Khamenei capitule face au camp pragmatique, accepte le JCPOA sans les conditions préalables évoquées dans sa lettre d’octobre 2015 au président Rohani

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Par Y. Carmon et A. Savyon*

Introduction

Selon le rapport de l’AIEA publié le 16 janvier 2016, l’Iran a appliqué ses engagements découlant du JCPOA. Cela signifie que l’Iran ne s’est pas abstenu de remplir ses obligations, en dépit des neuf conditions préalables posées par le Guide suprême iranien Ali Khamenei, qu’il avait exposées dans sa lettre du 21 octobre 2015 au président iranien Hassan Rohani.[1] Manifestement, Khamenei, chef du camp idéologique de l’Iran qui s’était opposé au JCPOA, a capitulé face au camp pragmatique, qui demandait de se conformer au JCPOA et de remplir ses engagements en découlant, sans poser aucune condition.


Comment expliquer cette capitulation de Khamenei ?

Une explication possible de ce revirement de Khamenei concernant l’application du JCPOA est que le camp idéologique aurait été confronté, au cours des derniers mois, à une lutte sur plusieurs fronts simultanément :

1. La détérioration de l’économie iranienne et le besoin d’obtenir la levée des sanctions.

2. Le durcissement du conflit avec le camp pragmatique, à l’approche des prochaines élections au Majlis et à l’Assemblée des Experts ; [2] comme indiqué, le camp pragmatique a insisté pour que l’Iran applique le JCPOA.

3. Les difficultés rencontrées dans la guerre sur plusieurs fronts que l’Iran mène contre le camp sunnite en Arabie saoudite, en Turquie, au Pakistan, dans les Etats du Golfe, en Egypte et en Jordanie.

4. En outre, la non-application par l’Iran de ses engagements aurait pu entraîner pour Khamenei un conflit direct avec l’Occident.

Au vu de ce qui précède, Khamenei a choisi de ne pas affronter l’Occident et le monde sunnite en même temps, se concentrant sur le front intérieur iranien. Ce faisant, Khamenei a placé le monde occidental, et en particulier les Etats-Unis, aux côtés de l’Iran chiite dans son combat contre la menace sunnite.

Le principal combat de Khamenei à ce stade est intérieur : il est nécessaire de renforcer le camp idéologique et, par son intermédiaire, le régime de la République islamique d’Iran, pour qu’il puisse à l’avenir agir plus librement sur le front du nucléaire également.[3]

Une autre explication de cette capitulation est que la position de Khamenei était depuis le début destinée à des objectifs de négociation, dans le but d’optimiser les gains de l’Iran dans le cadre du JCPOA. En fin de compte, l’Occident a permis à l’Iran de s’acquitter de ses engagements d’une manière qui a bénéficié à l’Iran plus que ne l’aurait fait le JCPOA originel, comme expliqué ci-après :

Ce que l’Iran a obtenu par le JCPOA

Grâce au JCPOA, l’Iran a obtenu ce qui suit:

1. La reconnaissance internationale en tant qu’Etat nucléaire ayant le droit d’enrichir de l’uranium et de s’adonner au commerce de produits nucléaires, puisqu’il maintient son adhésion au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP).[4] Ceci est réaffirmé par le rapport de l’AIEA du 2 décembre 2015 sur les dimensions potentiellement militaires du projet nucléaire iranien (PMD).[5]

2. La légalisation et la mise à niveau de son programme nucléaire, et dans le même temps, la levée de la plupart des sanctions qui avaient été imposées en raison de sa poursuite de l’obtention d’armes nucléaires. En contrepartie, il fait l’objet d’une série de restrictions prolongeant son “breakout time”, c’est-à-dire le temps qu’il lui faudrait pour produire suffisamment d’uranium enrichi pour fabriquer une arme nucléaire, de deux mois à un an.[6]

3. La promotion de l’Iran au rang de superpuissance régionale dotée de capacités nucléaires, et le renforcement de l’axe de la résistance qu’il dirige. Cela survient alors que l’Iran se trouve en plein affrontement régional  sunnite-chiite contre les alliés traditionnels des Etats-Unis : l’Arabie saoudite, les pays du Golfe, la Turquie, la Jordanie et l’Egypte.

4. Même les restrictions nucléaires imposées à l’Iran comportent des bénéfices substantiels, qui lui permettent de développer et d’industrialiser son programme nucléaire. Certaines des restrictions, qui ont été décrites par l’administration américaine comme étendant de manière significative et irrévocable le “breakout time” pour produire une bombe nucléaire, ne le font pas de manière effective et fiable :

* Uranium enrichi – En contrepartie de son transfert de 11 tonnes d’uranium enrichi au niveau de 5 % à la Russie, l’Iran a reçu 197 tonnes de yellow cake (uranium concentré).[7]

* Capacité d’enrichissement – L’Iran conserve ses capacités d’enrichissement dans ses “installations déclarées”, comme indiqué dans le rapport de l’AIEA du 16 janvier 2016, qui ne fait pas du tout référence à des sites nucléaires et/ou non déclarés à l’égard desquels l’Iran a annoncé qu’il n’autoriserait pas de contrôles de l’AIEA.

* Nombre de centrifugeuses – La réduction ostensible par l’Iran du nombre de centrifugeuses de 20 000 à 6000 est trompeuse, parce que sur le nombre originel de 20 000, seules 10 000 environ étaient actives, et la plupart étaient de première génération. Ainsi, le nombre effectif de centrifugeuses actives de première génération qui ont été fermées n’était que de 3000 à 4000.[8]

* Recherche et développement – L’Iran est autorisé à poursuivre la recherche et le développement de centrifugeuses avancées.[9] Il convient de noter que le JCPOA autorise même l’Iran à créer une installation de dénotation nucléaire à des fins de recherche uniquement.

* Eau lourde du réacteur d’Arak – L’eau lourde du réacteur au plutonium d’Arak a été transférée à Oman, petit Etat satellite frontalier de l’Iran qui est incapable de résister aux pressions potentielles de son voisin. Ainsi, le transfert de l’eau lourde à Oman était pratiquement une plaisanterie.

* Retrait du coeur du réacteur d’Arak – Le coeur du réacteur a effectivement été retiré d’Arak. Toutefois, comme le directeur de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (AEOI) Ali Akbar Salehi l’a déclaré, l’Iran n’avait dans tous les cas pas la capacité de produire du plutonium.[10]

Voir le texte original en anglais avec les notes

* Y. Carmon est Président de MEMRI ; A. Savyon est Directrice du Projet de veille des médias iraniens de MEMRI.

Acerca de MEMRI

El Instituto de Investigación de Medios de Información en Medio Oriente (MEMRI) explora el Medio Oriente a través de los medios informativos de la región.

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