives convaincantes et crédibles, capables de concrétiser les espoirs et aspirations des peuples. La crise des mouvements d’opposition arabes a bien sûr précédé le Printemps arabe, mais elle a marqué plus profondément l’esprit populaire en raison des résultats frustrants des courants d’opposition, de leurs performances décevantes et de la régression, des guerres et du chaos actuels.

Le sentiment général aujourd’hui est que la faiblesse des partis et des groupes d’opposition, ainsi que leurs divisions internes et leur intense préoccupation pour leurs propres intérêts et leurs rêves de pouvoir, les ont éloignés du peuple, et qu’ils se sont détachés des questions qui importent au peuple. C’est pour cette raison que [l’opposition] ne peut plus convaincre [le peuple] de son aptitude à gouverner en étant une alternative aux régimes auxquels ils s’opposent. Pour preuve, il  nous suffit d’observer qu’aujourd’hui, les gens se lamentent, regrettent le passé et l’époque des régimes renversés, dans un contexte de crainte généralisée face au changement générateur de chaos et de guerres.

Le problème de ces courants d’opposition arabes n’est pas avec un courant spécifique de pensée ; le problème est général et dépasse les frontières idéologiques. Il englobe les courants libéraux au même titre que les partis de gauche ou ceux qui scandent des slogans religieux. De nombreux partis de l’opposition qui accusent les régimes actuels de tyrannie sont eux-mêmes, en leur sein, antidémocratiques. Ainsi, certains chefs d’opposition font mieux que les régimes des dirigeants auxquels ils s’opposent et qu’ils accusent d’être des dictateurs qui se collent obstinément au pouvoir. Les partis de gauche sont devenus aux yeux du peuple un modèle d’élitisme noyé dans l’élaboration de théories, tandis que les partis islamiques sont devenus un modèle d’égocentrisme et d’opportunisme.

En Egypte, les Frères musulmans ont montré un autre modèle, qui veut que les partis arabes islamiques, ou la plupart d’entre eux, tendent à imposer une dictature car ils ne croient pas en la démocratie. Ils l’adoptent comme tactique, seulement dans le but d’atteindre leurs objectifs, et lorsqu’ils prennent le pouvoir, ils montrent leur vrai visage, se tournent vers la tyrannie et l’absolutisme. Au Soudan, les islamistes ont effectué un coup militaire contre la démocratie alors qu’ils siégeaient encore au parlement, et ont considéré qu’il convenait de s’imposer avec des tanks au lieu d’obéir aux urnes.

Certains pourraient argumenter que les partis islamiques en Tunisie et au Maroc présentent actuellement un modèle différent, et qu’ils ont prouvé leur aspiration à un transfert paisible et démocratique du pouvoir. Si les expériences dans ces deux pays font naître à juste titre une étincelle d’espoir, ils [ne] sont [qu’] au début du chemin, et l’on doit attendre et observer l’évolution des choses avant de se prononcer.

Ce ne sont pas seulement les islamistes qui ont échoué à l’épreuve de la démocratie. La gauche avec ses partis communistes et nationalistes a elle aussi [échoué], ayant eu recours à des coups d’Etat qu’elle appelle des révolutions ; l’histoire de la région regorge d’exemples [de telles révolutions] qui ont laissé dans leur sillage dictatures, guerres et crises. Il existe évidemment d’autres courants et partis, qui transcendent les étiquettes de gauche politique et de droite religieuse, mais qui sont eux aussi sans espoir et défaillants, tout comme les autres courants de l’opposition arabes.

Il est donc peu surprenant que les jeunes aient abandonné l’opposition traditionnelle, comme on l’a clairement vu dans les révolutions du Printemps arabe, pour se tourner vers ce que l’on appellera le « parti en ligne » qui leur sert d’arène d’opposition et de lieu d’expression de leur détresse… Les jeunes ne sont pas les seuls, bien évidemment, la frustration se généralisant face aux guerres intestines et aux divisions internes – comme en Libye, en Syrie, en Irak et au Yémen – causées par l’échec des élites politiques et de l’opposition…

Le Printemps arabe… ne fut pas seulement un message aux régimes, comme le pensent certains. Ses résultats sont une mise en examen des mouvements d’opposition arabes qui semblent jusqu’à ce jour ne pas avoir compris le message.

Lien vers le texte en anglais

Note :

[1]  Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 21 janvier  2016.

 

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

Deja tu Comentario

A fin de garantizar un intercambio de opiniones respetuoso e interesante, DiarioJudio.com se reserva el derecho a eliminar todos aquellos comentarios que puedan ser considerados difamatorios, vejatorios, insultantes, injuriantes o contrarios a las leyes a estas condiciones. Los comentarios no reflejan la opinión de DiarioJudio.com, sino la de los internautas, y son ellos los únicos responsables de las opiniones vertidas. No se admitirán comentarios con contenido racista, sexista, homófobo, discriminatorio por identidad de género o que insulten a las personas por su nacionalidad, sexo, religión, edad o cualquier tipo de discapacidad física o mental.


El tamaño máximo de subida de archivos: 300 MB. Puedes subir: imagen, audio, vídeo, documento, hoja de cálculo, interactivo, texto, archivo, código, otra. Los enlaces a YouTube, Facebook, Twitter y otros servicios insertados en el texto del comentario se incrustarán automáticamente. Suelta el archivo aquí

Artículos Relacionados: