Le philosophe russe pro-Kremlin Dugin : L’alternative au libéralisme est de revenir au Moyen-Age

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Dans une interview sur la chaîne télévisée russe orthodoxe nationaliste Tsargrad, le philosophe pro-Kremlin Alexander Dugin a expliqué sa Quatrième Théorie politique.[1] Dugin a classé les trois théories politiques selon leur ordre d’apparition au 20e siècle : le libéralisme (première théorie), le communisme (deuxième théorie) et le fascisme (troisième théorie). Le fascisme a émergé plus tard que les autres grandes théories politiques et a disparu avant elles. L’alliance entre la première théorie politique (libéralisme) et la deuxième (communisme) et les mauvais calculs politiques d’Adolf Hitler sont responsables de la défaite de la troisième théorie politique. La disparition du fascisme a laissé la voie libre pour les première et deuxième théories politiques, le dualisme de la Guerre froide ayant créé un monde bipolaire qui a duré près d’un demi-siècle. L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 a signifié la victoire de la première théorie politique (libéralisme) sur la deuxième (socialisme). Ainsi, à la fin du 20e siècle, le libéralisme demeurait la seule théorie encore vivante.

Dugin a souligné : « Cela signifie que vous pouvez être de droite ou de gauche, vous pouvez soutenir la deuxième ou la troisième théorie, mais seulement dans le cadre de la première théorie. Et c’est la situation qui prévaut actuellement. La première théorie politique n’est plus seulement une théorie parmi d’autres, comme c’était le cas auparavant. Elle fait partie de nous. Nous ne pensons à rien en dehors du libéralisme. Il n’y a plus qu’une seule théorie pour nous. Il est tout simplement inscrit dans la constitution de l’Union européenne que l’UE reconnaît les Etats qui partagent ses valeurs, à savoir le libéralisme démocratique. »

Toutefois, à présent que seul le libéralisme est resté, Dugin soutient qu’il est actuellement devenu évident que toutes les trois théories politiques sont totalitaires, et que le libéralisme peut donc être décrit comme le « porteur de la dernière forme de totalitarisme ». Dugin explique : « Ils [les libéraux] affirment la même chose que les communistes et que les fascistes : si vous êtes libéral, vous avez le droit d’être tout ce que vous voulez dans le cadre du libéralisme et de la démocratie. Si vous êtes en dehors du libéralisme et de la démocratie, alors vous êtes un dangereux extrémiste, un fanatique, un terroriste… » Décrivant la mondialisation, Dugin l’a définie comme « le processus d’imposition de l’affirmation du renforcement totalitaire du libéralisme comme seule idéologie inévitable. On peut dire que la mondialisation est une conséquence ou un processus ».


Cependant, le libéralisme est lui-même devenu de plus en plus décadent. « Le libéralisme d’aujourd’hui est si rongé de l’intérieur qu’il est assez facile de le rejeter maintenant, car il a lui-même reconnu le progrès, la liberté, et le développement comme étant des fictions absolues. Le libéralisme a reconnu qu’il était une sorte d’approche totalitaire particulière. Derrière toutes ces idées de libération, de liberté, d’égalité, d’individualisme, etc. il n’y a rien d’autre que la volonté de puissance », a expliqué Dugin. Par conséquent, pour éviter de régresser vers le communisme et le fascisme, Dugin a suggéré qu’une Quatrième Théorie politique était nécessaire, dont les prémisses reposeraient sur le rejet du post-modernisme, de la société post-industrielle, de la pensée libérale appliquée et du mondialisme. Ainsi, l’une des premières étapes vers une Quatrième Théorie politique est la « réhabilitation mondiale de la tradition ». Dugin, dont la philosophie est influencée par les écrits du philosophe russe mystique Nicolas Berdiaev (1874-1948), [2] a souligné le besoin de revenir au Moyen-Age ou d’y trouver une source d’inspiration. Dans son livre Le nouveau Moyen-Age, Berdiaev analyse la crise de la civilisation européenne au lendemain de la Grande Guerre et de la Révolution russe. Berdiaev nous dit que « l’époque moderne, avec son humanisme raté, est remplacée par une nouvelle époque : ‘le nouveau Moyen-Age’, une époque de ténèbres, de nuit universelle de l’histoire. Berdiaev affirme que cette nuit est positive : dans l’obscurité, qui est un retour à la vie de l’esprit mystérieuse, la destruction infligée par la période précédente de ‘lumière’ sera réparée » [3]. Berdiaev a défini la civilisation médiévale comme une « renaissance en opposition à la barbarie et à l’obscurité qui ont suivi la chute de la civilisation de l’Antiquité, un chaos dans lequel le christianisme seul a incarné la lumière et le principe d’ordre ». [4]

Quant à l’avenir de la Russie, Dugin explique que la seule manière d’assurer sa survie est d’adopter une quatrième théorie qui rejettera le libéralisme occidental, car il n’y a pas de place pour la Russie dans le « meilleur des mondes du globalisme mondial, de la post-modernité et du post-libéralisme ». Dugin affirme : « Le problème est que toute l’histoire russe constitue une argumentation dialectique avec l’Occident et la culture occidentale, une bataille pour l’affirmation (parfois comprise seulement intuitivement) de sa propre vérité russe, de son idée messianique… Les meilleurs esprits russes ont clairement vu que l’Occident se dirigeait vers l’abîme, et aujourd’hui, quand on regarde où l’économie néo-libérale et la culture de la post-modernité ont amené le monde, nous pouvons être tout à fait certains que cette intuition, qui a incité une génération de Russes à chercher des alternatives, était totalement fondée. » Ainsi, selon Dugin, « il est clair que la Russie doit trouver une autre voie. Sa propre voie… Pour que la Russie soit en mesure de se sauver, elle et d’autres, il ne suffit pas d’inventer des moyens techniques ou des stratagèmes malhonnêtes… Dans une telle situation, l’avenir de la Russie dépend directement de nos efforts pour élaborer la Quatrième théorie politique. Si nous examinons localement les variantes qu’un régime mondialisé nous offre avec une rectification superficielle du statu quo, nous n’irons pas loin ; nous perdrons simplement notre temps. »

Lire le rapport dans son intégralité en anglais

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El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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