Dans un article du quotidien officiel saoudien Al-Watan, le journaliste saoudien Saud Al-Balawi affirme que, suite au récent accord sur le nucléaire avec l’Iran, les Etats-Unis risquent de devenir un allié de l’Iran et même de lui laisser le contrôle de la région, lui donnant carte blanche pour y opérer.
Selon Al-Balawi, il est déjà établi que les pays arabes ne peuvent se fier à leur alliance historique avec les Etats-Unis, et par conséquent, seuls leurs peuples peuvent les protéger et garantir leur stabilité. C’est pour cette raison, affirme-t-il, qu’il appelle les pays arabes à se renforcer chez eux en adoptant des réformes de grande envergure, y compris dans les domaines de l’éducation, de la culture et des libertés individuelles.
Extraits : [1]
Après de longues négociations, les pays occidentaux et l’Iran ont trouvé un accord sur le programme nucléaire iranien, dont les principaux points sont l’inspection et le contrôle des installations nucléaires iraniennes et une réduction du [nombre] de centrifugeuses d’enrichissement d’uranium, en contrepartie du dégel des avoirs iraniens et de la levée des sanctions économiques. Tout ceci [doit avoir lieu] selon un calendrier graduel qui s’étendra sur dix ans. Selon cet accord, l’Iran reprendra sa production de pétrole à pleine capacité ; ses actifs seront dégelés ; ses options d’investissement seront ouvertes dans le monde entier ; et il pourra réintégrer la communauté internationale.
On peut considérer que cet accord est l’unique succès du président américain Barack Obama, qui a consacré tous ses efforts pour y parvenir – même si l’accord reconnaît implicitement que l’Iran est une puissance nucléaire, ce qui fait perdre le sommeil aux alliés historiques des Etats-Unis, notamment l’Arabie saoudite. L’Iran a un rôle, des aspirations et des projets au Moyen-Orient, conformément au principe d’exportation de [sa] « Révolution » – et cela coïncide avec le désir américain d’abandonner graduellement le Moyen-Orient dans le futur, tout en s’engageant à garantir la sécurité d’Israël. Ceci pourrait permettre à l’Iran de devenir une puissance régionale jouissant d’une liberté d’action…
Il est clair au vu de cet accord que la phase d’hostilité [entre les Etats-Unis et l’Iran] est révolue, et qu’une nouvelle phase de rapprochement et de focalisation sur le développement des intérêts conjoints au cours des dix prochaines années, tout au moins, a commencé. On peut escompter que l’Iran et les Etats-Unis deviendront des alliés, comme ils l’étaient au temps du Shah, et que ceci entraînera une modification des équilibres de puissance et des alliances mondiales, selon ce jeu de rôles changeants. Ceci entraînera des changements encore plus grands au cours de la décennie suivante ; à ce moment, le Moyen-Orient sera confronté à un test existentiel. Ceci est dû au fait que les Etats-Unis se sont préparés, depuis l’aube du troisième millénaire, après le désastre du 11 septembre, à transférer la région tout entière à l’Iran, de sorte que [l’Iran] recommencera à surveiller la région comme jadis, au vu des cartes nouvellement [dessinées] et des configurations [nouvellement formées] qui ont découlé du soi-disant « chaos créatif ».
C’est la raison pour laquelle des appels ont été émis [aux pays arabes], en particulier à ceux historiquement liés aux Etats-Unis, pour trouver de nouvelles alliances en vertu de [leurs] nouveaux intérêts – car ce n’est pas un secret que les Etats-Unis sont prêts à abandonner leurs alliés en vertu de la politique du « citron pressé », un principe purement pragmatique fondé uniquement sur les intérêts. Les Etats-Unis ont déjà abandonné leur allié le plus important dans la région, le Shah Mohammed Reza Pahlavi, après qu’il ait siégé sur son trône pendant un demi-siècle… D’un autre côté, il n’existe pas de preuve que la Russie ait jamais abandonné ses alliés – au contraire, elle se tient à leurs côtés avec toute sa puissance, par exemple, Abd Al-Nasser en Egypte ou Assad en Syrie…
S’il est possible que, dans le passé, les pays arabes aient manqué de temps pour consacrer de l’attention à leurs peuples, aujourd’hui ces peuples sont l’unique garantie que ces pays possèdent. Pour cette raison, ils doivent procéder à des réformes exhaustives et rapides dans plusieurs domaines, à commencer par l’éducation et la culture, les libertés publiques, les institutions sociales civiles, les infrastructures, les services publics et la lutte contre la corruption. [Ces réformes doivent aussi inclure] l’adoption et la mise en œuvre de lois, malgré toutes les tentatives d’individus ou de groupes de les violer, ainsi que la limitation à l’expansion de l’extrémisme religieux – en particulier à un moment où les pays arabes mènent des batailles sur plusieurs fronts, notamment contre le terrorisme, qui menace de détruire tout le monde…
Notes :
[1] Al-Watan (Arabie saoudite), 17 juillet 2015.
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