Par : E. B. Picali *
Tout au long des cinq ans et demi de guerre en Syrie, et aux côtés de son action militaire contre les rebelles, le régime du président syrien Bachar Al-Assad, appuyé par l’Iran, le Hezbollah et les milices pro-Assad, ont mis en œuvre plusieurs mesures afin de modifier la structure démographique des régions peuplées principalement par des sunnites pro-rebelles, et de les remplacer par des groupes pro-régime, principalement alaouites et chiites.
Ces mesures viseraient à créer une zone homogène pro-régime avec une majorité chiite et alaouite, dans une région géographique que beaucoup appellent « La Syrie utile », expression remontant aux lendemains de la Première Guerre mondiale. L’objectif est d’assurer la survie du régime syrien et sa profondeur stratégique avec le Hezbollah au Liban et avec l’Iran, dans le cas où la Syrie finirait par être partagée d’une manière ou d’une autre, dans le cadre d’une solution à la crise.
Le président Assad a décrit cette politique dans un discours du 26 juillet 2015, déclarant : « La patrie n’appartient pas à ceux qui y vivent, ni à ceux qui détiennent un passeport ou en sont citoyens. Elle appartient à ceux qui la gardent et la protègent ». Selon Assad, la conjoncture sur le terrain exige de l’armée syrienne qu’elle se retire de diverses zones « afin de pouvoir protéger d’autres régions plus importantes » et l’armée du régime « ne peut combattre sur tous les fronts, sous peine de perdre le contrôle de certaines zones, [et par conséquent] nous abandonnons [certaines] régions au profit de zones importantes [restant] sous notre contrôle. » Ces déclarations ont été interprétées par les éléments d’opposition syriens comme une preuve que le projet « La Syrie utile » est effectivement en cours d’exécution [1].
Le régime d’Assad semble recourir à plusieurs méthodes pour mener à bien ce projet, telles que l’expulsion de la population non chiite qui n’est pas loyale à Assad, pour la remplacer par une population chiite ou alaouite qui lui est fidèle ; la conclusion d’accords relatifs à l’évacuation et au remplacement de résidents locaux ; le meurtre et l’intimidation de résidents ; la démolition de maisons et l’incendie de terres agricoles ; le siège de villes, en affamant les habitants ; l’offre aux résidents assiégés de nourriture s’ils vendent leurs terres au régime ; l’incendie des bureaux du cadastre pour détruire les archives et l’achat de terres et de maisons par des agents iraniens. En sus de ces méthodes, la « chi’itisation » de la zone, entamée depuis un certain temps, se poursuit. [2]
Certaines de ces mesures, notamment les accords d’évacuation et de remplacement de résidents locaux, sont prises sous les auspices de l’ONU. Des éléments de l’opposition syrienne et du régime anti-syrien au Liban ont fustigé l’ONU et le régime pour ces actes.
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* E. B. Picali est chargée de recherche à MEMRI.
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